En Corse, des punitions citoyennes pour les collégiens
En Corse, des punitions citoyennes pour les collégiens
Le soleil est à son zénith, ce mercredi de juin, sur la plage d'Olzo, qui serpente sur le littoral de Saint-Florent (Haute-Corse). Sur le sable, les premiers touristes de l'avant-saison profitent d'un moment de détente face au « désert » des Agriates, qui s'étire le long du golfe, avant l'affluence estivale. Il n'y a que le bavardage d'une douzaine d'adolescents pour troubler la quiétude qui règne sur la plage. Ici, pas de colonie de vacances : ces élèves de cinquième sont? en heures de colle.
Ils s'appellent Marcu Maria, Adamel ou Antoine. Ils ont 12 ou 13 ans, étudient au collège de cette cité balnéaire de la Conca d'Oro et expérimentent cette punition d'un genre particulier. Pas de feuille A4, de devoirs ni de recopiage du règlement intérieur, mais une action citoyenne en guise de sanction.
Gants et sacs-poubelle à la main, ils arpentent la plage pour ramasser et trier les déchets : plastiques, cordages, mégots, fils de canne à pêche? « C'est mieux que de rester deux heures assis sur une chaise, sourit Marcu Maria, un élève de cinquième. On fait une action utile pour la planète et, en plus, on est dehors. »
Une mer noyée par les déchets
Cette punition au grand air, unique en Corse, a été mise en place il y a un peu plus d'un an par le collège Maria-Ghjentile de Saint-Florent, en partenariat avec J'aime ma mer, une association de défense de l'environnement marin.
L'équipe éducative estime qu'elle a aussi des vertus pédagogiques : « C'est une nouvelle manière de travailler avec les enfants pour les sensibiliser aux enjeux liés à la préservation de la nature », explique Olivier Guldemann, conseiller principal d'éducation au sein de l'établissement. « C'est aussi une façon de leur faire découvrir le monde associatif, ainsi que notre patrimoine marin, qui est en péril », ajoute-t-il.
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Un enjeu de taille dans une Méditerranée noyée par les déchets plastiques, qui mettent en danger les espèces marines et la santé humaine : selon une étude de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la quantité totale de plastiques accumulés dans cet espace maritime est estimée à? 1,2 million de tonnes. Pas moins de 229 000 tonnes de déchets plastiques finiraient leur course dans la Méditerranée chaque année.
« On prend conscience de l'état de la nature »
«Ã‚ Environ 80 % de la pollution plastique maritime vient de la terre, fait savoir Loïc Paris, le président de l'association. Il y a un vrai enjeu de sensibilisation des jeunes àl'importance du patrimoine marin, mais aussi de connaissance de la biodiversité, en les familiarisant avec la faune et la flore. »
Si, au terme de cette punition au grand air, les élèves n'auront ramassé que quelques dizaines de sacs de déchets ? une goutte d'eau dans un océan de pollution ?, l'enseignement, lui, est bien là. « C'est le genre d'action qui nous fait réfléchir, reconnaît Antoine, 12 ans, qui en est à sa troisième opération de nettoyage après quelques chamailleries en salle de classe. En ramassant les plastiques, on prend conscience de l'état de la nature et on se dit que, nous aussi, à notre niveau, on peut la protéger. »