Alexandre Ayache devrait participer aux JO 2024 à Paris. (L. Argueyrolles/L’Équipe)
Parent pauvre de l’équitation française, le dressage galope de plus en plus vite derrière sa gloire passée.
Au bord du manège, lancé dans une chanson de geste, le volubile Jean Morel, le sélectionneur national, ancien cavalier, mime à la fois l’homme et le cheval, essaie de faire comprendre l’art du dressage, vanne tendrement les autres disciplines de l’équitation : « Nous, c’est de l’horlogerie, c’est de la précision extrême. » Un mauvais piaffé, une encolure qui se dérobe, et les points s’envoleront. Près du braséro, – car ces exercices-là se répètent dans un manège de sable ouvert aux vents mauvais – une élégante dame, belge qui fut monégasque, une propriétaire, radiologue retraitée, observe son cheval qu’elle met à disposition « par passion » à un cavalier bien doué mal fortuné.
En bord de piste, un accent flamand, celui d’un entraîneur-consultant, répète des mots qui déroutent le béotien les pieds dans la boue, puisqu’il est question de « grandir dans l’air », de « ne pas perdre le postérieur », de « changer de pied ». Autour, s’échauffent ou se réchauffent six cavaliers, dont trois porteront la veste bleue de l’équipe de France les 30 et 31 juillet dans le luxe Versaillais.
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Ces gens-là ne font pas de manière, habitent quelques jours dans le Loir-et-Cher au parc équestre fédéral, savent qui ils sont, ne se plaignent de rien, au contraire. « Je suis là où personne ne m’a dit que j’arriverai un jour », glisse Alexandre Ayache, fils de policier et d’assistante maternelle, remplaçant à Rio 2016, qualifié à Tokyo 2021, et qu’il faudra enchaîner à un chêne bicentenaire pour qu’il manque Paris 2024.
Le dressage, c’est du patinage artistique sur sable. Deux épreuves imposées. Et puis, en musique, une épreuve libre, vingt-quatre figures à ordonnancer en sept minutes.
Il faudra du temps pour retrouver les sommets
Ils sont souvent tombés dedans par un cheval de hasard car l’enfant, sous sa petite bombe, préfère sauter ou galoper. Pauline Basquin par exemple se rêvait femme écuyer à Saumur, et pas écuyère « a fait cirque ». Elle a réussi l’implacable concours du Cadre noir, belle institution, qui préserve un patrimoine national. On n’aurait dû l’admirer qu’en galas. Et puis on lui a confié les rênes d’un cheval nommé Liaison qui ne la faisait pas avec celui qui lui montait dessus. « J’adore sentir la locomotion du cheval, ne pas être contre, être avec. » On l’écouterait longtemps mais pas par moins cinq degrés.
Le dressage français ne remportera pas de médaille l’été venu. « On part de trop loin », constate-t-elle. Pour avoir des cavaliers à succès, il est assez utile d’avoir des chevaux. La tradition française s’est oubliée. Autrefois l’armée s’en allait en guerre à quatre pattes et fournissait. Des officiers passaient des champs de bataille aux champs d’honneur olympiques à l’image de Xavier Lesage, engagé chez les dragons, et champion en 1932, entre ses deux guerres. Puis apparut l’épiphénomène Margit Otto Crépin, en argent en 1988, belle fille, bien mariée, qui ne se contenta pas de rouler en Ferrari, qui se fit acheter un très bon cheval et travailla, qui était allemande mais opta pour le passeport français. Avant que reprenne la période des chevaux maigres.
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«Â On était médiocres », assume Alexandre Ayache. Il conjugue sans faute le passé. Jean Morel, qui fit équipe avec Margit Otto Crépin, et la Fédération, ont repris fermement, mais humainement, les rênes en main. Pas question de ne pas être présentable aux JO. « On travaille, résume Morel, ça paie, et on commence à nouveau à nous regarder. » Aux Championnats d’Europe de Riesenbeck (Allemagne) en septembre dernier, Allemands, Anglais et rigoureux pays du Nord se sont encore partagé les podiums. Pas si loin, la France, qui s’était égarée dans les etc. des classements, s’est ragaillardie, entrant à nouveau en finale, 8e, ce qui semble un bon plancher, dans un sport noté, où grimper les marches ne se fait pas par surprise.
«Â On vient de très loin, corrige Alexandre Ayache, mais pour moi, impossible est un mot qui n’existe pas. » Après que les flots de la Vésubie ont emporté une bonne partie de ses écuries, il avait reconstruit. Alors…
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