Les deux otages libérés par l’armée israélienne. À gauche, Louis Hare (70 ans) et à droite Fernando Simon Marman (60 ans). Reuters/Handout/Bring Them Home Now
Voilà qui donnera espoir aux familles des personnes toujours retenues à Gaza. Israël a annoncé ce lundi avoir libéré deux otages à Rafah, ultime cible affichée de son offensive dans la bande de Gaza, où le Hamas au pouvoir a fait état d’« environ 100 morts » palestiniens lors de cette opération nocturne. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a ordonné à son armée de préparer une offensive sur Rafah, à la frontière avec l’Égypte, où se masse actuellement la majeure partie de la population du territoire palestinien, selon l’ONU, suscitant l’inquiétude de la communauté internationale.
Le Hamas a prévenu ce dimanche qu’une telle offensive « torpillerait » tout accord pour une libération des otages qu’il détient encore à Gaza. Mais Israël a affirmé que les frappes dans la nuit de dimanche à lundi s’inscrivaient non pas dans le lancement de cette offensive, mais d’une opération pour récupérer deux otages enlevés le 7 octobre lors de l’attaque sans précédent des combattants du Hamas dans le sud d’Israël, point de départ de cette guerre.
« Dans un état stable »
« Fernando Simon Marman, 60 ans, et Louis Har, 70 ans, ont été récupérés lors d’une opération nocturne àRafah menée conjointement par l’armée, le Shin Beth (Sécurité intérieure) et la police israéliennes », selon un communiqué de ces trois services. Enlevés au kibboutz Nir Yitzhak, les deux hommes ont été conduits au centre médical Sheba, àRamat Gan, pour de premiers examens médicaux. « Ils sont dans un état stable », a indiqué àla presse Arnon Afek, le directeur de l’établissement.
« Trois terroristes ont été tués dans l’immeuble où ils étaient détenus », selon un bilan initial de l’armée israélienne, qui s’était auparavant bornée àconfirmer avoir « mené une série de raids contre des cibles terroristes dans le sud de la bande de Gaza ». Ces frappes ont touché 14 maisons et trois mosquées dans différents secteurs de Rafah, selon le gouvernement du Hamas.
Environ 250 personnes ont été enlevées en Israël le 7 octobre et emmenées à Gaza. Une trêve d’une semaine en novembre avait permis la libération de 105 otages en échange de 240 Palestiniens détenus par Israël. Avant la libération des deux derniers otages, Israël estimait que 132 étaient toujours détenus à Gaza, dont 29 seraient morts. Rafah est devenue le dernier refuge pour les Palestiniens coincés à la frontière fermée avec l’Égypte, au nombre d’1,4 million selon l’ONU, en grande majorité des déplacés ayant fui la guerre qui fait rage depuis quatre mois.
Le président américain Joe Biden a exhorté le Premier ministre israélien, lors d’un entretien téléphonique ce dimanche, à « garantir la sécurité » de la population palestinienne. Plusieurs États ont mis en garde contre une « catastrophe humanitaire » en cas d’assaut sur la ville surpeuplée. « La victoire est à portée de main », a déclaré sur la chaîne américaine ABC News Benyamin Netanyahou, qualifiant Rafah de « dernier bastion » du Hamas. Israël assurera « un passage sécurisé à la population civile pour qu’elle puisse quitter » la ville, a-t-il ajouté, sans préciser où les civils pourraient se réfugier.
« Je ne sais pas où nous irons »
« Je ne sais pas où nous irons » en cas d’offensive sur Rafah, a témoigné Farah Mohammad, qui a fui la ville de Gaza, dans le nord du territoire. « Il n’y plus d’endroit pour s’échapper », dit cette mère de famille de 39 ans, qui a perdu tout contact avec son mari depuis un mois. « Dans les conditions actuelles », Washington « ne pourrait pas soutenir une opération militaire àRafah en raison de la densité de la population », a indiqué un haut responsable de l’administration américaine, soulignant que la population civile n’a « nulle part où aller ».
L’assaut des combattants du Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre, a fait plus de 1 160 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. En représailles, Israël a juré de « détruire » le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu’il considère comme une organisation « terroriste », de même que les États-Unis et l’Union européenne. L’offensive israélienne a fait plus de 28 000 morts dans la bande de Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
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