Le loup, le grand méchant à abattre… Mais pourquoi tant de haine ?

Le Plan Loup (2024-2029) publié par le gouvernement prévoit notamment la simplification du protocole de tirs contre l’animal

le loup, le grand méchant à abattre… mais pourquoi tant de haine ?

Un loup dans le parc du sentier des daims à Frossay, en Loire-Atlantique (image d’illustration).

promenons-nous dans les bois – Le Plan Loup (2024-2029) publié par le gouvernement prévoit notamment la simplification du protocole de tirs contre l’animal

Réel danger ou fantasme collectif ? Le loup, espèce protégée en France et en Europe, fait l’objet d’un nouveau plan publié vendredi et présenté mardi « dans sa version définitive » par le gouvernement. Les grandes lignes fixées pour cinq ans avaient été dévoilées en septembre dernier.

L’occasion de faire le point sur les problématiques engendrées par le prédateur, dont la population croît en France après avoir disparu pendant plus de soixante ans. Est-il vraiment le grand méchant que l’on prétend ?

Le grand méchant loup, mythe ou réalité ?

C’est un fait, le loup est revenu dans l’Hexagone et ne partira pas. D’ailleurs, personne ne réclame l’éradication du canidé sauvage. Mais son statut pourrait évoluer vers une protection moins stricte. Ce nouveau plan loup – et l’Union européenne – envisagent en effet de passer à un statut de simple protection. Plus souple, il permet d’éliminer plus facilement les loups en simplifiant notamment le protocole encadrant les tirs de louvetiers.

Une mesure qui répond à un présupposé de départ : l’augmentation de la population du loup engendre un danger pour les éleveurs. Pourtant, les chiffres disent autre chose. Si le nombre de loups est passé de 430 en 2018 à 1.096 en sortie d’hiver 2021-2022, selon les chiffres du gouvernement, le nombre d’attaque sur les élevages s’est stabilisé depuis quelques années (entre 10.000 et 12.000 victimes indemnisées depuis 2017, selon les données de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement).

Alors, quelle menace représente réellement le loup en France ? Pour l’être humain, « il n’y en a pas », tranche Jean-Christophe Poupet, directeur du programme Alpes du WWF France. « Les attaques se comptent sur les doigts d’une main et ne concernent que des bêtes qui avaient la rage », argumente-t-il. La plus récente date de février 2023, et cette confrontation entre homme et loup était inédite depuis 1990. Elle n’a d’ailleurs pas fait de blessé. Par ailleurs, les chiens peuvent aussi être victimes des attaques. Entre 50 et 100 chiens de protection sont tués chaque année en France par des loups, selon Laurent Garde, directeur adjoint du Centre d’études et de réalisations pastorales Alpes-Méditerranée (Cerpam), interrogé par La Provence.

Une mauvaise réputation qui lui colle aux crocs

Le loup serait-il donc victime de sa mauvaise réputation, véhiculée par les contes de Perrault ou des frères Grimm ? « Cette image négative, majoritaire pendant 1.500 ans, est liée à une présence réelle du loup et à des attaques sur l’homme. les contes s’appuyaient sur une réalité », rappelle Jean-Marc Moriceau, professeur émérite d’histoire à l’université de Caen, spécialiste des rapports entre les hommes et le loup en Europe et auteur de La mémoire des gens de la terre (Tallandier). Mais aujourd’hui, la situation a changé, « les enfants ne travaillent plus dans les troupeaux », souligne-t-il. Et le loup est davantage un animal « curieux certes, mais farouche », ajoute Jean-Christophe Poupet.

La peur est d’ailleurs relative, à en croire une étude réalisée par Savanta en novembre 2023 et commandée par plusieurs organisations de défense animale, dont la Fondation Brigitte Bardot. Elle montre que « la France est l’État membre où les personnes interrogées se sentent le plus en sécurité face à la présence des grands carnivores » (loups, ours ou lynx).

Des dommages incontestables

On ne peut toutefois pas dire que le loup ne fait de tort à personne, car il est, on l’a dit, une menace certaine pour les éleveurs d’ovins, de bovins et d’équidés. Si le nombre d’atteintes tend à se stabiliser, les conséquences pour un éleveur dont le troupeau est attaqué sont multiples, et d’abord psychologiques. « Nos animaux ne sont pas des machines à laver, ce sont des compagnons avec lesquels on vit tous les jours et on développe des liens très proches », témoigne Annabelle Lenoir, représentante de la Confédération paysanne et bergère de chèvres dans le Rove. D’où la nécessité de former l’éleveur afin qu’il soit mieux préparé à cette éventualité. « Il ne faut pas négliger la détresse que la perde d’animaux engendre », abonde-t-elle.

Il y a évidemment, aussi, des conséquences économiques. Et même si les bergers sont « plutôt bien indemnisés par l’Etat », certains aspects ne sont pas pris en compte comme la perte d’une « valeur génétique » qui va être compliquée, si ce n’est impossible à retrouver, souligne encore l’éleveuse. Le nouveau plan loup prévoit d’ailleurs des revalorisations des « barèmes d’indemnisation des dommages causés aux élevages par les prédations par le loup, l’ours et le lynx (pertes directes) à hauteur de +33 % pour les ovins et de +25 % pour les caprins ».

Une seule solution, la cohabitation

En avril 2023, la FNSEA, syndicat majoritaire des agriculteurs, prônait dans un communiqué l’objectif « zéro attaque sur les troupeaux ». Un projet jugé « très démago » par Annabelle Lenoir, car « le risque zéro n’existe pas ». Elle milite davantage pour la formation des éleveurs, l’anticipation du retour du loup dans certains territoires, le déploiement de chiens de protection sur la France entière avant que le loup n’arrive. Et surtout comprendre. Comprendre pourquoi les loups attaquent, pourquoi plus ici qu’ailleurs ? Ces questions n’ont pas encore de réponse car « il n’y a eu aucune évaluation du dernier plan loup », souffle Jean-Christophe Poupet.

Les associations de défense des animaux, comme la Confédération paysanne, estiment que l’assouplissement des règles de tirs n’est pas la réponse la plus efficace, au contraire. « Il peut y avoir un effet contre-productif à tirer », souligne Annabelle Lenoir, selon qui « on ne peut pas répondre au problème par des solutions aussi simplistes ». « Il faut des recherches, des études sur l’effet des tirs », insiste-t-elle. Elle plaide pour s’interroger collectivement sur comment faire face et comment protéger, à long terme, les élevages et les éleveurs. Car « les loups sont là, et ils seront là ».

MondePays-Bas : Pour repousser les loups, les tirs de paintball bel et bien autorisésPlanèteCôtes-d’Armor : Le loup soupçonné d’attaques sur plusieurs animaux domestiques

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