Ravel est-il le seul auteur du « Boléro » ? La justice française tranche vendredi
Ravel est-il le seul auteur du « Boléro » ? La justice française tranche vendredi
Le « Boléro » du compositeur français Maurice Ravel (1875-1937) est-elle l’œuvre d’un seul, ou de plusieurs co-auteurs ? C’est la question qu’un tribunal judiciaire français va devoir trancher vendredi, dans le cadre de l’affaire des droits d’auteur liés à l’une des pièces de musique classique les plus diffusées au monde.
L’enjeu est de taille : si la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem), l’organisme qui gère et collecte les droits d’auteur en France, reconnaît le peintre et décorateur russe Alexandre Benois comme co-auteur, le « Boléro », tombé dans le domaine public en 2016, serait protégé jusqu’au 1er mai 2039, M. Benois étant décédé en 1960.
En France les droits d’auteur sur une composition musicale durent toute la vie de son auteur puis les 70 années qui suivent -elle tombe ensuite dans le domaine public, et peut être utilisée librement.
Le « Boléro » a été protégé pendant 78 ans et quatre mois, car la loi prévoit des prorogations qui visent à compenser le manque à gagner des artistes français durant les deux guerres mondiales, ce qui portait la protection jusqu’au 1er mai 2016.
Lors de l’audience le 14 février, les ayants droit de cet artiste ont argué que refuser de reconnaître leur aïeul comme coauteur de ce succès planétaire n’est pas un droit que la Sacem peut s’arroger.
«Ã‚ La musique du Boléro a été créée spécialement pour le ballet », avait assené Me Mille, avocat de la succession Benois.
Côté succession Ravel, on estime aussi que le « Boléro » est une « œuvre de collaboration » avec le décorateur russe, arguments historiques à l’appui.
Parmi ces arguments figure notamment la présence du nom de Benois sur l’argument de deux ballets représentés le soir de la première de l’œuvre de Ravel en 1928.
Pour l’avocate de la Sacem, Me Bénazéraf, les prétentions des demandeurs relèvent de la « fiction historique ».