La Russie a déployé une « arme spatiale » sur la trajectoire d’un satellite américain, accuse le Pentagone
La Russie a déployé une « arme spatiale » sur la trajectoire d’un satellite américain, accuse le Pentagone
«Â Une arme spatiale capable d’attaquer d’autres satellites en orbite terrestre basse ». Le Pentagone a accusé Moscou d’avoir lancé une arme spatiale et de l’avoir déployée sur la même orbite qu’un satellite du gouvernement américain, a-t-il annoncé lors d’une conférence de presse mercredi 22 mai.
Le porte-parole du département américain de la Défense, Pat Ryder, a précisé qu’il a été lancé le 16 mai « en orbite terrestre basse » et est considéré comme une « arme » par Washington. « Nous avons la responsabilité d’être prêts à protéger et à défendre […] le domaine spatial », a-t-il déclaré, assurant que les Etats-Unis continuent de surveiller la situation.
«Â Je ne veux faire aucun commentaire à ce sujet », a réagi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « Nous agissons en parfaite conformité avec le droit international, nous ne violons rien et nous avons à maintes reprises plaidé en faveur de l’interdiction de toute arme dans l’espace », a-t-il insisté lors d’un point de presse régulier à Moscou.
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Moscou et Washington s’accusent de militariser l’espace
«Â Malheureusement, nos initiatives ont été rejetées, y compris par les États-Unis », a ajouté le porte-parole. « Ils ont à nouveau démontré que leurs véritables priorités dans le domaine de l’espace extra-atmosphérique ne visent pas à préserver l’espace de tout armement, mais à placer des armes dans l’espace et à en faire une arène de confrontation militaire », a pour sa part déclaré la porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, Maria Zakharova, dans un communiqué.
Guerre en Ukraine : où vont les armes ?
Ces derniers mois, les deux superpuissances se sont mutuellement accusées de vouloir armer l’espace. En février dernier, la Maison Blanche avait déjà pointé du doigt la Russie, assurant qu’elle développait une arme antisatellite que plusieurs médias américains (dont NBC) avaient décrite comme un « équipement nucléaire ». Le Kremlin avait dénoncé des accusations « malveillantes » et « sans fondements ».
«Â Les informations relayées du côté américain sont un peu tirées par les cheveux », avait alors réagi Pierre Servent, spécialiste des questions militaires interrogé par le « Nouvel Obs ». « Mais ça ne veut pas dire que les Russes n’envisagent rien », avait-il rappelé, soulignant qu’un projet d’armes spatiales russes non nucléaires était crédible.
Des résolutions avortées à l’ONU
Sur fond de guerre en Ukraine et d’accusations mutuelles de militarisation l’espace, Washington et Moscou ont proposé des résolutions de non-prolifération rivales au Conseil de sécurité de l’ONU. Elles se seraient ajoutées à un traité de 1967 appelant à « ne pas développer d’armes nucléaires, ou toute autre arme de destruction massive, conçues spécifiquement pour être placées en orbite ».
La Russie a mis son veto à l’initiative américaine le mois dernier, tandis que la proposition de Moscou a été rejetée lundi faute des neuf voix nécessaires à son adoption (sept pays ont voté contre, dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France).
L’ambassadeur américain adjoint à l’ONU, Robert Wood, a déclaré que la proposition de la Russie, qui appelait tous les pays à « prendre des mesures urgentes pour empêcher à tout jamais le placement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique », visait à faire diversion et a accusé Moscou de faire de la « manipulation diplomatique ». Selon lui, le lancement russe du 16 mai succède à d’autres « lancements de satellites russes susceptibles d’être équipés de systèmes antisatellites en orbite basse, en 2019 et 2022 ».