JO 2024 : Cuba perd ses champions et revoit ses ambitions olympiques

Confronté à une grave crise économique, Cuba peine à maintenir sa politique sportive qui lui a rapporté d’innombrables titres olympiques et à retenir ses jeunes talents. L'île espère terminer parmi les 25 meilleures nations mondiales, en misant notamment sur les boxeurs expérimentés Julio César La Cruz et Arlen Lopez ou bien le légendaire lutteur Mijain Lopez Nuñez pour rapporter de l’or de Paris. Les deux hommes tout en haut du podium du triple saut des derniers championnats d’Europe d’athlétisme, disputés en juin à Rome, ont beaucoup de choses en commun. En plus d’exceller dans cette discipline, ils sont nés et ont grandi à Cuba, une île qu’ils ont choisi de quitter pour pouvoir pratiquer leur sport dans les meilleures conditions, sportivement et financièrement. Leur talent fait désormais le bonheur de deux nations européennes. Jordan A. Diaz Fortun a été couronné champion d’Europe grâce à un saut monumental de 18,18 mètres, troisième meilleure performance de tous les temps. En juillet 2021, cet athlète cubain a profité d’un meeting en Espagne pour quitter son équipe, deux mois seulement avant le début des Jeux olympiques de Tokyo. Âgé de 20 ans, il était alors l’une des grandes chances de médaille d’or de Cuba. C’est sous le maillot espagnol qu’il disputera ceux de Paris. Au Stade de France, il affrontera notamment son aîné Pedro Pichardo, médaillé d’argent aux championnats d’Europe. Natif de Santiago de Cuba, ce trentenaire possède désormais la nationalité portugaise. Lui a choisi de déserter en 2017, lors d’un stage organisé en Allemagne, et de rejoindre ensuite le Portugal, à qui il a offert un titre olympique gagné lors des Jeux de Tokyo. Une fuite massive de sportifs Ces deux athlètes font partie de la longue liste de sportifs et de sportives qui ont choisi de partir de Cuba pour rejoindre des clubs professionnels à l’étranger ou d’autres sélections nationales. Plusieurs centaines de joueurs de base-ball ont ainsi mis le cap sur des championnats professionnels, notamment aux États-Unis ou au Japon. Selon l’Institut national du sport, de l'éducation physique et des loisirs (Inder), 1 053 athlètes ont pris la fuite au cours des dix dernières années. Ce chiffre a été donné en octobre dernier par José Antonio Miranda, directeur général de la haute performance de l’Inder, lors d’une conférence de presse. La principale explication tient, selon lui, au blocus imposé par les États-Unis et à la grave crise économique qui en découle sur l’île. Une analyse que partage Luis Mariano Gonzalez, entraîneur national de l’équipe de France olympique de boxe. Parti de Cuba en 2003 pour travailler en Algérie puis en France, il reste très proche de son île natale, où il se rend régulièrement en stage avec des sportifs français. "Les sportifs qui partent cherchent une meilleure situation économique, pour eux et leur famille", explique-t-il. À voir aussiCuba s'enfonce dans la crise : l'île manque désormais de tout Les détracteurs du régime cubain avancent d’autres explications à cette émigration massive, comme le manque de libertés individuelles. L’ampleur de cette vague est en tout cas inédite sur cette île de 11 millions d’habitants. Selon les statistiques officielles américaines, plus de 500 000 Cubains sont arrivés aux États-Unis depuis décembre 2021. À la cinquième place des JO en 1992 Les autorités cubaines savent bien que lors de chaque compétition hors des frontières de l’île, les délégations risquent de rentrer avec moins de membres qu’au moment de leur départ. Les Jeux panaméricains organisés au Chili en octobre dernier n’ont pas été une exception, puisqu'une dizaine de sportifs cubains, dont six joueuses de hockey sur gazon, ont choisi de demander l’asile auprès des autorités chiliennes. Ces départs répétés pèsent logiquement sur les performances de Cuba, une île qui a lancé une ambitieuse politique au début des années 1960. Fidel Castro, resté à sa tête pendant 49 ans, était le défenseur d’une pratique sportive pour le plus grand nombre et éloignée du professionnalisme. "Si le sport dans notre patrie n’est pas un instrument politique, il s'agit bien d’une conséquence de la Révolution", avait-il déclaré lors de l'un de ses nombreux discours. Cuba avait besoin de succès sur la scène internationale et le régime utilisait le sport comme un facteur d’influence, en envoyant dans les pays amis des entraîneurs chevronnés. À lire aussiLong format : Fidel Castro, entre ombre et lumière Les efforts du régime ont rapidement donné de bons résultats, Cuba passant de la 31e place lors des Jeux de 1968 à la 14e place en 1976. La petite île des Caraïbes a même réussi l’exploit de décrocher la cinquième place aux Jeux de Barcelone en 1992, après avoir boycotté les deux olympiades précédentes. Et si elle a quitté en 2004 le groupe des dix premières nations mondiales, elle continue de résister, à l’image de sa 14e place en 2021 à Tokyo. La légende de la lutte vise un cinquième titre Les objectifs sont revus à la baisse pour Paris. L'Inder espère que Cuba figurera parmi les 25 premières nations mondiales, avec cinq médailles d’or en poche, contre sept au Japon. Et l'île comptera une nouvelle fois pour cela sur la boxe, la discipline qui lui a permis, à ce jour, de décrocher le plus de titres olympiques avec un total, selon le site du Comité international olympique, de 41 médailles d’or sur les 78 titres gagnés par Cuba. La délégation pour les Jeux de Paris comprend notamment les boxeurs émérites Julio César La Cruz et Arlen Lopez, tous deux en quête d’une troisième médaille d’or olympique. "C’est difficile pour les boxeurs qui sont numéros 2 ou 3 de leur catégorie de s’en sortir à Cuba et ce sont souvent eux qui partent", raconte Luis Mariano Gonzalez. L'entraîneur constate une baisse de qualité globale du sport cubain, les grands espoirs quittant l'île une fois formés et prêts à briller au niveau international. "C’est dur de les voir décrocher des médailles pour d’autres pays en athlétisme, en judo ou d’autres sports." Le lutteur Mijain Lopez Nuñez est, lui, resté fidèle à Cuba. Il jouit sur place d’un statut inégalable, dû à son palmarès olympique : quatre titres en quatre olympiades. Cette légende du sport cubain espère placer la barre encore plus haut. Mijain Lopez Nuñez est ainsi sorti en mai 2023 de sa retraite sportive pour essayer de décrocher en France, à pratiquement 42 ans, une cinquième médaille d’or historique. Un champion qui porte sur ses solides épaules une grande partie des espoirs de Cuba pour les Jeux de Paris. Et qui figure logiquement en bonne place dans la vidéo de l'hymne proposé par l'Inder pour cette olympiade, intitulé "Il est temps de gagner".

jo 2024 : cuba perd ses champions et revoit ses ambitions olympiques

Jordan A. Diaz Fortun (au centre) a décroché la médaille d'or du concours de triple saut des championnats d'Europe tandis que Pedro Pichardo (à gauche) a fini sur la deuxième marche du podium.

Confronté à une grave crise économique, Cuba peine à maintenir sa politique sportive qui lui a rapporté d’innombrables titres olympiques et à retenir ses jeunes talents. L'île espère terminer parmi les 25 meilleures nations mondiales, en misant notamment sur les boxeurs expérimentés Julio César La Cruz et Arlen Lopez ou bien le légendaire lutteur Mijain Lopez Nuñez pour rapporter de l’or de Paris.

Les deux hommes tout en haut du podium du triple saut des derniers championnats d’Europe d’athlétisme, disputés en juin à Rome, ont beaucoup de choses en commun. En plus d’exceller dans cette discipline, ils sont nés et ont grandi à Cuba, une île qu’ils ont choisi de quitter pour pouvoir pratiquer leur sport dans les meilleures conditions, sportivement et financièrement. Leur talent fait désormais le bonheur de deux nations européennes.

Jordan A. Diaz Fortun a été couronné champion d’Europe grâce à un saut monumental de 18,18 mètres, troisième meilleure performance de tous les temps. En juillet 2021, cet athlète cubain a profité d’un meeting en Espagne pour quitter son équipe, deux mois seulement avant le début des Jeux olympiques de Tokyo. Âgé de 20 ans, il était alors l’une des grandes chances de médaille d’or de Cuba.

C’est sous le maillot espagnol qu’il disputera ceux de Paris. Au Stade de France, il affrontera notamment son aîné Pedro Pichardo, médaillé d’argent aux championnats d’Europe. Natif de Santiago de Cuba, ce trentenaire possède désormais la nationalité portugaise. Lui a choisi de déserter en 2017, lors d’un stage organisé en Allemagne, et de rejoindre ensuite le Portugal, à qui il a offert un titre olympique gagné lors des Jeux de Tokyo.

Une fuite massive de sportifs

Ces deux athlètes font partie de la longue liste de sportifs et de sportives qui ont choisi de partir de Cuba pour rejoindre des clubs professionnels à l’étranger ou d’autres sélections nationales. Plusieurs centaines de joueurs de base-ball ont ainsi mis le cap sur des championnats professionnels, notamment aux États-Unis ou au Japon. Selon l’Institut national du sport, de l'éducation physique et des loisirs (Inder), 1 053 athlètes ont pris la fuite au cours des dix dernières années.

Ce chiffre a été donné en octobre dernier par José Antonio Miranda, directeur général de la haute performance de l’Inder, lors d’une conférence de presse. La principale explication tient, selon lui, au blocus imposé par les États-Unis et à la grave crise économique qui en découle sur l’île. Une analyse que partage Luis Mariano Gonzalez, entraîneur national de l’équipe de France olympique de boxe. Parti de Cuba en 2003 pour travailler en Algérie puis en France, il reste très proche de son île natale, où il se rend régulièrement en stage avec des sportifs français. "Les sportifs qui partent cherchent une meilleure situation économique, pour eux et leur famille", explique-t-il.

À voir aussiCuba s'enfonce dans la crise : l'île manque désormais de tout

Les détracteurs du régime cubain avancent d’autres explications à cette émigration massive, comme le manque de libertés individuelles. L’ampleur de cette vague est en tout cas inédite sur cette île de 11 millions d’habitants. Selon les statistiques officielles américaines, plus de 500 000 Cubains sont arrivés aux États-Unis depuis décembre 2021.

À la cinquième place des JO en 1992

Les autorités cubaines savent bien que lors de chaque compétition hors des frontières de l’île, les délégations risquent de rentrer avec moins de membres qu’au moment de leur départ. Les Jeux panaméricains organisés au Chili en octobre dernier n’ont pas été une exception, puisqu'une dizaine de sportifs cubains, dont six joueuses de hockey sur gazon, ont choisi de demander l’asile auprès des autorités chiliennes.

Ces départs répétés pèsent logiquement sur les performances de Cuba, une île qui a lancé une ambitieuse politique au début des années 1960. Fidel Castro, resté à sa tête pendant 49 ans, était le défenseur d’une pratique sportive pour le plus grand nombre et éloignée du professionnalisme. "Si le sport dans notre patrie n’est pas un instrument politique, il s'agit bien d’une conséquence de la Révolution", avait-il déclaré lors de l'un de ses nombreux discours. Cuba avait besoin de succès sur la scène internationale et le régime utilisait le sport comme un facteur d’influence, en envoyant dans les pays amis des entraîneurs chevronnés.

À lire aussiLong format : Fidel Castro, entre ombre et lumière

Les efforts du régime ont rapidement donné de bons résultats, Cuba passant de la 31e place lors des Jeux de 1968 à la 14e place en 1976. La petite île des Caraïbes a même réussi l’exploit de décrocher la cinquième place aux Jeux de Barcelone en 1992, après avoir boycotté les deux olympiades précédentes. Et si elle a quitté en 2004 le groupe des dix premières nations mondiales, elle continue de résister, à l’image de sa 14e place en 2021 à Tokyo.

La légende de la lutte vise un cinquième titre

Les objectifs sont revus à la baisse pour Paris. L'Inder espère que Cuba figurera parmi les 25 premières nations mondiales, avec cinq médailles d’or en poche, contre sept au Japon. Et l'île comptera une nouvelle fois pour cela sur la boxe, la discipline qui lui a permis, à ce jour, de décrocher le plus de titres olympiques avec un total, selon le site du Comité international olympique, de 41 médailles d’or sur les 78 titres gagnés par Cuba. La délégation pour les Jeux de Paris comprend notamment les boxeurs émérites Julio César La Cruz et Arlen Lopez, tous deux en quête d’une troisième médaille d’or olympique.

"C’est difficile pour les boxeurs qui sont numéros 2 ou 3 de leur catégorie de s’en sortir à Cuba et ce sont souvent eux qui partent", raconte Luis Mariano Gonzalez. L'entraîneur constate une baisse de qualité globale du sport cubain, les grands espoirs quittant l'île une fois formés et prêts à briller au niveau international. "C’est dur de les voir décrocher des médailles pour d’autres pays en athlétisme, en judo ou d’autres sports."

Le lutteur Mijain Lopez Nuñez est, lui, resté fidèle à Cuba. Il jouit sur place d’un statut inégalable, dû à son palmarès olympique : quatre titres en quatre olympiades.

Cette légende du sport cubain espère placer la barre encore plus haut. Mijain Lopez Nuñez est ainsi sorti en mai 2023 de sa retraite sportive pour essayer de décrocher en France, à pratiquement 42 ans, une cinquième médaille d’or historique. Un champion qui porte sur ses solides épaules une grande partie des espoirs de Cuba pour les Jeux de Paris. Et qui figure logiquement en bonne place dans la vidéo de l'hymne proposé par l'Inder pour cette olympiade, intitulé "Il est temps de gagner".

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