Sylvie Retailleau : «En matière de laïcité, les problèmes viennent des mêmes établissements»

sylvie retailleau : «en matière de laïcité, les problèmes viennent des mêmes établissements»

Sylvie Retailleau est ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche depuis 2022.

Après une année université perturbée par les difficultés de logement des étudiants, l’antisémitisme ou encore la précarité, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau espère une rentrée plus sereine. Elle revient sur ces sujets pour le Figaro Étudiant.

LE FIGARO ETUDIANT- La fin de l’année va vite arriver et de nombreux bacheliers s’apprêtent à quitter le nid familial. Quels conseils leur donnez-vous ?

Sylvie RETAILLEAU- Il faut vivre cette étape en toute confiance. Le stress est courant, parfois sain, mais il faut le limiter. Le rôle du ministère est d’accompagner les jeunes dans cette transition, en mettant par exemple à disposition des lycéens un guide «En route vers la vie étudiante». Celui-ci donne des pistes pour se loger, se restaurer, se soigner, etc. Nous avons mis en place la première étape de réforme des bourses, ce qui permet d’aider davantage d’étudiants financièrement. D’ailleurs, les futurs étudiants peuvent faire leur demande et constituer leur dossier social étudiant jusqu’au 31 mai. Pour ceux qui ne seraient pas éligibles, d’autres aides ponctuelles ou annuelles existent, pour bénéficier du repas à 1 euro -qui n’est pas dédié uniquement aux boursiers-, ou pour trouver un logement.

L’été dernier, les étudiants ont rencontré de grandes difficultés pour se loger. Peut-on craindre le même problème pour l’année étudiante à venir ?

À la rentrée prochaine, la demande ne devrait pas augmenter car le nombre d’étudiants sera globalement stable. Le plan logement que nous déployons va permettre de proposer davantage de solutions en construisant 35.000 nouveaux logements d’ici 2027. On peut aussi compter sur l’héritage des JO 2024, qui nous permettra de proposer 1600 logements supplémentaires : 1300 issus du Village olympique dans le Grand Paris, et 300 à Villeneuve d’Ascq.

France Universités alerte sur une hausse de signalements d’actes antisémites dans les établissements d’enseignement supérieur. Que dire aux jeunes qui craignent d’en être victimes ?

Je leur dis que la République sera toujours à leurs côtés. Il ne faut pas nier ce qui se passe. L’atmosphère est parfois pesante et le sentiment d’insécurité augmente aussi. C’est inacceptable et les institutions ont pour consigne d’intervenir immédiatement. Depuis le 7 octobre, les étudiants ont organisé de nombreuses conférences sur le conflit israélo-palestinien. Nous tenons à ce que l’université reste un lieu de débat mais comme pour tout événement, la préfecture peut estimer qu’il risque d’y avoir trouble à l’ordre public et donc procéder à une annulation. En cas de débordement, les établissements mettent en place des commissions disciplinaires et ont recours à la justice en déposant plainte ou en signalant des faits au procureur en application de l’article 40. Il faut mettre en confiance les étudiants. Un président qui prend la parole sur le sujet permet de montrer que l’université est un cadre serein.

Les syndicats alertent aussi sur le port du voile intégral dans nos universités. La laïcité serait-elle en danger dans l’enseignement supérieur ?

Il faut d’abord noter que, parmi les 130 établissements dans le pays, ces problèmes sont essentiellement concentrés sur quelques sites. Ces incidents concernent une minorité bruyante et agissante, contre laquelle nous imposons également une tolérance zéro. Je sais les présidents investis pour faire changer les choses. Dès qu’un cas est signalé, l’université est tenue d’agir puisque le voile intégral est interdit partout en France. D’ailleurs, les présidents d’université ont davantage tendance à faire appel aux forces de l’ordre dès qu’ils constatent un incident, c’est donc qu’il y a une vraie prise de conscience à ce sujet. Mais notre problème, c’est que nous manquons cruellement de témoignages devant les instances dédiées. Il faut que ceux qui constatent ces dérives en parlent directement à l’université et qu’ils n’hésitent pas à contacter mon ministère. C’est très important. Nous tenons à ce que l’université reste un lieu de libre expression mais celle-ci doit rester cadrée par les principes républicains.

Vous avez annoncé en septembre dernier la mise en place prochaine d’un label de qualité pour l’enseignement privé. Ne craignez-vous pas que cela complique davantage la lisibilité des candidats, qui ont déjà du mal à comprendre les labels existants (RNCP, EESPIG…) ?

Bien sûr, nous ne voulons pas rajouter des couches. L’idée est vraiment de se concentrer sur les formations qui ne sont pas encore évaluées ou mal comprises, en particulier celles qui fleurissent avec l’apprentissage, parce que c’est souvent là que les arnaques se cachent. Pour cela, nous travaillons avec le ministère du Travail afin de bien se coordonner. C’est notamment lui qui a la main sur les titres RNCP, qu’il faudrait éventuellement réguler. Tout est encore possible mais notre priorité reste la même : aider les jeunes et leurs familles à mieux se repérer et à choisir une formation fiable et de qualité.

Les premiers résultats de Parcoursup tomberont le 30 mai prochain et ceux de Mon Master sont attendus dès le 4 juin. Que dire aux candidats qui seraient déçus de leurs admissions ?

Il faut que les candidats sachent qu’ils seront accompagnés jusqu’au bout. Pour les plateformes Parcoursup comme pour Mon Master, une phase d’admission complémentaire est prévue afin que les candidats soient le moins nombreux possible à se retrouver sans proposition. Pour ceux qui accepteront une formation qui ne leur plaît pas forcément, je tiens à leur dire que ce ne sont pas des années perdues. Il existe de nombreuses passerelles et possibilités de rebondir. Il vaut mieux parfois renforcer ses prérequis ou prendre le temps de trouver son projet professionnel. On peut prendre des chemins de traverse, et même si cela semble décourageant, en réalité tout est mis en place aujourd’hui pour permettre de trouver sa voie.

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