Le tribunal de Saverne a validé mardi 16 avril le projet porté par Raymond Schweitzer via Rent’co, et non celui de ses deux concurrents dans ce dossier.
Née en 1982 et florissante pendant des décennies, Stacco aurait pu disparaître en 2024 sous une pile de dettes évaluée à 3 millions d’euros. Mais le tribunal de Saverne (Bas-Rhin) en a décidé autrement.
La justice a validé, mardi 16 avril, le projet de reprise de ce géant de l’événementiel alsacien par Rent’co, moyennant environ 245.000 euros. Une entreprise dédiée depuis dix ans aux installations scéniques et pilotée par Raymond Schweitzer, qui n’est autre que… l’actuel PDG de Stacco.
L’entreprise Stacco.
En principe, le droit commercial interdit les cessions à soi-même, aussi bien de manière directe qu’indirecte. Mais le parquet peut demander au juge d’y déroger lorsque l’intérêt général est en jeu, à condition que l’offre en jeu en vaille la peine.
Le tribunal de Saverne a ainsi estimé que le dossier défendu par Rent’co était plus solide que ses deux concurrents. Et surtout le plus protecteur sur le plan social: 19 emplois sur 23 vont être sauvegardés.
Un soulagement pour Raymond Schweitzer
Cette décision était “la plus difficile juridiquement mais la mieux sur le bon sens”, assure Raymond Schweitzer, invité de BFM Alsace ce mercredi 17 avril.
“C’est quand même un sujet à beaucoup de problèmes, beaucoup de solutions qu’il fallait trouver, puisque c’est quand même une société particulière”, déroule le chef d’entreprise.
Ce dernier se dit aujourd’hui “soulagé, vraiment, d’avoir été très, très bien entouré et vraiment écouté”. “Je vais remercier le tribunal, qui a été à l’écoute, fantastique. Fantastique, bien sûr, en me remettant dans le droit chemin. Parce que, vous savez, je suis un excité. Je ne lâche jamais rien”, assure-t-il.
Plusieurs fois, Raymond Schweitzer a effectivement dû être rappelé à l’ordre pendant le procès. Il le reconnaît: “Je me suis défendu comme je vis, sur la passion”.
De la “fierté” à la quasi chute
Aujourd’hui, il convient avoir certainement commis des erreurs de gestion, qui ont amené Stacco au bord du précipice. Longtemps, l’entreprise était “une fierté”, prisée des “politiques, de la région”. En 2020, le Covid fait vasciller l’édifice. “On a perdu 90% de chiffre d’affaires”, se souvient-il.
Pour autant, Stacco refuse de licencier et survit grâce aux aides de l’État. Puis un “deuxième fléau” frappe: “Le personnel pas formé, les intermitents qui nous ont pris un peu en otage”. L’entreprise alsacienne, qui avait décroché un contrat à un million d’euros pour les JO, ne parvient pas à assurer ses commandes.
Et enfin survient la problématique “des banques”, sur laquelle Raymond Schweitzer ne s’étend pas. L’étape suivante est le placement en redressement judiciaire.
Des leçons à tirer
Cette période, “bien sûr que je vais en tirer des leçons”, promet Raymond Schweitzer. Le chef d’entreprise, entouré d’une “nouvelle équipe”, entend “reprendre à zéro”.
“On va changer la manière de gérer pour être plus sur l’industrie que dans le rock’n’roll”, résume-t-il, reconnaissant une forme de laisser-aller à une certaine période. Ce renouveau impliquera une prise de hauteur du PDG, dont le projet est d’ouvrir le capital à ses cadres.
Habituée aux Eurockéennes ou aux Vieilles Charrues, l’entreprise a déjà “une quinzaine” de contrats signés avec des festivals. S’y ajoutent le tournoi de tennis de Strasbourg ou des spectacles musicaux: Patrick Bruel, Matt Pokora, Starmania, etc.
C’est notamment en promettant d’attribuer “des postes bien précis” à ses 19 salariés dans l’organisation de ces événements que Raymond Schweitzer a su retenir l’attention du tribunal de Saverne.
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