Fleur (au centre) entourée de deux autres artistes handicapés. Ensemble, ils font partie du collectif La différence, tout un art.
Fleur, bientôt 22 ans, dessine depuis l’âge de 3 ans et demi. Elle expose régulièrement ses œuvres et a réussi à emmener d’autres jeunes dans l’aventure, avec le collectif La différence, tout un art.
Au début, elle a griffonné, crayonné. Et puis au fil des années, ses traits de crayon sont devenus de plus en plus assurés, précis. Fleur, bientôt 22 ans, est l’aînée des trois filles au sein de sa famille. Atteinte d’un handicap à tendance autistique, « elle montre une hypersensibilité sensorielle, décrit son père, Didier de Abreu. Elle a une facilité à absorber, mais une difficulté à retranscrire. »
Lauréate du Prix Ado
Au premier abord, elle peut paraître enfermée dans son monde, comme une fleur dont les pétales seraient repliés. Mais son visage s’éclaire dès qu’elle parle dessin. « Vers 10-12 ans, je me suis mis à dessiner principalement des personnages féminins, explique la jeune femme, avec un large sourire, pour montrer la diversité culturelle, mettre en avant les femmes oubliées dans beaucoup de domaines. »
À 14 ans, elle participe au Prix Ado, un concours départemental d’arts plastiques ouvert aux 12-18 ans et remporte le 1er prix. Elle avait présenté un tableau, « un patchwork avec du collage ». Ce qu’elle aime dans le dessin, « c’est faire ressortir des émotions ». Au moment de la crise sanitaire du Covid 19, enfermée chez elle, Fleur se lance dans un marathon : réaliser 55 dessins en 55 jours. Un par jour, avec 200 personnages au total.
«Ã‚ Exposer, c’est se montrer au grand jour »
En octobre 2021, nouvelle étape. Elle expose avec Kyuse, un artiste autiste. Une première pour elle. « Autour d’elle, elle s’est rendue compte qu’il y avait plein d’artistes atteints d’un handicap qui n’osent pas se montrer a grand jour, qui ne se sentent pas légitimes », se souvient son père.
Ensemble, ils décident de monter un collectif baptisé La différence, tout un art. Aujourd’hui, il fédère une dizaine d’artistes âgés entre 17 et 26 ans. Parmi eux, on trouve aussi un artiste plus âgé, Nicolas Boussin, qui peint avec la bouche. Ensemble, ils exposent leurs œuvres régulièrement dans des mairies, médiathèques, écoles, maisons de quartier, etc. Avec toujours la même démarche : aller vers les autres, faire tomber la barrière du handicap.
La lecture, son autre passion
L’autre passion de Fleur, c’est la lecture. « Comme le dessin, ça me permet de m’évader », confie la jeune femme qui aimerait travailler dans une médiathèque à l’avenir, « tout en gardant le dessin ». Elle a déjà effectué des stages à Châteaugiron, Orgères, Corps-Nuds et envisage de suivre une formation à Brest. En attendant, elle fait de la lecture dans les écoles, pour faire aimer les livres. Une floraison de pages dès le plus jeune âge.
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