Il y a 25 ans, il a dit stop à la pêche industrielle, voyant l’océan qu’il aimait tant mourir à petit feu. Après avoir jeté son ancre près de New York, Bren Smith a alors imaginé une curiosité : une ferme de la mer verticale, écologique et résiliente
Bren Smith à Paris, face à la caméra de « 20 Minutes », le 25 mars 2024.
FERMIER DES MERS – Il y a 25 ans, il a dit stop à la pêche industrielle, voyant l’océan qu’il aimait tant mourir à petit feu. Après avoir jeté son ancre près de New York, Bren Smith a alors imaginé une curiosité : une ferme de la mer verticale, écologique et résiliente
C’était en 1992. Alors que s’effondrent les stocks de morues, poisson très prisé de la pêche industrielle au Canada, Bren Smith, marin-pêcheur devant l’éternel depuis plus de vingt ans, s’interroge. Ce métier qu’il affectionne sans doute plus que de raison est-il voué à disparaître ? « A cette époque, je me suis demandé si je n’allais pas devoir finir ma vie sur terre, dans la tristesse et le désespoir », se souvient-il.
Né sur l’île de Terre-Neuve, au Canada, il y a environ 50 ans, Bren Smith a grandi dans un petit village de pêcheurs où ces derniers étaient érigés en véritable héros. Dans son livre Le fermier des océans (Ed. L’arbre qui marche), il raconte comment il est passé de pêcheur industriel en Alaska, à fermier des océans dans le New Jersey, pour cultiver des coquillages et des algues dans une ferme installée sous l’eau, écologique et résistante aux effets du changement climatique.
Qu’est-ce qui vous a décidé à arrêter la pêche industrielle pour développer une autre manière, plus écologique, de faire votre métier ?
D’abord, il y a eu l’effondrement des stocks de morues dans les années 1990. Plus de 30.000 personnes ont alors perdu leur emploi dans la région de Terre-Neuve d’où je viens. J’ai compris que nos pratiques étaient en train de tuer l’océan. Et à quoi ça sert de pêcher dans un océan mort ? Et puis au début des années 2000, alors que je cultivais l’huître depuis sept ans, ma ferme a été frappée deux années de suite par les ouragans Sandy et Irène. Là, j’ai eu comme un déclic. J’ai compris que le changement climatique dont on parlait, et qui ne devait arriver que dans cent ans, était en fait déjà là et bien là. J’ai donc commencé à réfléchir au développement d’une ferme océanique en 3D simple et écologique.
Comment vous est venue l’idée de cette ferme verticale composée d’algues et de coquillages, que vous avez conçue et développée ces dernières années ?
En réalité, je n’ai rien inventé. Les êtres humains cultivent l’océan depuis des milliers d’années. Les communautés indigènes et les Irlandais, par exemple, cultivent depuis longtemps les fruits de mers et les algues. La seule chose que j’ai faite, c’est de rassembler tous ces savoir-faire au même endroit pour faire de la polyculture. Tout ça au sein d’une structure simple, facile à construire et bon marché (entre 20.000 et 25.000 euros d’investissement) pour que n’importe qui puisse reproduire ce type de ferme.
C’est quoi la recette magique ?
Il vous suffit juste d’avoir des ancres et des cordes pour tenir chaque ligne de culture et leurs échafaudages en place, le tout accroché à la surface par des bouées. Bien sûr, il n’est possible de cultiver que des fruits de mer et des algues. Rien qui bouge, comme des poissons par exemple. Une fois la structure en place, c’est l’océan qui va alors décider pour vous. Il faut qu’il y ait suffisamment de nutriments à l’endroit où vous avez choisi d’installer votre ferme. Ensuite, il n’y a plus qu’à patienter. Pas besoin d’engrais. Les coquillages et les algues sont des éléments vraiment simples à cultiver. Et en plus, ils nourrissent l’océan, capture du CO2, aident les récifs à se régénérer. C’est fantastique !
Votre vie d’avant ne vous manque-t-elle pas ?
Je ne vais pas mentir : bien sûr que ça me manque. Pêcher en haute mer, chasser les poissons, tout ça était très excitant. Mais en tant que fermier des océans, j’ai réussi à conserver cette connexion avec la mer. L’avantage aussi, c’est qu’aujourd’hui je suis mon propre patron ! Et puis je navigue toute la journée, et je continue à faire ce qui m’a poussé, au départ, à devenir pêcheur : nourrir les gens. J’ai certes dû renoncer à certaines parties du métier, mais j’ai gardé les éléments les plus importants de la culture de la pêche que j’aime tant.
Et puis aujourd’hui, grâce au programme de formation baptisé Greenwave que j’ai conçu, ce sont environ 8.000 personnes par an qui développent ces types de fermes écologiques dans l’océan. C’est une vraie fierté !
Pêche, prison, drogues, rédemption… Bren Smith a raconté son histoire face à la caméra de 20 Minutes. Pour la découvrir, rendez-vous dans la vidéo placée en tête de cet article (si vous êtes arrivés jusque-là, rafraîchissez la page).
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