"C’est moins cher": est-ce grave de faire manquer l’école à ses enfants pour partir en vacances?

Les départs en vacances sont anticipés par certains parents, qui font manquer un ou plusieurs jours d’école à leurs enfants. Sur le plateau d’”Estelle Midi”, le sujet divise.

De nombreux parents ont déjà été tentés. Certains ont résisté, d’autres ont cédé. Partir en voyage un ou plusieurs jours avant le début officiel des vacances scolaires, cela permet surtout de faire des économies sur les billets de train ou d’avion. “Je l’ai fait, parce que je considère que lorsqu’ils sont avec moi, je les emmène au musée, je les cultive… Et le dernier jour avant les vacances, c’est toujours ‘on regarde un film’ et ‘on prend un goûter’. Je préfère qu’ils soient avec moi. Et en plus, ça coûte dix fois moins cher de partir le jeudi soir que le vendredi soir (rire). Ça fait faire d’énormes économies. Et on n’est pas avec la meute, ce qui est également appréciable”, avoue Estelle Denis ce jeudi sur RMC, dans son émission “Estelle Midi”.

“Je l’ai fait une fois, quand ma fille avait 7 ans, explique aussi Thierry Moreau. C’était une époque où je travaillais beaucoup et je ne voyais pas mes enfants. Je leur avais promis que je passerais une semaine avec eux. Je suis parti avec ma fille. J’ai demandé à la maîtresse avant qui m’a dit: ‘Je ne peux pas vous autoriser mais si vous le faites, faites-le. Pendant le voyage, on a tenu un journal avec ma fille, qu’elle a ensuite lu devant la classe pour raconter tout ce qu’elle avait fait. C’était à New York, une occasion que je ne pouvais pas rater. Elle a lu ce petit livre à la classe et à la fin, la maîtresse m’a dit: ‘Ça passe’. Je ne l’ai jamais refait et je ne trouve pas ça bien. C’était une semaine, avant la loi de 2019.”

En revanche, pour Fred Hermel, “c’est un manque de respect pour l’Education nationale et les profs”. “Je n’aime pas ça. C’est l’école gratuite, obligatoire. Les parents sont les premiers à râler quand le prof n’est pas là. Donc je suis désolé, ce n’est pas justifiable. Et d’un point de vue éducatif, c’est un mauvais message qui est envoyé aux enfants”, estime-t-il. Un avis partagé par Elise Goldfarb. “Quand on part en vacances sur les horaires de l’école, on rompt le pacte social qui fait qu’on est tous à égalité dans ce pays”, souligne-t-elle avant d’ouvrir le débat des tarifs des transports. “Pourquoi les gens partent en vacances sur le temps scolaire? C’est parce que c’est moins cher. Il faut aussi se poser la question du prix des trains aujourd’hui notamment, c’est quand même un délire”, pointe-t-elle.

Estelle Denis et Elise Goldfarb

Les fausses excuses des parents

Professeur des écoles, Coralie est souvent confrontée à ces départs en vacances anticipés. “On en a quelques-uns et souvent, ce n’est pas juste une journée, raconte cette auditrice RMC. Ils peuvent partir une semaine, deux semaines… Ils prennent leurs vacances. On a quand même des programmes à respecter, on fait des choses. Un enfant de CP qui loupe 15 jours, il rate entre trois et quatre leçons pour apprendre à lire. Du coup, il ne sait pas lire à la fin de l’année. C’est le problème des parents. Ce n’est pas normal que des enfants loupent l’école alors que nous, on travaille aussi pour eux.”

“On peut faire des réflexions mais de toute façon, les parents ont de très bonnes excuses, ajoute Coralie. Ce sont des raisons personnelles, de gros soucis… Et puis quand l’enfant revient au bout de 15 jours, il dit: ‘C’était trop bien, on était à la mer’. Ou il y a ceux qui partent une semaine en plein hiver et qui reviennent avec la trace des lunettes de ski. On a aussi des parents qui partent du 15 juin au 15 septembre. On doit rattraper, bien sûr. Mais il y a des enfants pour lesquels ce n’est pas rattrapable.”

En France, l’instruction est obligatoire de 3 ans à 16 ans, sauf autorisation d’absence acceptée par l’école. Et partir en vacances n’est pas un motif légitime d’absence selon l’Education nationale. En cas d’absentéisme scolaire, les parents risquent 750 euros d’amende et, si récidive, deux ans de prison et 30.000 euros d’amende maximum.