Amsterdam interdit la construction de nouveaux hôtels pour lutter contre le tourisme de masse

Amsterdam

La campagne contre le tourisme excessif à Amsterdam, aux Pays-Bas, franchit une nouvelle étape. Après avoir lancé des initiatives pour éloigner les fêtards du quartier rouge et avoir augmenté la taxe de séjour, la capitale néerlandaise vient d’adopter une mesure radicale : l’interdiction de construire de nouveaux hôtels dans la ville.

L’objectif est clair : limiter le nombre de couchages disponibles dans la ville. Dans un communiqué, les responsables municipaux ont précisé : « Nous voulons rendre et maintenir la ville vivable pour les résidents et les visiteurs. Cela signifie : pas de tourisme excessif, pas de nouveaux hôtels et pas plus de 20 millions de nuitées hôtelières de touristes par an. »

Amsterdam victime de son succès

La limite est désormais fixée à 20 millions de nuitées disponibles. La mesure prévoit qu’un nouvel hôtel à Amsterdam ne pourra être construit que si un autre hôtel ferme ailleurs. De plus, l’établissement devra être de meilleure qualité, à savoir « plus moderne et/ou plus durable », précise la municipalité, qui encourage les hôteliers « à choisir un lieu en dehors du centre ». Cette nouvelle règle ne s’applique pas aux hôtels en construction et à ceux ayant obtenu un permis de construire, au nombre de 26 à ce jour.

Ce projet découle d’une initiative populaire intitulée « Amsterdam a le choix » signée par plus de 30 000 habitants de la capitale. Ces derniers demandaient un contrôle des flux touristiques dans la ville. En cause ? Amsterdam est devenue une destination prisée pour ses activités contestées telles que la consommation de drogue, l’alcool et le tourisme sexuel. La ville est célèbre pour ses coffee shops, son ambiance festive et son quartier de la prostitution. Aujourd’hui, la municipalité amsterdamoise lutte contre ces touristes venus « se déchaîner » dans la ville pendant quelques jours.

La capitale en guerre contre le surtourisme

En octobre 2023 déjà, la municipalité avait décidé d’augmenter la taxe de séjour quotidienne pour financer des mesures sociales en faveur des habitants. Cette taxe, qui était auparavant de 7 % du coût de la nuitée dans les hôtels ou campings et de 10 % dans les Airbnb ou les locations de vacances, a été portée à 12,5 % en 2024. La mairie d’Amsterdam a expliqué dans un communiqué en janvier dernier : « Avec un tarif moyen de 175 euros par personne, cela signifie que la taxe de séjour passera de 15,25 euros à 21,80 euros par nuit. »

En outre, l’année dernière, le conseil municipal d’Amsterdam avait voté l’interdiction des bateaux de croisière et la fermeture de son terminal de croisière pour limiter l’afflux de touristes et réduire la pollution.

Depuis mai 2023, la ville a également proscrit la consommation de marijuana sur la voie publique dans le quartier rouge et mis fin aux visites guidées passant devant les vitrines des prostituées. De plus, selon une ordonnance de 2021 intitulée Amsterdam Tourism in Balance, le conseil municipal est tenu d’intervenir lorsque le nombre de touristes atteint 18 millions.

Ces mesures visent à recentrer les missions de la ville et à répondre aux défis du sur-tourisme, tout en abordant les problèmes d’insalubrité et de pollution. Cependant, la maire Femke Halsema a souligné qu’il ne s’agissait pas de compromettre l’héritage culturel d’Amsterdam, qui a toujours été un lieu accueillant pour les minorités alternatives. Selon cette dernière, « il y a, à Amsterdam, un état d’esprit de tolérance. Nous sommes toujours en faveur de la légalisation du cannabis et de la non-pénalisation de la prostitution. Cela fait également partie de notre histoire. »