César 2024 : le cinéma d’après dans la télé d’avant
«В Pourquoi accepter que cet art que nous aimons tant, cet art qui nous lie soit utilisГ© comme une couverture pour un trafic illicite de jeunes fillesВ ?В В» BamВ ! Accueillie par une standing-ovation, comme le messie d’une cause dont elle Г©tait, hier soir, l’ambassadrice quasi-exclusive – aucune trace de la manifestation extГ©rieure initiГ©e par la CGT du spectacle contre les violences faites aux femmes n’ayant filtrГ© Г l’écran – Judith GodrГЁche a marquГ© d’une pierre (plus si) blanche l’histoire des CГ©sar et de cette illusoire grande famille du 7e Art. Un phare dans une soirГ©e d’un ennui profond.
César 2024 : le texte du discours de Judith Godrèche contre les violences sexuelles dans le cinéma
Car alors que le cinéma français fait sa mue, le spectacle télévisé des César s’enlise. Le « Festen » annoncé autour des affaires MeToo n’aura donc pas eu lieu. Visiblement, la concorde règne sur la question des abus sexuels et de pouvoir dans le métier. A moins que ce ne soit l’effet d’un spectacle bien bordé par le formatage bolloréen, retransmis en léger différé pour prévenir tout débordement à l’antenne et où la parole était cadrée, chaque intervenant mis au garde-à-vous, dès leur temps de discours dépassé, par une insupportable musique coupe-sifflet. Procédé d’une hypocrite impolitesse que le toujours inspiré Raphaël Quenard a retourné à son avantage en prosodiant dessus avec son indescriptible poésie de chien de la casse grenoblois et son génie de la punchline : « La culture, comme tout le reste, n’est rien sans l’agriculture. » Ce fut le seul mot adressé aux grévistes paysans dans une soirée pourtant fournie en tentatives de percées politiques.
Palmarès équilibré
Que retenir du palmarès ? Son bel équilibre, presque paritaire pour une fois, avec le triomphe prévisible d’« Anatomie d’une chute » dans les catégories phares, celui tout aussi mérité du « Règne animal » pour les César techniques, et de belles surprises : la Québécoise Monia Chokri, lauréate du meilleur film étranger pour « Simple comme Sylvain », désolée pour le cinéaste d’« Oppenheimer » et césarisé d’honneur : « Excuse me, Mr. Nolan. En plus, ça va être lourd dans ma valise, je vais devoir payer des frais… » ; la Franco-Suisse Ella Rumpf, meilleure révélation pour « le Théorème de Marguerite », fauchée dans son émotion par cette foutue censure musicale ; le Franco-Belge et juif Arieh Worthalther, meilleur acteur pour « le Procès Goldman », et son appel électrique, habité (sans note ni prompteur), pour un cessez-le-feu à Gaza, clos par un cri en hébreu.
César 2024 : six récompenses pour « Anatomie d’une chute », cinq pour « Le Règne animal »… retrouvez le palmarès complet
Un appel qui résonnait avec celui de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania (César du meilleur documentaire pour « les Fille d’Olfa ») : « Dire aujourd’hui “arrêtez de tuer des enfants” devient une revendication radicale et c’est complètement hallucinant ! » Et avec l’entente arabo-juive joliment incarnée, aussi, par la remise du César d’honneur à Agnès Jaoui par un Jamel Debbouze des plus beaux jours, d’une grâce et d’une drôlerie que l’on pensait lointaines – il en fallait pour tirer à Jaoui ces rires embués en imitant le regretté Jean-Pierre Bacri.
Nouveau sans-faute pour la famille « Anatomie d’une chute »
Côté animation, sauvons le monologue de Paul Mirabel, suffisamment honnête et inspiré pour rappeler que « [sa] seule contribution au cinéma était d’avoir pris une carte UGC », et une présidente Valérie Lemercier égale à elle-même, qu’elle évoque « un très vieux monde où les corps des uns étaient implicitement à la disposition du corps des autres » après avoir chanté a cappella « Si j’étais président » de Gérard Lenorman, ou qu’elle conclue d’un « Continuez à faire des films et des bébés. Il faut réarmer la France. A ce propos, ne vous étonnez pas de ne pas me voir l’année prochaine ». Compris, Manu !
Justine Triet, le cinéma d’après
On s’abstiendra de parler du reste de la cérémonie pour retenir le nouveau sans-faute de la famille « Anatomie d’une chute » et de Justine Triet, dont la spontanéité et les interventions, à rebours de ses propos cannois engagés, n’en étaient pas moins classe : bel hommage à l’actrice-réalisatrice Sophie Fillières (morte en août dernier) et aux femmes dans toute leur complexité. On ne pouvait mieux qu’elle incarner le cinéma d’après… mais dans la télé d’avant.
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