Au début du siècle, dans une petite ville du Sud du Texas proche de la frontière mexicaine, une bande de pillards s’apprête à attaquer les bureaux de la Compagnie des Chemins de Fer. Mais des chasseurs de prime veillent… L’affrontement dégénère et seuls cinq survivants parviennent à atteindre le Mexique, alors dévasté par une guerre civile. Le règlement de comptes final n’en sera que plus brutal…
“Le drame profond de Sam Peckinpah, c’est qu’il est né trop tard. Descendant de pionniers fameux, Peckinpah est né au moment où ses ancêtres entraient dans la légende californienne : faute de pouvoir vivre leur épopée, il dut se contenter d’en recueillir les échos.
Et c’est trop tard encore, dix ans trop tard, qu’il vint au cinéma, entamant une carrière tumultueuse, émaillée de batailles perdues car vouées à un perpétuel porte-à-faux” écrivait l’historien du cinéma Michael Henry Wilson dans le superbe livre “A la porte du Paradis : 100 ans de cinéma américain”, publié chez Armand Colin en 2014.
Cette réflexion s’applique naturellement à son chef-d’oeuvre qu’est La Horde sauvage, western crépusculaire considéré à juste titre comme la réponse définitive d’Hollywood à la vague de westerns spaghetti.
“J’ai fait un film sur la mauvaise conscience de l’Amérique”
C’est un Ouest agonisant gangrené par la modernité (on est en 1911, on est témoin des premières automobiles…) que dépeint le cinéaste, au sein duquel le chef de cette bande, Pike Bishop (admirable William Holden) semble vouloir prendre congé d’un monde qu’il ne comprend plus. Tout comme Peckinpah.
Le cinéaste a donné à son film une violence extrême et rarissime pour l’époque. “Je veux que le spectateur ressente de la manière la plus forte, la plus terrible possible, la violence cataclysmique, irresponsable qui peut s’emparer de l’homme”, déclarait le cinéaste. “J’ai fait ce film parce que j’étais très en colère contre toute une mythologie hollywoodienne, contre une certaine manière de présenter les hors-la-loi, les criminels, contre un romantisme de la violence (…). C’est un film sur la mauvaise conscience de l’Amérique”.
Pari réussi au-delà de ses espérances : les spectateurs de l’époque furent révulsés devant ce déferlement de violence, qui finit même par se faire apocalyptique dans une séquence finale d’anthologie, sublimée par la science du montage de Peckinpah.
55 ans après sa sortie, La Horde sauvage reste un film somme absolument indépassable.
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