Alors que les forces russes pilonnent Kharkiv et les infrastructures énergétiques du pays, il est urgent que les républicains trumpistes américains lèvent le blocage du volet d’aide de 60 milliards de dollars attendu depuis six mois.
Deuxième ville d’Ukraine, située à une quarantaine de kilomètres de la frontière russe, Kharkiv vit depuis des semaines l’enfer d’une ville bombardée quotidiennement. Près de deux millions d’habitants y habitaient avant l’invasion du 24 février 2022 ; quelques centaines de milliers d’entre eux sont partis, d’autres sont revenus, mais la vie y devient de plus en plus difficile.
Kharkiv, sous le feu russe des missiles et de la désinformation
Missiles et drones russes détruisent systématiquement les infrastructures énergétiques de la ville, qui pourrait bien se retrouver sans chauffage à l’automne. Malgré le raccordement de l’Ukraine au réseau électrique européen, les coupures d’électricité se multiplient, car les centrales thermiques sont attaquées à travers tout le pays. En 2022, Kharkiv, dont une grande partie de la population est russophone, a vaillamment résisté à une tentative de prise de la ville par les forces russes, forçant l’occupant à se retirer. La Russie semble avoir aujourd’hui opté pour une autre tactique : rendre la ville invivable pour pousser ses habitants à l’abandonner. Quitte à la détruire s’il le faut.
L’Ukraine affronte ainsi une phrase cruciale, et éminemment dangereuse, de la guerre que lui livre la Russie. En infériorité numérique par rapport à l’ennemi, ses soldats sont épuisés et attendent anxieusement une relève qui a du mal à venir. Ils attendent tout aussi anxieusement des armes et des minutions que l’Occident a du mal à leur livrer dans les quantités requises. En face, l’armée russe peut compter sur un nombre d’hommes beaucoup plus important, en raison de la taille de sa population, et bénéficie de la mise en place d’une économie de guerre qui fait tourner les usines d’armement à plein régime. L’économie russe, loin d’être rendue exsangue par les sanctions occidentales, résiste grâce au contournement des sanctions par un certain nombre de pays, dont la Chine.
Besoin urgent d’équipements militaires
Selon le centre de recherche américain Institute for the Study of War, les forces russes ont réussi à grignoter 300 kilomètres carrés de territoire ukrainien depuis janvier. L’intensification de la campagne de bombardements d’infrastructures civiles met en lumière une grave carence pour l’Ukraine : l’insuffisance de moyens de défense antiaérienne face à la puissance de feu russe.
Guerre en Ukraine : un lent mais continu grignotage territorial russe
A ce rythme-là, l’objectif d’une victoire ukrainienne, que les pays occidentaux affirment soutenir, risque de devenir illusoire. Le général Christopher Cavoli, chef du commandement européen de l’armée américaine, est venu dire la vérité, mercredi 10 avril, devant la commission des forces armées de la Chambre des représentants : l’Ukraine ne peut pas s’en sortir seule ; la Russie continue de lui poser une menace existentielle ; l’agresseur russe a perdu quelque 2 000 chars et 315 000 hommes, tués ou blessés, mais reconstitue ses forces à une vitesse inattendue. L’armée russe est aujourd’hui de 15 % plus nombreuse qu’au début de la guerre. Et elle se fait aider par la Chine, l’Iran et la Corée du Nord.
L’Ukraine a besoin de toute urgence de renforts en équipements militaires pour éviter l’effondrement. Les Européens s’efforcent de rassembler leurs ressources. Mais, de l’autre côté de l’Atlantique, au Congrès, les Républicains trumpistes continuent à tergiverser sur les jeux de procédure susceptibles de soumettre au vote le volet d’aide de 60 milliards de dollars (56,2 milliards d’euros) promis par l’administration Biden et bloqué depuis six mois. Mettre fin, vite, à ces jeux sordides, qui déshonorent la démocratie américaine tout en faisant le jeu de Moscou, est vital pour l’Ukraine.
« L’Alliance des pays de l’OTAN résisterait mal à un deuxième mandat de Donald Trump »
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