Bourse : le CAC 40 tente un rebond après avoir perdu tous ses gains de l'année
La semaine dernière, le CAC 40 a chuté de -6,23%, « sa plus forte baisse hebdomadaire depuis mars 2022 », au moment de l'invasion russe en Ukraine, selon les analystes de Deutsche Bank (photo d'archive).
Avancer et oublier la semaine précédente. Tel est l'objectif de la Bourse de Paris ce lundi. Le CAC 40 a augmenté de 0,45% vers 10 heures, gagnant 33,48 points à 7.534,79 points. En fin de matinée, l'indice parisien était toutefois reparti à la baisse, atteignant 7.484,28 points à 12h19.
Pour rappel, l'indice a chuté de -2,66% à 7.503,27 points vendredi dernier, au plus bas depuis le 25 janvier. Et sur l'ensemble de la semaine dernière, il a vu tous les gains cumulés depuis le 1er janvier disparaître, chutant de 6,23%, « sa plus forte baisse hebdomadaire depuis mars 2022 », au moment de l'invasion russe en Ukraine, selon les analystes de Deutsche Bank.
«Â Hormis un autre écart important au début de la période Covid, il faut remonter au lendemain du 11 septembre 2001 pour voir de tels extrêmes », rappellent les experts.
À l'origine de l'hécatombe : l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale en France par Emmanuel Macron le 9 juin, en réaction à la forte montée de l'extrême droite lors des élections européennes. Et, par conséquent, la tenue d'élections législatives anticipées, dont les deux tours se tiendront les 30 juin et 7 juillet prochains.
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Le chiffrage des programmes dans le viseur
Selon les différents sondages, le Rassemblement National (RN) arriverait en première position au premier tour de ces élections. Le parti à la flamme obtiendrait 31% des suffrages, d'après celui réalisé la semaine dernière pour La Tribune Dimanche et BFMTV. Or, les investisseurs s'inquiètent de voir arriver au pouvoir un parti moins pro-business et moins européen que l'actuelle majorité.
«Â Les politiques conservatrices n'étant jamais de bon augure pour les perspectives d'investissement, les marchés français devraient continuer à être sous pression cette semaine », estime Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank.
Derrière le RN, à plus ou moins longue distance d'un sondage à l'autre, le nouveau Front populaire. Or, le programme de cette alliance des partis et mouvements de gauche pourrait ne pas être de nature à plaire aux marchés. Si bien que, « après la tempête politique de la semaine écoulée et les annonces des différents programmes, c'est sur le chiffrage de ces derniers que l'attention se concentrera dans les jours à venir », indiquent les économistes de Riches Flores Research.
Le spread franco-allemand encore attendu en hausse
Sur le marché obligataire, l'écart entre les rendements français (3,17% vers 10h20) et allemand (2,39%) à 10 ans continue par ailleurs d'être scruté. Cet écart entre les taux souverains des deux premières puissances européennes - ou « spread » dans le jargon - est un indicateur de mesure de la confiance des investisseurs envers la France et ses perspectives économiques de long terme. Pour rappel, il a « franchi la barre des 80 points de base » la semaine précédente, soit 30 points de base de plus en une semaine. Soit, surtout, « un record depuis la crise de la dette qui a frappé la zone euro il y a plus de dix ans », a souligné Ipek Ozkardeskaya.
Et ce n'est peut-être pas encore son plus haut. Les analystes de Deutsche Bank estiment que le spread franco-allemand à 10 ans pourrait encore monter jusqu'à 90, voire 100 points de base.
À noter que, sur le marché des changes, l'euro a baissé de 0,02% face au dollar à 1,0701 dollar pour un euro ce lundi. Vendredi, la monnaie unique est tombée à 1,0668 dollar, au plus bas depuis un mois et demi.
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Parti pour durer
Globalement, les analystes estiment que la situation n'est pas prête de se calmer, étant donné le contexte. « On peut craindre que l'écart de rendement sur les obligations françaises, la baisse des actions et potentiellement la chute de l'euro perdurent au moins jusqu'au 7 juillet », le jour du deuxième tour du scrutin, indique Christopher Dembik, conseiller en investissement de Pictet AM.
Les experts de Deutsche Bank sont même plus pessimistes : « Il est évident que cette incertitude nous accompagnera au moins jusqu'au second tour de l'élection, et probablement au-delà », considèrent-ils. Soit au minimum encore trois (longues) semaines.
(Avec AFP)