Remaniement : Stéphane Séjourné au Quai d'Orsay, mais la politique étrangère de la France reste à l'Elysée

L’eurodéputé va devoir s’imposer face à Emmanuel Macron s’il veut exister sur les sujets internationaux. Car depuis 2017, toutes les décisions diplomatiques sont prises dans le bureau présidentiel.

Parmi les nominations surprises du nouveau gouvernement annoncé jeudi 11 janvier figure Stéphane Séjourné, jusqu’à présent patron du parti Renaissance et du groupe Renew au Parlement européen. L’eurodéputé devient donc ministre des Affaires étrangères, et remplace Catherine Colonna, jugée pas assez politique et manquant de visibilité.

Remaniement : ce qu’il faut retenir du nouveau gouvernement de Gabriel Attal

À 38 ans, Stéphane Séjourné devient le plus jeune ministre des Affaires étrangères de la Ve République. Ancien adhérent du PS, ayant rejoint Emmanuel Macron dont il est rapidement devenu un proche collaborateur, le nouveau chef de la diplomatie française connaît bien Gabriel Attal.

Lui qui s’est facilement imposé au Parlement européen va maintenant devoir traiter l’ensemble des sujets internationaux. À commencer par l’Ukraine, où Catherine Colonna avait prévu de se rendre ce week-end pour confirmer le soutien de Paris face à l’agression russe. L’autre priorité, c’est la situation à Gaza. La France veut maintenir la pression sur Israël, devant les milliers de civils palestiniens tués par les bombardements.

Le Quai d’Orsay vampirisé par Emmanuel Macron

Mais le principal défi de Stéphane Séjourné sera d’exister au Quai d’Orsay sans empiéter sur l’immense périmètre diplomatique considéré comme le domaine réservé de l’Elysée. Le sens politique prêté au nouveau ministre va être mis à rude épreuve car depuis son élection en 2017, Emmanuel Macron n’a eu de cesse que de réduire l’influence du ministère des Affaires étrangères. Il a complètement vampirisé le Quai d’Orsay, ce qui n’était pas le cas de ses prédécesseurs.

Toutes les décisions diplomatiques sont prises oar le chef de l’Etat, entouré de ses proches conseillers. Le dernier exemple de la marginalisation du Quai d’Orsay remonte à seulement quelques semaines. Sans prévenir sa ministre, Catherine Colonna, Emmanuel Macron a lancé l’idée d’une coalition internationale contre le Hamas, sur le modèle de celle montée contre Daech, avant de l’abandonner aussi vite.

C’est peu dire que l’incompréhension est grande chez les diplomates du Quai d’Orsay, eux qui ont encore en travers de la gorge sa réforme de la haute fonction publique supprimant le corps des ambassadeurs. L’arrivée de Stéphane Séjourné, un novice en diplomatie, n’est certainement pas de nature à les rassurer.