Avec Raphaël Liégeois, la Belgique retrouvera l’espace en 2026
Raphaël Liégeois devrait effectuer un séjour de six mois dans l’ISS.
Un (nouveau) Belge dans l’espace, ce sera pour la seconde moitié de 2026. Après Frank De Winne et Dirk Frimout, c’est Raphaël Liégeois que l’Agence spatiale européenne (ESA) a désigné pour prendre le chemin de la Station spatiale internationale (ISS). Il devrait y effectuer un séjour de six mois. L’annonce a été faite ce mercredi à Bruxelles, en marge d’un « Conseil espace », réunion conjointe des ministres européens et des ministres de pays membres de l’ESA.
La carrière de Liégeois, diplômé en ingénierie biomédicale et en neurosciences, a pris la forme d’une comète. Admis dans la nouvelle classe d’astronautes européens en novembre 2022, avec quatre autres candidats sélectionnés parmi 22.523 candidatures valides issues de 22 pays, il a obtenu son « diplôme » en avril dernier. Moins d’un mois plus tard, le Namurois de 38 ans est donc désigné – avec Sophie Adenot, une Française de 42 ans, ingénieur, pilote d’essai d’hélicoptère et colonelle de l’armée de l’air – pour accomplir une prochaine mission dans la Station spatiale internationale. « C’est un petit peu plus tôt que ce à quoi je m’attendais », indique Liégeois qui se dit « très heureux et très impatient de vivre cette nouvelle aventure ».
La première mission de 2026 sera accomplie par Adenot, Liégeois prendra la suite. « Je suis impatient de relever ce nouveau défi à venir et de pouvoir porter, là-haut, les couleurs de la Belgique et de l’Agence spatiale européenne », a indiqué, de Houston, l’heureux élu par voie de communiqué.
Au cours de leur séjour dans la station spatiale internationale, les deux astronautes seront amenés à réaliser diverses opérations scientifiques, pour la plupart pilotées à partir de la Terre. Cette manière de procéder fait des astronautes des « techniciens qualifiés », nous déclarait Raphaël Liégeois à l’entame de sa formation au centre européen des astronautes à Cologne en 2023. Ses moindres faits et gestes seront programmés, commandés et suivis depuis le sol : « On ne peut pas maîtriser une expérience scientifique au même niveau que celui qui l’a préparée pendant des années », justifiait-il. « Nous devrons être capables de bien comprendre ce qu’on nous demande, d’échanger aussi bien sur le plan des expériences scientifiques que d’un point de vue opérationnel. » Véritable Graal de tous les astronautes, notre compatriote pourrait même effectuer une sortie extra-véhiculaire dans l’espace. Sa formation l’y préparera en tout cas.
Avant d’en arriver là, Liégeois et Adenot devront en effet poursuivre leur entraînement et se familiariser avec les moindres recoins et commandes de la station spatiale, principalement sur le site de Houston où ils vont passer deux ans. « Sophie et Raphaël devront approfondir les connaissances acquises lors de la formation de base des astronautes, tout en se rendant sur tous les sites partenaires », dit-on à l’ESA. « Ils se prépareront pour leurs missions assignées en se concentrant sur des tâches et des expériences spécifiques à réaliser dans l’espace ».
Cette partie de l’entraînement, le « mission specific training », consiste en un entraînement sur les expériences scientifiques qui seront réalisées à bord, mais aussi la poursuite d’un écolage en piscine pour préparer aux sorties extra-véhiculaire, pour maîtriser le vaisseau qui l’emmènera à bord de l’ISS, et pour manipuler le bras robotique de la station.
Dans un premier temps, les missions vers la Lune devraient pour leur part être réservées à des astronautes européens de la promotion précédant celle de Liégeois. Mais l’expérience acquise par ce dernier lui sera sans doute utile pour la suite.
Petite par la taille, la Belgique n’en est pas moins le cinquième contributeur net au budget de l’Agence spatiale européenne. Pour les cinq prochaines années, notre pays accordera pas moins de 305 millions par an (contre 255 millions auparavant) pour les seuls projets mis en œuvre par l’ESA. Un argument qui, avec l’intense lobbying du secrétaire d’Etat à la politique scientifique Thomas Dermine (PS), a sans doute pesé lourd dans le choix de l’Agence spatiale européenne.
La Belgique a dû patienter longtemps avant que se présente l’occasion de repartir vers les étoiles. Le dernier séjour d’un astronaute de notre pays dans l’ISS date de mai 2009. Frank De Winne avait alors passé six mois dans la station et en était même devenu commandant. Auparavant, De Winne avait effectué un plus court séjour (9 jours) dans l’ISS. Quant au tout premier astronaute belge, Dirk Frimout, c’est à bord de la navette spatiale américaine qu’il avait voyagé, 24 mars au 2 avril 1992.