À Stockholm, on pourra bientôt se déplacer en bateaux volants et électriques
À Stockholm, on pourra bientôt se déplacer en bateaux volants et électriques
Et si, pour aller au travail, on substituait nos classiques trajets en métro, bus ou voiture par une petite balade en bateau écologique et ? presque ? volant ? C'est l'objectif de Candela, une start-up suédoise qui développe des bateaux 100 % électriques à foils, ou « ailes d'eau », capables de faire survoler l'engin au-dessus de la surface de l'eau. Candela promet de décarboner la mobilité avec une solution plus rapide, moins polluante et consommant 90 % d'énergie de moins que les navires de transport public conventionnels.
Fondée en 2014, la jeune entreprise s'est d'abord concentrée sur la construction de bateaux de plaisance électriques, dont la dernière version a battu un record du monde en parcourant 420 milles nautiques ? l'équivalent de 777 kilomètres ? en 24 heures dans l'archipel de Stockholm.
Économiser jusqu'à 90 % d'énergie
Puis la start-up a réalisé l'ampleur du marché et du potentiel de sa technologie appliquée aux transports publics. « Jusqu'à aujourd'hui, le transport de personnes par voie d'eau est sale et coûteux, il n'a jamais beaucoup évolué, constate Gustav Hasselskog, cofondateur de la start-up. Un petit bateau consomme quinze fois plus de carburant qu'une voiture de taille moyenne? » D'où le choix de l'énergie électrique.
Mais cela ne suffit pas puisque « si l'on veut électrifier un bateau, il faut disposer d'énormes quantités d'énergie dont les batteries ne disposent pas. Construire un bateau électrique est donc une très mauvaise idée? à moins qu'il soit drastiquement moins gourmand en énergie ». Et c'est là que les hydrofoils interviennent : « Ces ailes sous le bateau lui permettent de ?voler?, donc de réduire le poids généré et le sillage de la navette dans l'eau, ce qui lui permet logiquement d'aller beaucoup plus vite avec beaucoup moins d'énergie. »
Le P-12 Shuttle, première navette de transport public opérationnelle de Candela, s'ajoutera à la flotte des ferries de transport public de Stockholm dès octobre 2024. Ce bateau en fibre de carbone de 8 500 kilogrammes pourra accueillir jusqu'à 30 passagers par voyage et atteindre une vitesse de 30 n?uds, soit plus de 55 km/h.
Vers de nouveaux horizons
«Ã‚ Pour la ligne que nous développons entre le centre-ville de Stockholm et Ekerö, en périphérie de la capitale, par exemple, notre navette mettra vingt-cinq àtrente minutes, soit deux fois moins de temps qu'un trajet en voiture aux heures de pointe, àcause des embouteillages sur les routes, se réjouit Gustav Hasselskog. En plus de cet argument de taille pour inciter àopter pour des moyens de transport décarboné, nous estimons que les coûts opérationnels de notre modèle seront réduits d'au moins 40 % par rapport aux bateaux conventionnels compte tenu de la consommation d'énergie réduite et des faibles besoins de maintenance. »
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Et Candela, dont le nom est inspiré, comme Tesla avant elle, d'une unité, celle de l'intensité lumineuse, ne compte pas faire flotter ses bateaux seulement dans les eaux de la mer Baltique. Sa première cible à l'international : l'Asie. « J'étais aux Maldives la semaine dernière, où ils font naviguer 1 500 bateaux qui consomment chacun environ 11,8 litres de carburant par mille nautique, explique le fondateur de la jeune pousse suédoise. Nous avons discuté avec Ibrahim Thoriq, le ministre de l'Environnement qui nous a expliqué qu'avec 500 de nos bateaux électriques seulement, on pourrait réduire de 24 % les émissions de carbone dans l'ensemble du pays, parce que les Maldives sont un immense archipel de 1 400 îles et que le transport terrestre y est très faible. Et nous voyons d'autres endroits comme cela sur ce continent, en Thaïlande ou au Vietnam, c'est donc là que nous allons vendre le plus. »
Ceux qui ont déjà ouvert des bureaux à Bangkok regardent aussi vers l'Europe et les États-Unis. « Nous discutons avec des villes partout dans le monde. Il y a beaucoup de grandes villes situées sur des lacs, des rivières et des zones côtières en Europe, où nous nous intéressons particulièrement à l'Italie, la Suisse, l'Autriche et l'Allemagne pour l'instant, ajoute l'entrepreneur. Nous serons évidemment présents tout le long du littoral des pays nordiques, à Helsinki et Oslo par exemple. Londres pourrait être un excellent terrain pour nos navettes, tout comme San Francisco, qui peut représenter un gros marché, et avec qui nous avons déjà des discussions avancées pour nous y implanter. »
Et sur la Seine, à Paris ? « Pourquoi pas, répond Gustav Hasselskog, sans témoigner néanmoins d'intérêt particulier pour la capitale française. Nous avons levé près de 70 millions d'euros jusqu'à maintenant, y compris auprès de grands constructeurs de bateaux comme Beneteau, et l'objectif est de faire fleurir notre hydroptère alternatif aux bateaux diesel à travers le monde en construisant 400 navettes de transport public par an. » Alors, bientôt tous à bord d'un bateau volant ?