Ukraine : des discussions avec la France pour la fourniture de Mirage 2000 sont en cours, confirme Zelensky

Deux Mirage 2000 D, aux couleurs françaises.

“Oui, nous parlons d’avions de combat avec la France”, a confirmé Volodymyr Zelensky lors d’une conférence de presse le 25 février. Il pourrait s’agir de Mirage 2000C ou de Mirage 2000D, dont les caractéristiques sont légèrement différentes.

Après deux ans d’une âpre défense face à l’envahisseur russe, l’Ukraine chancelle sur le front, comme l’atteste la chute d’Avdiïvka, manquant cruellement d’armes et de munitions – une pénurie qui pourrait s’avérer “catastrophique” d’ici fin mars si les livraisons occidentales n’accélèrent pas, ont expliqué des officiels américains, comme l’a notamment rapporté ABC.

Une partie de cette relative faiblesse se joue dans les airs. Kiev réussit certes encore à frapper de grands coups. Le 23 février, un nouvel A-50 Beriev, un rare avion primordial pour la supériorité aérienne de la Russie qui n’en compte qu’une dizaine, était abattu au-dessus de la mer d’Azov, ainsi que le relatait le Monde.

Dans les jours qui précédaient ou ont suivi, c’est au total près d’une dizaine de chasseurs ou bombardiers Su-34 ou Su-35 qui étaient “descendus” par la défense antiaérienne ukrainienne. Pourtant, comme nous l’expliquions récemment, les apparences sont trompeuses : près des lignes de front et des zones d’offensives russes, il semble que les aéronefs du Kremlin aient retrouvé un peu de vigueur et de présence, permettant un appui des troupes au sol ravageur pour les armées de Kiev.

Des Mirage 2000 en plus des F-16 pour l’Ukraine ?

Très attendue, la livraison des F-16 fournis par un consortium formé par le Danemark, les Pays Bas, la Belgique et la Norvège pourrait aider à changer la donne – en particulier si l’Ukraine réussit à user un peu plus les capacités russes de détection radar, comme elle l’a fait en abattant ces précieux A-50.

Le chasseur bombardier de Lockheed Martin (autrefois General Dynamics) n’est pas le seul à être envisagé par Kiev : si pour sa défense le pays convoite notamment le Gripen suédois, comme l’a expliqué Euronews notamment, il semble que la piste des Mirage 2000 français soit de plus en plus avancée.

Elle n’est pas neuve : la petite musique de la fourniture des avions de Dassault à l’Ukraine par la France joue depuis des mois, ainsi que l’expliquait le Point le 15 janvier. La rumeur, qui n’était que cela, a même un temps couru que les appareils étaient sur le point d’être livrés ; en septembre 2023, le ministre français de la Défense, Sébastien Lecornu, affirmait pourtant que Paris excluait l’envoi de Mirage 2000 à Kiev, ainsi que le rapportait alors Zone Militaire.

Mais dans un long entretien donné à Libération, le patron du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov a remis le sujet sur la table, confirmant de manière publique que son pays cherchait à mettre la main sur ces aéronefs français, qui pour partie ont été mis à la retraite par la généralisation du Rafale et reposent, intacts, dans des hangars.

Et c’est cette fois le président du pays, Volodymyr Zelensky, qui l’a affirmé du bout des lèvres mais de manière très claire, lors d’une conférence de presse donnée le 25 février, alors que l’Ukraine entre dans sa troisième année de guerre généralisée face à la Russie.

“Oui, nous parlons d’avions de combat avec la France. Merci !”, a-t-il affirmé sans plus de précisions, quelques jours après que Paris a annoncé le 16 février, avec la signature d’un accord de coopération militaire, une aide pouvant aller jusqu’à 3 milliards d’euros pour 2024, et quelques jours avant la réunion internationale de soutien à l’Ukraine, organisée ce lundi 26 février à l’Élysée par Emmanuel Macron (TF1).

Des Mirage 2000 D ou des Mirage 2000 C

Alors que la (longue) formation en France de pilotes ukrainiens sur Mirage 2000 était annoncée par le Figaro en mars 2023, puis confirmée au printemps par France Info notamment, la piste de l’avion de Dassault semble ainsi se consolider avec ces dernières déclarations.

Rien encore n’a été annoncé, et il reste encore à savoir de quels Mirage 2000 il s’agit. Ainsi que l’explique Forbes le 25 février, deux modèles bien distincts de l’appareil pourraient être envoyés en Ukraine.

Le modèle le plus souvent mis en avant est le Mirage 2000 D. Rénové avant d’être mis au placard, l’avion biplace est décrit par le ministère français des armées comme un avion spécialisé dans l’attaque au sol. Ainsi que l’explique Forbes, l’une de ses caractéristiques risque d’intéresser Kiev au plus haut point : il est capable de porter et de lancer des missiles SCALP-EG, appelés Storm Shadow du côté britannique.

Ceux-ci sont fournis à l’Ukraine par le Royaume-Uni et la France depuis quelques mois et font des ravages, à distance, sur les installations russes. Bases aériennes, QG de la flotte du Kremlin en mer Noire ou navires voire sous-marins ennemis ont ainsi été frappés par le précieux projectile, qui fera à nouveau partie du “package” de 3 milliards d’euros promis par la France.

Une autre piste parfois évoquée est celle du Mirage 2000 C, “mis en sommeil” en 2022 pour ce qui concerne l’armée de l’air française. Lui n’est pas capable de lancer le SCALP-EG mais est spécialisé dans la défense aérienne et l’engagement des avions ennemis.

Équipé, par exemple, de missiles MICA (pour “Missile d’Interception, de Combat et d’Auto-défense”), il pourrait constituer un apport de choix pour la reprise en mains de ses cieux par l’Ukraine, condition sine qua non de la défense de ses territoires.

Si rien ne semble conclu, il reste à préciser que l’apport de tout nouvel appareil suppose celui d’une intendance au niveau : l’Ukraine aurait sans doute besoin, comme pour ces F-16 qui tardent à arriver, d’installations, infrastructures et personnels formés ad hoc pour accueillir au sein de son armée de l’air les Mirage 2000 français.

Français ou d’autres horizons : les nations du monde sont nombreuses à avoir acquis l’appareil de Dassault et Kiev pourrait chercher à en acquérir ailleurs – la Grèce, exemple parmi d’autres, pourrait être vendeuse en vue de l’achat de Rafale, comme l’indiquait récemment Zone Militaire.