Conférence de Mélenchon annulée à Lille : « un abus de pouvoir », « un grave problème démocratique »… LFI s’insurge

Le chef de file de la France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon lors d’une prise de parole à Lille (Nord) le 18 avril 2024. AFP/François Lo Presti

Il réagit à son tour. Au lendemain de l’interdiction par arrêté préfectoral d’une conférence prévue à Lille (Nord) autour des LFI Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan sur la question palestinienne, le chef de file du parti a dénoncé un « abus de pouvoir » de la part du préfet du Nord. « Le préfet a fait un abus de pouvoir et il doit être sanctionné », a-t-il déclaré en estimant que l’ « autorité de l’État » était « fort mal respectée dans le Nord ».

«Ã‚ Rien dans mes propos ni dans ceux de Rima Hassan ne justifient que nos conférences soient interdites », a-t-il lancé. « Nous ne tairons jamais », a appuyé Jean-Luc Mélenchon en estimant que le président de l’université de Lille s’était « comporté dans une logique de propagation du mal » car il « a peur ».

« Un grave problème démocratique »

Avant lui, la cheffe des députés LFI Mathilde Panot a estimé qu’il « y avait un grave problème démocratique en France ». « Nous avons une atteinte à la démocratie qui est extrêmement grave », a-t-elle appuyé au micro de BFMTV-RMC en se disant « très inquiète des dérives démocratiques dans notre pays ».

D’après la députée, la décision du préfet d’annuler cette conférence – qui devait initialement se tenir à l’université de Lille – est remontée « au moins » jusqu’au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, voire jusqu’à « l’Élysée ». « Les préfets dépendant d’une autorité. Ils ne prennent pas des décisions comme ça », a-t-elle déclaré. L’élue insoumise a également ajouté « réfléchir » à une « requête » judiciaire dans le fond de l’affaire, le référé déposé par LFI ayant, selon elle, été refusé car déposé trop tard.

La préfecture du Nord avait notamment justifié sa décision prise en début d’après-midi jeudi par « des appels à la mobilisation lancés par plusieurs organisations », qui auraient pu entraîner « des rassemblements, des attroupements et des heurts sur la voie publique, dans un climat de tensions géopolitiques accrues ». L’urgence attentat et la nécessaire sécurisation du match de football Lille – Aston Villa à 18h45 jeudi ont également motivés la décision du préfet.

Un « seuil vient d’être franchi » pour Manon Aubry

«Ã‚ Je ne sais pas si on mesure bien le seuil qui vient d’être franchi », a réagi un peu plus tôt ce vendredi matin, la tête de liste LFI aux élections européennes Manon Aubry sur le plateau de Télématin. « Ce qui devrait choquer tous les démocrates de ce pays c’est que l’opposition ne puisse pas tenir de meetings politiques qui plus est en campagne électorale », a-t-elle ajouté tout en en appelant à la « responsabilité du ministre de l’Intérieur » qui, selon elle, « ne pouvait pas ne pas être au courant » de la décision du préfet du Nord. « Est-il impossible, en France, qu’une opposition politique puisse organiser des meetings ? », s’est-elle interrogée.

Ce jeudi, à la suite de l’annonce de la décision de la préfecture du Nord, Jean-Luc Mélenchon avait dénoncé sur X (ex-Twitter) « un abus de pouvoir de république bananière ». Un rassemblement a finalement eu lieu en plein air sur une place de Lille dans lequel plusieurs prises de parole, dont la sienne se sont enchaînées. « Nous interdire, c’est un franchissement de seuil incroyable de violence politique », a-t-il notamment lancé aux côtés de Rima Hassan.

Dans un premier temps, la conférence organisée par une association étudiante devait se tenir à l’université de Lille. Elle avait finalement été interdite, l’université craignant que la montée des tensions internationales ne permette pas de garantir « la sérénité des débats », après la récente attaque de l’Iran contre Israël.

De son côté, le président de la République Emmanuel Macron s’était dit jeudi « favorable à ce que les gens puissent s’exprimer librement quand bien même [il combat] leurs idées ». Il réagissait tant à l’interdiction de la conférence à Lille qu’à celle d’une réunion controversée à Bruxelles de représentants de la droite nationaliste, dont Éric Zemmour.