«Le gouvernement veut-il la mort de la médecine de ville ?»

FIGAROVOX/TRIBUNE – Les collectifs Médecins pour demain, Santé en danger et Infirmiers libéraux en colère s’inquiètent de la nomination de Frédéric Valletoux comme ministre délégué à la Santé, en raison de ses prises de position qu’ils jugent hostiles à la médecine libérale.

«le gouvernement veut-il la mort de la médecine de ville ?»

«Le premier ministre a choisi de privilégier un défenseur de l’hôpital public, positionnement que l’on ne peut blâmer si ce n’est qu’il se fait au détriment assumé de la médecine libérale.»

Les collectifs «Médecins pour demain», «Santé en danger» et «IDEL en colère»

Il suffit ! Après avoir détruit l’hôpital, jambe droite mourante du système de santé, l’état s’acharne à vouloir détruire la jambe gauche : la médecine de ville.

Inexorablement, notre système de soins, jadis vanté comme le meilleur au monde (n’en déplaise à la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités), part à vau-l’eau, sans que le pouvoir en place depuis 7 ans ne s’en inquiète avec sincérité et n’en fasse une priorité. Ainsi, au travers de son interview au journal Le Parisien ce 10 février, la santé ne semble pas figurer parmi les urgences du premier ministre Gabriel Attal.

D’ailleurs, ses actes et ses déclarations dénotent une fois encore un pouvoir méprisant tenté par la menace, l’intimidation et la force. Ainsi, la nomination de Frédéric Valletoux comme ministre délégué à la Santé, n’est pas innocente. En effet, le premier ministre a choisi de privilégier un défenseur de l’hôpital public, positionnement que l’on ne peut blâmer si ce n’est qu’il se fait au détriment assumé de la médecine libérale. Elle est ainsi accablée de manière récurrente de tous les maux par le nouveau ministre qui, dès 2016 (14/10/2016, interview dans Les Échos), donnait le ton : «L’hôpital subit les déficits de la médecine de ville (…) : il faut être plus ferme avec les généralistes, sur les questions d’installation par exemple».

» LIRE AUSSI – Crise de l’hôpital: «Il est temps de réinvestir la médecine de ville !»

Depuis lors, se déroule au fil des ans une rhétorique immuable de suspicion et de mise en accusation de la médecine générale libérale. En février 2022, il blâme encore celle-ci : elle «porte de moins en moins le fardeau de l’intérêt général ; progressivement, on a levé les contraintes pour

les libéraux (en supprimant les gardes) alors que ce sont des médecins financés par l’argent public».

L’an passé, l’article 4 de sa PPL (proposition de loi) «vise à rendre effective la participation obligatoire à la permanence des soins pour tous». À l’heure où un tiers de la profession a plus de 60 ans, l’irresponsabilité d’imposer des gardes sans repos compensateur ne semble pas l’effleurer.

Qu’importe ! Faisant fi des conséquences d’exigences supplémentaires demandées à des professionnels travaillant notoirement 55 heures par semaine en moyenne, dans une erreur d’analyse témoignant d’une méconnaissance de la médecine libérale, M. Valletoux estime que

«l’attractivité de la profession ne passe pas par moins de contraintes et moins d’exigences».

Probablement par souci de cohérence, le premier ministre reprend ce jour à son compte la lubie obsessionnelle de son ministre : la généralisation du SAS (Service d’accès aux soins) à toute la France et le retour de l’obligation de garde. Le programme de Gabriel Attal en matière de santé, outre que cela peut attendre l’été, semble donc se résumer à ces deux seules idées pour «arrêter l’hémorragie et reconquérir du temps médical». Aussi inquiétant que cela nous paraisse, cela confirme que la Santé de ses concitoyens n’est absolument pas une priorité du pouvoir exécutif d’une part, et témoigne, d’autre part, d’une méconnaissance à tout le moins désinvolte : ainsi, le

SAS loué par ses contempteurs n’a jamais fait l’objet du moindre audit, de la moindre évaluation, qui montrerait probablement, comme le rapportent les médecins généralistes (MG) de terrain, l’inefficience patente à grande échelle de ce système, ainsi que la gabegie financière afférente ; la menace du retour de l’obligation des gardes montre que le premier Ministre ignore vraisemblablement que 95% du territoire est actuellement couvert par la permanence des soins.

Et, nonobstant un hôpital public moribond, exsangue, au-delà de la médecine générale, c’est tout le soin de ville dans sa globalité qui est déconsidéré : les infirmiers (IDE), premiers et souvent ultimes recours pour les patients, relais et soutiens quotidiens de MG eux aussi débordés,

seuls maillons du soin dans nombre de déserts médicaux, sont totalement invisibilisés, ignorés des pouvoirs publics, sourds à leurs exigences plus que légitimes de revalorisation tarifaire ; pire, le transfert de compétences (locution purement sémantique, palliative de la carence de soignants Ã

tous niveaux) promis ça et là aux IDE, se fait actuellement à leur détriment, menaçant financièrement de nombreux professionnels pourtant essentiels.

Il est d’ailleurs fort à parier, que l’arrivée de M. Valletoux au gouvernement, va remettre au-devant de la scène ce transfert de compétences, poudre aux yeux des citoyens leur faisant miroiter un meilleur accès aux soins. Peu importe la réattribution des rôles, les soignants manquent ! La qualité du système de santé se révèle par la qualité de formation de ses soignants, et non pas par la distribution à qui veut de tâches non dépourvues de responsabilités.

Nous n’oublions pas, comme mentionné en préambule, nos consœurs, confrères et autres collègues soignants d’un hôpital public en soins palliatifs ; ils n’ignorent pas nos difficultés et notre souffrance, et ils savent qu’elles sont aussi les leurs. Ainsi, sans nul doute observent-ils avec grande

attention le sort réservé à leurs compagnons d’infortune de la ville ? Comme nous, ils attendent l’instauration de thérapies de sauvegarde, de choc, pour sauver l’édifice ville-hôpital, pierre angulaire de notre système de santé.

Alors, quel est le sens de ces choix politiques ? Quel est l’objectif de nos dirigeants ? Les médecins généralistes et les IDE libéraux, exténués, laminés mentalement par le mépris institutionnel, confinant de plus en plus fréquemment au harcèlement moral, ont-ils pour vocation de disparaître du paysage ? Est-il prévu qu’ils disparaissent au profit de salariés exploités par de grands groupes financiers ? Vont-ils être supplantés par des téléconsultations pilotées par des intelligences artificielles, présupposées comme plus performantes et plus économiques par les grands argentiers de notre système de soins ? Nos dirigeants sont-ils en train de mettre en œuvre un système à deux vitesses, sans avoir le courage de l’assumer ?

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