Défense : les dépenses mondiales sur les armes nucléaires en forte hausse
Des militaires russes autour d’un missile nucléaire non stratégique durant des entraînements militaires à la frontière entre la Russie et la Biélorussie, le 11 juin 2024.
Les États ont dépensé près de 100 milliards de dollars en 2023 pour acquérir des armes nucléaires, sous l’impulsion de l’augmentation du budget de la défense américaine. Cette augmentation intervient dans un contexte sécuritaire incertain avec la guerre en Ukraine et l’invasion de Gaza par l’armée israélienne.
Les dépenses pour l’achat d’armes nucléaires avaient déjà augmenté de 3 % entre 2021 et 2022. Mais cette année, le chiffre est plus conséquent encore, même si le nombre d’ogives a légèrement diminué : en 2023, les dépenses globales sur les armes nucléaires ont augmenté de 13 %, pour atteindre le record de 91,4 milliards de dollars, selon les calculs de la Campagne Internationale pour Abolir les Armes Nucléaires (ICAN), relayés par The Guardian.
Au total, les États ont dépensé plus de 10 milliards de dollars de plus que l’année précédente, et les États-Unis représentent 80 % de cette augmentation.
Toutes les puissances nucléaires ont dépensé plus
Actuellement, 9 États disposent d’un arsenal nucléaire : la Chine, La Corée du Nord, les États-Unis, la France, l’Inde, Israël, le Pakistan, le Royaume-Uni et la Russie. Comme le révèle l’ICAN, ces 9 pays ont tous augmenté leurs dépenses en matière de nucléaire en 2023. Elles disposeraient d’« un arsenal nucléaire, d’un total de 12 121 ogives et ont dépensé 91,4 milliards de dollars (82,8 milliards €) pour leurs arsenaux » selon le groupe.
Les États-Unis sont sur la première marche du podium et réalisent une augmentation de 18 % des dépenses avec 51,5 milliards de dollars. On retrouve sur les marches du podium la Chine avec 11,9 milliards de dollars, puis la Russie avec 8,3 milliards. La France arrive, elle, en quatrième position, avec 5,6 milliards. « Cette dépense d’argent public s’inscrit dans la volonté du président Macron de justifier l’arme nucléaire en mettant en avant la dimension européenne de la dissuasion nucléaire” », selon l’ICAN.
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L’ICAN dénonce des montants « obscènes »
«В Je pense qu’il est juste de dire qu’une course aux armements nuclГ©aires est en coursВ В», a dГ©clarГ© la directrice de l’ICAN, Melissa Parke, Г l’AFP. Pour cette derniГЁre, il s’agit d’une utilisation « inacceptable des fonds publicsВ В». Elle a par ailleurs qualifié les montants dГ©pensГ©s d’ « obscГЁnesВ В». La directrice a soulignГ© que ces fonds reprГ©sentaient plus que ce que le Programme alimentaire mondial estime nГ©cessaire pour mettre un terme Г la faim dans le monde. « Et l’on pourrait planter un million d’arbres pour chaque minute de dГ©penses consacrГ©es aux armes nuclГ©airesВ В», a-t-elle ajoutГ©.
Wilfred Wan, directeur du programme sur les armes de destruction massive à l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), a lui affirmé que « depuis la guerre froide, les armes nucléaires n’ont jamais joué un rôle aussi important dans les relations internationales ». D’après cet institut, les États possédant un arsenal nucléaire n’ont eu de cesse ces derniers mois de le moderniser, avec pour conséquence une augmentation du « nombre d’ogives nucléaires opérationnelles », dans un contexte de tensions géopolitiques importantes dans le monde.