Les premiers résultats de la « mission flash » réclamée par Nicole Belloubet après l’agression de Samara devant son collège à Montpellier pointent « un usage malveillant et étendu des réseaux sociaux », notamment au travers des comptes « Fisha »
Plongée au cœur des comptes « Fisha », aussi appelés BDH ou BDG.
Cyberharcèlement – Les premiers résultats de la « mission flash » réclamée par Nicole Belloubet après l’agression de Samara devant son collège à Montpellier pointent « un usage malveillant et étendu des réseaux sociaux », notamment au travers des comptes « Fisha »
«Ã‚ Un usage malveillant et étendu des réseaux sociaux. » La diffusion « de photomontages humiliants et de vidéos détournées àl’origine d’un climat d’agressivité entre élèves ». Les membres de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche ont livré leurs premières conclusions. Envoyés àMontpellier par la ministre Nicole Belloubet, ils ont pour objectif de la lumière sur l’enchaînement de circonstances qui a entraîné la violente agression de Samara, âgée de 13 ans, devant son collège, le 2 avril dernier.
Dans le viseur des membres de cette mission, le rôle des comptes « Fisha ». « Afficher » en verlan, autrement dit publier des images de personnes, le plus souvent à caractère sexiste et sexuel. Les jeunes les appellent aussi BDH (pour bandeuses d’hommes) ou BDG (bandeurs de gadjis). Les noms évoluent au gré des modes mais les comptes conservent le même principe : on y affiche des « nudes » pris par les jeunes eux-mêmes à titre privés et souvent publiés par des ex, dans un esprit de vengeance. Ou encore des photos ou vidéos truquées, réalisées avec des montages via des outils de plus en plus accessibles grâce à l’intelligence artificielle, créées par de faux comptes. Elles ont le même but : nuire à la réputation des personnes affichées.
«Ã‚ Le phénomène n’est pas récent, mais il a pris une tout autre ampleur pendant le confinement, explique Yasmine Buono, spécialiste en éducation numérique et en cyberharcèlement. Des comptes appelaient àla surenchère pour le département qui en publierait le plus. Le phénomène touche aujourd’hui les filles, comme les garçons. On affiche les personnes parce qu’elles ne seraient pas respectueuses (infidélité, moeurs jugées douteuses, etc.). »
« Snapchat ou Telegram permettent plus facilement une certaine clandestinité »
Totalement illégale, la pratique est plus répandue sur certains réseaux sociaux. « Snapchat ou Telegram notamment, qui permettent plus facilement une certaine clandestinité », évoque Justine Atlan, directrice générale de l’association e-Enfance et du 3018. Gratuit, anonyme et confidentiel, le 3018 est devenu, depuis septembre et l’annonce du Plan interministériel de lutte contre le harcèlement entre élèves, le numéro national pour les victimes de violences numériques.
«Ã‚ Toutes les applications possèdent un point de signalement, rappelle Justine Atlan. Que l’on soit victime ou témoin de contenus illégaux, il est possible de les signaler àla plateforme concernée ou àPharos, la plateforme de signalement des contenus illicites. Mais on aimerait que les applis aillent plus loin et que le 3018 soit automatiquement présent sur tous les comptes de ceux qui se déclarent comme ayant moins de 18 ans. » D’autres associations d’aides en ligne existent, comme Stop Fisha. Et, plus généralement, TikTok et Instagram ont commencé àintégrer le 3018 dans leur parcours de signalement. « C’est un bon début, mais on aimerait aller plus loin pour aider plus facilement les jeunes victimes de violences numériques. »
« Les plus jeunes n’ont pas conscience de leurs actes »
«Ã‚ Le problème, c’est la réponse. Parce que derrière ces comptes Fisha, se jouent des questions de réputation et d’honneur. La sienne, mais aussi celle d’une famille ou d’un quartier, reprend Yasmine Buono. Je constate que les jeunes, et notamment les plus jeunes, les collégiens, n’ont absolument pas conscience de leurs actes et tombent dans l’ultra-violence. » Pour cette experte, la France n’a pas encore pris conscience de l’ampleur des dangers du numérique, contrairement àl’Allemagne, au Canada ou aux pays nordiques. « L’arsenal législatif existe. On a les lois pour sanctionner, mais on est en retard sur l’éducation au numérique. On ne peut pas être àchaque fois en réaction, comme dans l’affaire de Samara. On n’a pas pris conscience qu’il n’y a pas de frontières entre vie réelle et vie en ligne, poursuit Yasmine Buono. Nous avons donné des téléphones aux jeunes. Il faut les éduquer àleurs responsabilités, àla conséquence de leurs actes. Leur expliquer qu’ils ont des droits mais aussi des devoirs. Ce qu’on appelle la citoyenneté numérique qui est une notion aujourd’hui mal comprise. »
« Les enseignants pas formés à ces problèmes »
«Ã‚ C’est une responsabilité partagée. Celle des plateformes qui régulent trop peu. Celles des parents qui sont pour la plupart dépassés et c’est normal : àl’ère du numérique, comment peut-on contrôler un écran ? Les enfants sont confrontés quotidiennement àde l’embrigadement, comme celui des influenceurs, ou àdes situations dont ils n’ont même jamais entendu parler. Et enfin, celle des pouvoirs publics ».
Notre dossier sur le cyberharcèlement
«Ã‚ Après ce qui est arrivé àSamara, j’ai posé la question àma fille si elle connaissait ce genre de comptes, explique à20 Minutes Sophie, la mère d’une élève de 4e. Elle m’a dit ”oui, bien sûr”. Alors qu’on partage énormément, je suis tombée des nues quand elle m’a fait cette réponse. Elle me l’a dit de façon tellement naturelle que j’ai compris que les enfants étaient régulièrement confrontés à ce genre de choses ». Dans les nombreux établissements scolaires où elle intervient, Yasmine Buono rencontre des enseignants « alertés, mais pour beaucoup démunis car ils ne sont pas formés pour répondre à ces problèmes. Et il y a une urgence à le faire ».
Faits diversAgression d’une collégienne à Montpellier : Nicole Belloubet lance une enquête administrativeFaits diversAgression d’une collégienne à Montpellier : « Samara est sortie de l’hôpital mais ne va pas bien », confie sa mère
News Related-
Foot: Cristiano Ronaldo la joue fair-play en Ligue des champions asiatique
-
A Panmunjom, des soldats nord-coréens munis d'un pistolet après l'annulation de l'accord militaire intercoréen
-
Assurance chômage: les partenaires sociaux ont six mois pour renégocier, notamment sur les seniors
-
«Je ne regardais les réseaux sociaux que 15 minutes par jour»: la méthode d’Ulysse, major à HEC
-
Décarbonation, souveraineté, compétitivité... Macron attendu aux assises de l'économie de la mer à Nantes
-
Sam Bennett, un sprinteur à relancer pour Decathlon-AG2R La Mondiale
-
Burkina Faso: une attaque terroriste d'ampleur vise la ville de Djibo, dans le Sahel
-
VIDÉO. Fair-play, Cristiano Ronaldo obtient un penalty avec Al-Nassr et le fait annuler
-
EXCLU EUROPE 1 - Vieillir à domicile, un luxe de plus en plus coûteux
-
Guerre en Ukraine : quel est le rapport de force avant l’hiver ?
-
Pollution : Pourquoi la qualité de l’air n’est-elle jamais « bonne » en Bretagne ?
-
Ligue des champions. Le PSG qualifié pour les huitièmes de finale de C1 si…
-
Les trois meilleurs sacs banane en 2023
-
Assurance chômage : comment l’État met la pression sur les partenaires sociaux