Dans les yeux d'Olivier (France 2) : Romy, réalisatrice de films, met en lumière la voix de sa mère, victime du pire…

dans les yeux d'olivier (france 2) : romy, réalisatrice de films, met en lumière la voix de sa mère, victime du pire…

À 21 ans, Romy apprend brutalement que sa mère a été victime d’inceste par son père. Une révélation traumatisante dont elle a décidé de parler dans un documentaire qu’elle a réalisé, mais pas que. La jeune femme a accepté d’évoquer ce sujet douloureux ce soir sur France 2 face à Olivier Delacroix et a échangé quelques mots avec Télé 7 jours.

Qui êtes-vous Romy ?

Romy : Je suis réalisatrice, auteur-compositrice et productrice. J’ai commencé à 14 ans par un premier clip qui s’appelait Moi je te dis LOL, qui était un petit clip pour adolescents et dont la chanson était écrite par ma mère. Je l’avais interprétée, ça avait fait un buzz, c’était en 2009, sur Dailymotion à l’époque (rires). Et ensuite, on avait décidé d’en développer une comédie musicale et ça n’a finalement pas abouti. Avec ma mère, on est devenus associées, j’étais jeune, j’avais 14 ans et j’ai donc un rapport avec ma mère qui est à la fois maternel, et artistique.

En parallèle de tout ça, j’avais candidaté en scénario dans l’Ecole de la cité de Luc Besson. J’ai été prise et je suis donc sortie diplômée en scénario. Après, je suis partie quelques mois à Los Angeles pour des cours de production de cinéma. Et quand je suis revenue, j’ai essayé d’écrire une fiction sur la télé, mais je n’y arrivais pas. Et en fait, j’étais obsédée par les thématiques familiales. Et puis, je me suis dit qu’il fallait peut-être que je comprenne mieux qui était ma famille avant de me plonger dans une autre histoire. J’ai donc commencé d’enquêter sur le divorce de mes parents.

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Justement comment passe-t-on d’un questionnement sur le divorce de vos parents à découvrir que votre mère a été victime d’inceste de la part de son père ?

J’enquêtais évidemment sur la partie paternelle et j’avais donc une version qui était celle de mon père. Je retournais donc vers ma mère, puis mon père jusqu’à ce que je parle à ma grand-mère maternelle et que je lui pose les mêmes questions. Et au cours d’un thé, ma grand-mère m’a raconté de manière complètement détachée que ma mère a accusé son père de l’avoir abusée. Et là, je tombe des nues. À ce moment-là, évidemment, je veux arrêter le film parce que je ne m’attendais pas du tout à ça, je me dis : ‘Punaise, là, j’entre dans une zone qui est en fait l’intimité de ma mère’. Ma grand-mère avait le discours d’une autre génération, qui consiste à protéger le patriarche et l’image familiale et donc elle n’a jamais voulu entendre ma mère.

Quel était votre but en continuant à filmer quand même malgré le choc ?

Ce qui m’intéressait, c’est de pouvoir libérer la parole. Donc au fond, ce qui est assez hallucinant, c’est bien qu’elle le dise face caméra, parce que je préfère ça à l’hypocrisie. Aujourd’hui, c’est vrai que c’est compliqué parce que c’était une autre époque, une autre génération de femmes. C’est des femmes qui, en fait, je pense, n’étaient pas forcément solidaires entre elles ou en tout cas, beaucoup moins qu’aujourd’hui. Je suis quand même contente parce que ça l’a fait réfléchir et elle me l’a d’ailleurs avoué. Elle essaye de comprendre ma génération donc il y a un pas qui est fait.

Que pensez-vous de notre société qui évolue ?

Je pense que ce n’est pas facile mais aujourd’hui, je suis heureuse de voir toutes ces femmes qui parlent. Vahina Giocante, Judith Godrèche, Camille Kouchner… Je pense qu’une nouvelle féminité est en place, une féminité qui assume et qui ose révéler l’indicible, qui le prend et qui va le transformer. Ce ne sont pas ces femmes qui sont égratignées, ce n’est pas ma mère, mais ce sont ces hommes-là qui doivent se remettre en question. Je pense que pour les hommes, c’est plus compliqué. J’ai un frère, donc je le vois bien, qui n’a pas forcément sa place, c’est moins évident pour les hommes. Je rêve d’un monde d’harmonie entre les femmes et les hommes. Mais je pense qu’il faut que ça passe par cette forme de radicalité aujourd’hui qui nous permettra de retrouver un équilibre juste par la suite. Et moi, je vois toutes ces femmes qui témoignent et elles ne sont pas dans la haine. Ma mère n’est même pas dans la haine. Elle veut juste être entendue, elle veut être comprise et elle passe à autre chose. Il faut reconnaître la victime sans lui coller une étiquette. Ma mère est une femme et une artiste et elle ne doit pas être enfermée dans son statut de victime.

Quand vous découvrez ce secret lié à l’intimité de votre maman, c’est difficile à évoquer avec elle, non ?

Complètement. À ce moment-là, je voulais arrêter le film. Ça m’avait complètement retournée. Puis, avec ma co-réalisatrice, qui est une amie, on a décidé qu’on allait quand même aller au bout pour montrer les images de ma grand-mère. Je lui ai demandé si elle acceptait de voir ces images et elle m’a dit oui. Du coup, ça a aussi fait jaillir sa version. Ma mère a été très ouverte au dialogue, mais pas immédiatement. Au début, elle me disait que ce qui lui est arrivé, ce n’est pas la vie, que c’est morbide et que c’est proche de la mort alors qu’elle veut avancer vers la vie…  Et de l’autre côté, au fond, ce qui est assez beau, c’est qu’elle s’est finalement ouverte à moi en se disant que c’était peut-être le moment.

“Regarder nos blessures et nos schémas transgénérationnels est important”

Est-ce que vous pensez que votre grand-père aurait accepté d’en parler s’il avait encore été en vie ?

C’est une question très intéressante mais je ne sais pas ou plutôt, je ne pense pas. Au fond, il y avait peut-être une forme de terreur qu’il instaurait. Et peut-être que sa disparition a ouvert un champ du possible, dans le sens où soudainement, c’était possible d’en parler. Une chose est sûre : je sais que je devais faire ce film, qu’il soit là ou pas.

Comment avez-vous été approchée pour témoigner Dans les yeux d’Olivier ?

C’est une enquêtrice de l’émission qui m’a contactée suite à une vidéo de la RTBF qu’elle avait vue sur le film. Elle était hyper bienveillante mais sur le coup, je vous avoue que ce n’était pas évident non plus d’accepter parce que c’était une mise à nu. Puis, je me suis dit, bon, j’ai fait ce film, je nous ai tous mis un peu à nu (rires), donc autant aller au bout de la démarche. Et j’avoue que la personnalité d’Olivier aussi m’a convaincue. C’est quelqu’un d’assez extraordinaire. Il a une écoute très fine, très sensible. Il ressent tout et du coup, on se sent super accueilli parce qu’il est à la fois très chaleureux et très humain. J’ai eu un coup de cœur pour Olivier, vraiment, humain. C’est quelqu’un de vrai.

Votre maman apparaît également dans l’émission, ça a été dur de la convaincre ?

Eh bien… ce n’était pas évident, mais je pense qu’elle est dans un acte de générosité envers notre génération. Le film a été tellement accueilli de façon bienveillante partout, on a eu des festivals, des sorties, le cinéma, tout ça, qu’elle a senti cet amour du public, cet amour qu’elle n’attendait pas du tout… Et du coup, elle s’est dit, dans la continuité de cet élan : “Je vais témoigner”. Je pense que c’est aussi un acte d’amour envers moi dans le sens où elle souhaiter m’accompagner jusqu’au bout. Et c’est son histoire qu’elle accepte de livrer à travers mon regard et qu’elle offre à la société.

Y a-t-il un message particulier que vous souhaiteriez transmettre aujourd’hui ?

Je crois toujours à la transformation et je crois que regarder nos blessures et nos schémas transgénérationnels est important. Je pense que même si ce n’est pas nous, en l’occurrence ce n’est pas moi qui ai vécu cet inceste, c’est ma mère, ça reste une lignée de femmes avec des mécanismes qui peuvent se transmettre. Je trouve que les regarder en face, c’est hyper important pour s’en détacher, pour casser le fil de la du silence, de la douleur et avancer vers quelque chose de plus lumineux. J’aimerais faire passer un message d’espoir. Je trouve que ma mère est une personne incroyable. Je trouve qu’elle a fait de ses blessures une force. C’est une artiste qui crée des choses magnifiques, des chansons.

Avez-vous des projets à venir sur le même sujet douloureux ?

Je fais mon prochain film sur ma mère. Je me focus sur elle uniquement même si ça sera une fiction dont le personnage sera inspiré d’elle. Je vais traiter vraiment principalement ce sujet-là dans le prochain film, qui est en écriture là. Je suis en résidence d’écriture actuellement et ce un sujet me tient à cœur. J’aimerais en faire une comédie même si je sais que c’est un gros pari (rires). Il s’appellera “Ma chanteuse bien aimée” et évoquera donc la lignée de femmes mais aussi le jeunisme. On suivra une femme qui ne peut pas s’exprimer qui ose sortir son album dans l’industrie musicale afin d’en faire son terrain d’expression.

Dans les yeux d’Olivier, “Blessures du passé : le traumatisme en héritage”, ce mercredi 17 avril 2024 à 22h45 sur France 2.

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