En déficit de performance, Peugeot défend le nouveau concept de la 9X8
Les Peugeot 9X8 ont souffert d'un net déficit de performance durant toute la semaine mancelle, mais l'équipe tricolore assure qu'elle a fait le bon choix en optant pour un nouveau concept pour sa 9X8.
Après des débuts difficiles en WEC depuis leur apparition en course fin 2022, les Peugeot 9X8 avaient surpris leur monde en pointant aux avant-postes lors des 24 Heures du Mans 2023, avant qu'une série de problèmes divers et variés ne rétrogradent les voitures françaises dans la hiérarchie.
Si la première mouture de l'Hypercar Peugeot dénotait, avec un concept dépourvu d'aileron arrière, le constructeur français a présenté, lors de la deuxième manche du WEC de cette saison à Imola, une toute nouvelle évolution de son prototype, cette fois doté d'une aile arrière, mais également de pneumatiques de dimensions différentes à l'avant et à l'arrière.
Mais, pour leur deuxième apparition dans la Sarthe, les 9X8 n'ont jamais pu se sortir du milieu de tableau, concluant finalement aux 11e et 12e rangs, toutes les deux à deux tours du vainqueur, la Ferrari #50.
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Pour Jean-Marc Finot, le directeur de la compétition chez Stellantis, c'était bien là tout ce que Peugeot pouvait espérer sur le Circuit de la Sarthe, même si certaines décisions auraient pu sensiblement améliorer le score final.
"Il nous a manqué pas mal de choses", a commenté ce dernier après l'épreuve. "Nous avons fait des choix de pneumatiques qui n'étaient pas forcément les bons, il s'agissait des meilleures décisions en fonctions des informations dont on disposait mais il s'est avéré que non."
"Cela nous a fait perdre du temps, et comme nous n'avions pas un super rythme c'était vite tendu. Cela a peut-être amené les pilotes à faire des petites fautes au niveau de la réglementation, cela nous a remis des drive through par-dessus tout ça. En plus dans des conditions difficiles, on a commis quelques fautes qui heureusement n'ont pas eu de grosses conséquences."
Les Peugeot 9X8 ne peuvent suivre le rythme des écuries de pointe à l'heure actuelle.
Les Peugeot 9X8 ne peuvent suivre le rythme des écuries de pointe à l'heure actuelle.
Photo de: Alexander Trienitz
"Il manque du rythme", continue Finot. "On voit que, plus les conditions de température sont basses, mieux la voiture répond bien. Il faut que l'on analyse, on voit que quand les températures sont plus élevées, la voiture part bien en début de relais sur les pneus mais on des dégradations très vite. Ce qui fait que pour assurer deux ou trois relais, les pilotes sont sur la réserve pour ne pas trop les massacrer et les conserver sur la durée."
Le fait de faire la course en ne nous arrêtant que pour le carburant et les pneus, ça fait un socle.
Pour autant, Jean-Marc Finot se félicite de constater que les Peugeot ont été épargnées par des soucis de fiabilité majeurs. On rappellera que, dans le même temps, les deux Alpine ont dû renoncer avant la tombée de la nuit.
"Le fait de faire la course en ne nous arrêtant que pour le carburant et les pneus, ça fait un socle", continue-t-il. "Cela démontre que tout le travail qui a été fait, toute l'énergie mise en œuvre et toute la rigueur qui a été démontrée, ça paie. Il y a 3000 pièces, la voiture est ultra sollicitée durant 24 heures. Le niveau de compétitivité de ce championnat paraît miraculeux, pour quelqu'un qui un sens un peu technique. On a quand même 12 ou 13 voitures qui ne sont pas rentrées dans le garage, ce qui change par rapport à quelques années, où il y avait quand même quelques parties de mécanique pendant les 24 heures."
La Peugeot 9X8 version 2024 a vu l'apparition d'un aileron arrière.
La Peugeot 9X8 version 2024 a vu l'apparition d'un aileron arrière.
Photo de: Rainier Ehrhardt
Malgré l'écart de performance qui sépare à ce jour les Peugeot des voitures de pointe comme les Ferrari, les Toyota, les Porsche ou les Cadillac, Olivier Jansonnie, le directeur technique, assume le choix de son équipe d'avoir opté pour un nouveau concept de la 9X8 en début d'année.
"Je pense que nous avons fait le bon choix en choisissant cette voiture", insiste ce dernier. "C'est sûr qu'elle est un peu nouvelle et nous avons souffert en termes de réglages, de rythme, de performance, juste pour apprendre cette nouvelle voiture qui est fondamentalement très différente de l'ancienne. "
"Nous savions que nous ne serions pas en mesure d'atteindre les objectifs que nous nous étions fixés. Nous savions qu'à partir de là, nous ne serions pas au bon niveau de performance. Et au final, nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour faire la meilleure course possible."
"Nous n'avons jamais eu le moindre problème avec la voiture, que ce soit en course ou lors de la journée d'essais. Maintenant, nous pouvons passer beaucoup plus de temps à travailler sur la performance et venir plus fort l'année prochaine."
"Il est certain que lorsque nous sommes arrivés ici avec la voiture de l'année dernière, nous avions une bien meilleure compréhension de la voiture que celle que nous avons aujourd'hui. Et évidemment, tous les points de passage, comment et quand changer de pneus, ce genre de choses. C'est quelque chose que nous devons apprendre un peu."
Propos recueillis par Basile Davoine et Lire aussi :