De premiers ajustements vont être opérés par l’Éducation nationale sur le diplôme national du brevet, dès cette année. Celui-ci deviendra ensuite indispensable pour les collégiens qui veulent passer au niveau supérieur.
Les « correctifs académiques » pour le brevet des collèges, c’est terminé. Le Premier ministre Gabriel Attal veut mettre fin à ce dispositif opéré par les recteurs, et qui permet, selon lui, de gonfler les notes des élèves. En quoi cela consiste-t-il précisément ? Explications.
Le brevet des collèges va muer. Sans attendre la révolution annoncée pour 2025, lorsque le diplôme deviendra un sésame indispensable pour accéder au lycée, l’examen va devenir plus sélectif dès cette année 2024.
En annonçant les mesures de sa politique du « choc des savoirs », lorsqu’il était encore au ministère de l’Éducation, Gabriel Attal avait affiché son intention de mettre fin aux « correctifs académiques ». Selon lui, ce procédé « réévalue artificiellement la valeur » des notes des collégiens.
Le chef du gouvernement l’a d’ailleurs répété le 14 mars, lors d’une visite d’un établissement de Chartes en compagnie de sa successeure, Nicole Belloubet. « Le taux de réussite cette année va baisser de manière importante », a-t-il prévenu le 15 mars.
Pourtant, à écouter Laurent Gomez du syndicat Sgen-CFDT, peu d’enseignants connaissaient le procédé des correctifs : « Est-ce une pratique marginale, massive ? Aucune idée. »
Lire aussi. CARTES. Bac, brevet : quels lycées et collèges ont le mieux préparé les élèves en 2023 ?
Une note de 9,7/20 devient 10/20
Mais de quoi s’agit-il, exactement ? Le ministère de l’Éducation décrit « un rehaussement uniforme des moyennes de tous les candidats d’une académie », opéré par la direction académique après les corrections des enseignants, et « mis en place afin de permettre à des élèves dont la moyenne était limite d’obtenir le diplôme national du brevet ». Par exemple, d’arrondir un 9,7/20 à 10/20.
Le ministère de la rue de Grenelle évoque une « pratique installée dans presque toutes les académies ». Mais selon un article du Figaro , qui « s’est procuré les résultats par académies, avant et après ces corrections », certaines ont été plus généreuses que d’autres. L’an dernier, d’après nos confrères, celle de Créteil (la moitié est de l’Ile-de-France) affichait un taux de réussite de 82 %, avant le fameux correctif, avant d’annoncer 88 % d’élèves reçus à l’examen au moment de dévoiler les résultats officiels. Contactée, l’académie de Créteil n’a pas répondu à nos sollicitations.
«Â Ça revient à mentir aux élèves sur leur niveau réel, commente Sébastien Vieille, du syndicat d’enseignants Snalc. Donc cela nous va très bien qu’on arrête ce genre de pratique. »
Ne pas confondre avec les commissions d’harmonisation
Du côté des inspecteurs, Eric Nicollet, secrétaire général du Sui-FSU, s’attend lui aussi à « voir les résultats baisser » le 11 juillet, par rapport à la session de l’an passé. « Mais ce n’est qu’une pratique marginale, et certainement pas de la magouille », ajoute celui qui rappelle qu’il ne faut pas « confondre ces correctifs avec les procédures d’harmonisation ».
Comme pour le bac, après chaque épreuve du brevet, inspecteurs et professeurs se réunissent pour « corriger ce qu’on appelle des premières copies témoins », afin d’affiner le barème pour qu’il soit « plus équitable », explique Eric Nicollet. Objectif : « Effacer au maximum les écarts de notation entre jurys. D’un correcteur à l’autre, il peut y en avoir, c’est naturel. Ils peuvent aussi s’apercevoir que des candidats ont mal compris l’énoncé d’une épreuve, et en tenir compte dans leur évaluation. »
Une fois ces piles de copies corrigées, des commissions d’harmonisation se chargent même de vérifier que les moyennes ne varient pas d’une académie à l’autre. « Le ministère nous dit que les harmonisations peuvent aussi se faire vers le bas, note Sébastien Vieille, professeur et membre du Snalc. Il faut reconnaître qu’on en voit rarement dans ce sens. »
Des changements en 2025
Pour l’édition 2025 du diplôme national du brevet, le poids des épreuves terminales de juin sera aussi renforcé. Elles compteront pour 60 % dans la note globale, contre 50 % actuellement. Le contrôle continu, lui, passera à 40 %. Ceux qui échoueront à le décrocher auront le choix : redoubler la 3e, ou intégrer une classe prépa lycée. Un nouveau dispositif qui sera testé dès septembre prochain dans quelques établissements.
«Â Vouloir faire du brevet un totem, alors qu’il n’offre aucun débouché (dans la vie active, N.D.L.R.) nous paraît totalement inutile », commente Laurent Gomez, du Sgen-CFDT. Celui qui enseigne comme professeur d’histoire-géographie en collège estime que Gabriel Attal « utilise la question éducative à des fins électorales en vue des Européennes. En défendant le test de l’uniforme, en insistant sur la discipline, en prétendant durcir le brevet, il instrumentalise l’école pour chasser sur le terrain du Rassemblement national. »
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