En deux ans de guerre, l’armée ukrainienne s’est-elle « occidentalisée » ?
Il y a deux ans, l’Occident redécouvrait la guerre à haute intensité à ses portes. Très vite après l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février 2022, l’ensemble des pays occidentaux ont apporté leur aide à Kiev. Un soutien qui s’est concrétisé par la fourniture de matériel. Au moins 246 milliards d’euros ont déjà été engagés sur le plan militaire, humanitaire et financier par les pays alliés, d’après l’institut de Kiel pour l’économie mondiale. Et ce, en plus de la formation de milliers de soldats ukrainiens. En 2023, l’Union européenne en a formé 40 000, dont 7 000 par la France.
Au point de transformer l’Ukraine, ex-république de l’URSS, en une armée totalement occidentalisée ? Pas si sûr, selon le général Dominique Trinquand, ancien chef de mission militaire auprès de l’ONU. Ce dernier rappelle que, depuis 2014, année de l’annexion de la Crimée et de l’arrivée de séparatistes, des formateurs canadiens, américains et britanniques travaillent avec l’armée de Kiev.
Ces dix dernières années, le Royaume-Uni a ainsi formé 60 000 militaires ukrainiens, mais avec du matériel soviétique, excepté le Javelin, un lance-missiles antichar américain livré depuis 2018 et décisif au printemps 2022 dans la défense de Kiev.
Une coalition artillerie
Dès le début du conflit, les pays d’Europe de l’Est ont massivement aidé l’Ukraine. Ils possèdent alors encore nombre d’équipements aux standards soviétiques, comme les chars T-72, dont la Pologne a fourni plus de 300 exemplaires à Kiev. « Les stocks écoulés au début de la guerre étaient soviétiques », rappelle le général Dominique Trinquand.
De plus, « sur les premiers mois, le premier donateur à l’Ukraine était la Russie », selon le militaire, qui fait allusion aux lourdes pertes russes lors des premières semaines du conflit. Un équipement soviétique désormais présent dans l’arsenal ukrainien pour « des années ».
Des soldats ukrainiens s’entraînent à manier un Javelin, une arme fournie par les Etats-Unis à l’Ukraine dès 2018. © EyePress News/Shutterstock/Sipa
Des soldats ukrainiens s’entraînent à manier un Javelin, une arme fournie par les Etats-Unis à l’Ukraine dès 2018. © EyePress News/Shutterstock/Sipa
Outre ce matériel soviétique, l’Ukraine a aussi reçu des équipements occidentaux : véhicules blindés, artillerie, chars, missiles et bientôt des avions de combat F-16. L’armée ukrainienne est donc aujourd’hui équipée avec « un mix logistique qui peut poser problème », selon le général Trinquand.
Pour y remédier, les partenaires de l’Ukraine s’organisent en « clubs ». C’est le cas de la « coalition artillerie », dont la France a pris la coprésidence avec les États-Unis. Un moyen de « mutualiser les moyens et de réduire cette problématique logistique », précise le militaire.
S’adapter à la réalité du terrain
Dans ses pratiques de combat aussi, l’Ukraine a acquis des compétences occidentales et s’est adaptée à la réalité du terrain. « La guerre est la meilleure des formations. L’Ukraine change en fonction des combats contre la Russie », explique le général.
Confronté à des difficultés démographiques, Kiev serait plus soucieux de ses soldats face à un ennemi qui « envoie des vagues jusqu’à ce que ça craque », comme à Bakhmout ou à Avdiivka, où les pertes russes sont considérables. Sur ce point, l’armée ukrainienne se rapproche davantage d’une armée occidentale. « Les Ukrainiens font attention aux soldats, utilisent le renseignement au maximum pour préparer une offensive et sont innovants dans leur utilisation des drones », détaille le général.
En 2024, 78 canons Caesar pourraient être livrés à l’Ukraine. © Libkos/AP/Sipa
En 2024, 78 canons Caesar pourraient être livrés à l’Ukraine. © Libkos/AP/Sipa
Dominique Trinquand pointe aussi un commandement majoritairement jeune, né pour la plupart dans les années 1970, et qui n’a pas forcément connu la période soviétique. À l’exception d’Oleksandr Syrsky, récemment nommé à la tête des forces armées ukrainiennes qui a fait ses classes à Moscou. De là à faire de l’armée ukrainienne une force aux standards de l’Otan, qu’elle souhaite rejoindre après la guerre ?
D’après le général Dominique Trinquand, l’armée « s’est occidentalisée sur les méthodes et sur le matériel en s’adaptant à la réalité du terrain ». Mais les forces ukrainiennes restent différentes de leurs partenaires : « Elles ont appris de leurs erreurs et de leurs succès et ont une expérience de la guerre à haute intensité que n’ont pas forcément les Européens. Chacun a à apprendre de l’autre », conclut-il.
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