Marseille: pourquoi la CGT appelle à une grève illimitée des éboueurs

Un préavis de grève a été déposé par la CGT, qui représente une partie des agents de collecte d’ordures ménagères de la métropole marseillaise, le jeudi 4 avril dernier.

Vers une nouvelle grève des éboueurs à Marseille? La branche de la CGT, en charge de la représentation d’une partie des agents de collecte d’ordures de la Métropole Aix-Marseille-Provence, a en tout cas remis un préavis de grève “en mains propres à Martine Vassal”, présidente du département.

Grève des éboueurs à Marseille

Sur le plateau de BFM Marseille Provence mardi 9 avril, la représentante CGT des sections collecte de la métropole, Véronique Dolot, est revenue sur les raisons de ce préavis de mobilisation des éboueurs marseillais.

“C’est jamais les travailleurs qui choisissent de faire grève, c’est toujours le patron”, assure la représentante syndicale.

La pénibilité au cœur des crispations

Si un taux de pénibilité a été mis en place il y a deux ans, les agents n’en peuvent plus”, selon le mouvement syndical. “Ils sont trop exposés et le travail est trop dur, trop physique”, estime-t-elle.

Dans les faits, ce taux de pénibilité instaure une décote du temps de travail à hauteur de 15%. “C’est-à-dire qu’ils travaillent 15% de moins qu’un personnel administratif qui est dans des locaux chauffés, etc.…”, précise la syndicaliste.

“Ils ont une espérance de vie réduite de trois ans par rapport aux autres”, a continué Véronique Dolot, avant de dévoiler la revendication principale des éboueurs représentés par la CGT. “On demande 30% (de taux de pénibilité), soit pratiquement une heure de moins de travail par jour comparé à aujourd’hui, où ils font sept heures”.

De plus, au-delà de la pénibilité de leur travail, la syndicaliste déplore le fait que “les conditions de travail, les tenues, les équipements et les locaux sont complètement indignes” et frisent l’illégalité.

“Il y a des locaux où il n’y a pas d’eau potable”, a par exemple assuré la syndicaliste de la CGT sur le plateau de BFM Marseille Provence.

Réorganisation, rémunération et manque de considération

Véronique Dolot critique aussi la réorganisation de la collecte opérée depuis le mois de mars dans la métropole. Selon elle, cette nouvelle organisation, au sein de laquelle la collecte ne se fait plus quotidiennement, est un fiasco

Elle affirme que lorsque ce n’est pas le bon jour pour collecter les ordures ménagères, les éboueurs “n’ont pas le droit” de ramasser les poubelles, et ce, même si leur camion est vide et qu’ils passent devant une poubelle pleine.

“Il y a un historique qui n’a jamais été réglé” entre la métropole et les éboueurs, résume Véronique Dolot, en ciblant un manque de considération de la collectivité envers ses agents en charge de la collecte des détritus. Elle en veut pour preuve les différences de rémunérations entre les agents marseillais et ceux opérant dans d’autres municipalités. “Un éboueur à Aubagne gagne parfois jusqu’à 300 euros de plus qu’un éboueur marseillais”, assure la représentante syndicale.

Un rassemblement prévu vendredi 12 avril

La CGT réclame également l’intégration statutaire des salariés contractuels. “Notre organisation reste disponible pour toute négociation sur les revendications des personnels”, conclut le communiqué qu’avait diffusé la CGT jeudi 4 avril dernier, faisant suite à l’écriture du préavis de grève.

Avant d’ambitionner un mouvement de plus grande ampleur, un premier acte de manifestation est d’ores et déjà sur les rails. Un appel à se rassembler devant la tour de la Marseillaise, le siège de la métropole, a effectivement été lancé pour “tous les agents de collecte et de propreté de la métropole, qui sont pratiquement 4.000”.

Ce rassemblement, qui doit se tenir le vendredi 12 avril prochain à 13h30, aura pour but de “démontrer leur détermination et le fait qu’ils portent ces revendications comme quelque chose d’absolument essentiel pour pouvoir assurer le service public dont ils sont les garants”, conclut Véronique Dolot.

Ces dernières années, la cité phocéenne avait été le théâtre de plusieurs grèves des éboueurs, menée notamment par le syndicat majoritaire chez les éboueurs Force Ouvrière. Ces grèves avaient provoqué une accumulation de déchets dans les rues marseillaises.