CAN 2024. Quand l’ombre de la Chine plane sur la Coupe d’Afrique des Nations en Côte d’Ivoire

Le stade Alassane Ouattara a été construit par des sociétés publiques chinoises.

Lancée le 13 janvier dernier, la Coupe d’Afrique des Nations, organisée par la Côte d’Ivoire, prend ses quartiers dans des stades financés par la Chine, désireuse de renforcer sa position commerciale dominante sur le continent africain.

Entre la Côte d’Ivoire et la Guinée-Bissau, affiche du le match d’ouverture de la Coupe d’Afrique des Nations 2024, le spectacle s’est déroulé sous les yeux de 60 000 personnes dans le stade Alassane Ouattara, du nom de l’actuel président de la Côte d’Ivoire. Ce stade flambant neuf, sorti de terre en 2020 en vue la Coupe d’Afrique des nations, n’a rien à envier aux enceintes européennes, tout en gardant une touche africaine dans son architecture. Pourtant ni l’Europe, ni le continent n’ont rien à voir avec cet édifice.

Comme le souligne The Conversation , le stade olympique d’Ebimpé, autre nom de l’édifice, a été entièrement imaginé par l’ICAP (Institut de conception architecturale de Pékin) et construit par le BCEG (Beijing Construction Engineering Group).

Lors du début de la construction, le Premier ministre ivoirien, Daniel Kablan Duncan, était d’ailleurs entouré par une délégation de l’ambassade chinoise. Mais l’arène d’Abidjan n’est pas la seule à être sortie de terre grâce au chéquier de la Chine. Celle San Pedro a été financée par une entreprise appartenant à l’État, tandis que celle de Korhogo a été appuyée par une société dont les deux propriétaires sont dans les petits papiers du parti communiste chinois.

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Les stades comme arme diplomatique

Mais cet investissement dans les infrastructures sportives ivoiriennes n’a rien d’un geste désintéressé de la part de la Chine. Cette manœuvre vise à conforter sa domination commerciale en Afrique en renforçant ses liens avec les pays. Déjà derrière la construction de nombreux stade au Gabon, pays organisateur de la CAN en 2017, la Chine avait conclu des accords commerciaux avec le pays alors dirigé par Ali Bongo. Ce dernier a d’ailleurs rencontré XI Jinping, président chinois, pour conclure différents accords. Depuis, 15 % de l’ensemble des produits exportés par le Gabon sont à destination de la Chine.

Comme le Gabon, la Côte d’Ivoire a, en plus de prêts accordés à taux généreux par la Chine pour la construction des stades, conclu des accords commerciaux avec le pays asiatique. Si The Conversation mesure à 1.5 milliard d’euros les investissements chinois en Côte d’Ivoire entre 2018 et 2020, en retour, le pays hôte de la CAN exporte pour 700 millions de dollars de ressources naturelles. En plus de ces denrées, la Chine a également vendu et livré (via la société Norinco) des chars d’assaut au pays dirigé par Alassane Ouattara en ce début d’année 2024.

L’Afrique, pas le premier laboratoire de la Chine

Souvent désignée comme « l’usine du monde », la Chine se réapprovisionne en lithium ou manganèse, notamment utilisé pour construire des smartphones, en Afrique. Si cette situation s’apparente à un compromis, elle n’en est un qu’en surface, comme le souligne The Conversation. Cette emprise chinoise place les états africains sous perfusion, et ce « compromis » moyennant la construction d’infrastructures en échange d’accords commerciaux, relève de dynamiques asymétriques. L’Afrique n’est, en revanche, pas le seul terrain de jeu de la Chine. Le pays dirigé par XI Jinping a notamment financé le stade national du Costa Rica, surnommé la Grotte du Monstre. En retour, le pays d’Amérique centrale devait faire une croix sur plus 60 ans d’échanges avec Taiwan pour se tourner vers la Chine.

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Mais la Chine n’est pas la seule à lorgner vers le continent africain et ses ressources. Le Qatar a déjà jeté son dévolu sur le Rwanda, expliquant ainsi, en partie, l’apparition de la mention « Visit Rwanda » sur le maillot du PSG, propriété de QSI (Qatar Sports Investments).

Qatar Airways, entreprise publique, a également mis des billes dans l’aéroport de Kigali et dans Air Rwanda. Une manière de renforcer son influence en Afrique pour le pays de Golfe. Si la Coupe d’Asie des Nations se dispute en parallèle de la Coupe d’Afrique des Nations, la Chine, tout comme le Qatar, auront donc également un œil sur le continent africain.