Emoi après la "purge" à LFI, surprise du retour de Hollande... la gauche inquiète pour son Nouveau Front populaire
Raquel Garrido à Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis, le 7 décembre 2023
Coup de massue à gauche, à peine réunie sous la bannière du Nouveau Front populaire, la décision de LFI de ne pas réinvestir plusieurs figures opposées à Jean-Luc Mélenchon a mis le feu aux poudres, une crise qui risque d'être également entretenue par la candidature surprise de François Hollande.
Le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a accusé La France insoumise de "salir" le Nouveau Front populaire par "des décisions irresponsables" et tente de "régler la scandaleuse éviction". La patronne des Écologistes Marine Tondelier, "extrêmement choquée", a dénoncé "une purge" et a réuni la direction de son parti EELV.
Danielle Simonnet à Paris le 17 mai 2022
Les causes de la grogne sont doubles: un proche de Jean-Luc Mélenchon, Adrien Quatennens, député sortant du Nord condamné en 2022 à quatre mois d'emprisonnement avec sursis pour violences conjugales, a été réinvesti vendredi soir par la formation de gauche radicale.
Le députant sortant de La France Insoumise (LFI) Adrien Quatennens lors d'une manifestation à Paris le 30 avril 2024
En revanche, Danielle Simonnet, élue à Paris, ainsi que Raquel Garrido et Alexis Corbière, députés de Seine-Saint-Denis, opposés à la ligne du tribun, ont été brutalement écartés et remplacés par d'autres candidats inconnus du grand public.
Une manière pour Jean-Luc Mélenchon de "régler ses comptes" avec ses anciens proches, a accusé Alexis Corbière.
"On n'a pas décidé ça comme ça de manière autoritaire, on a eu des remontées de militants et nous avons maintenant des candidatures de figures qui incarnent le Front populaire", s'est défendu après de l'AFP un proche du fondateur de LFI.
Mais une question est dans tous les esprits: les divisions au sein de LFI ne risquent-elles pas d'affaiblir le Nouveau Front populaire, à deux semaines du premier tour?
"Il faut être dingue pour penser que de telles méthodes n'auront pas d'influence sur la mobilisation", a regretté Alexis Corbière.
- Ligne unitaire -
Raquel Garrido, Danielle Simonnet et Alexis Corbière ont expliqué qu'ils maintiendraient leur candidature aux législatives, même sans l'étiquette de La France insoumise.
"Ces gens-là prévoyaient de ne pas être dans notre groupe parlementaire après l'élection", accuse le proche de Jean-Luc Mélenchon.
A la manifestation parisienne contre l'extrême droite, Danielle Simonnet, affichant un grand sourire, a fait une apparition dans le cortège des élus, aux côtes de représentants de la direction comme Danièle Obono ou Sophia Chikirou.
Alexis Corbiere à l'Assemblée nationale le 17 octobre 2023
"C'est quelqu'un d'un autre parti qui a fait entrer Simonnet dans le carré de tête, LFI ne voulait pas" a expliqué à l'AFP un élu présent sur place.
Avant que le cortège ne s'élance, Olivier Faure et Marine Tondelier, accompagné du sénateur communiste Ian Brossat, ont pris la parole avec la cheffe des députés LFI Mathilde Panot, sans un mot sur la crise actuelle.
La Secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, à Paris, le 10 juin 2024
Deux autres députés sortants, Hendrik Davi (Bouches-du-Rhône) et Frédéric Mathieu (Ille-et-Vilaine), ne sont pas non plus dans la liste des candidats de LFI pour le scrutin des 30 juin et 7 juillet.
Aux yeux de la direction, ces cinq élus sont coupables d'avoir dénoncé le manque de démocratie au sein du mouvement et, selon M. Corbière, d'avoir "porté une ligne plus unitaire".
- "Sans laisse ni muselière" -
"L'extrême droite tape à la porte du pouvoir. Et que font-ils ? Ils divisent. Ils purgent des candidats sortants, sans autre motif qu'ils et elles ont une parole libre, sans laisse ni muselière", a également dénoncé François Ruffin samedi.
Plus discret médiatiquement que d'autres dans sa dénonciation de la machine insoumise, le député de la Somme a semblé acter dès vendredi soir sa rupture avec LFI.
Il a d'ailleurs été investi comme "porte-parole de Picardie Debout", son micro-parti, et rangé avec les candidats d'ouverture, comme Philippe Poutou.
Clémentine Autain, autre frondeuse en conflit avec la direction insoumise, a accusé cette dernière de "créer du dégoût de la politique".
Autre sujet potentiel de zizanie au sein du Nouveau Front populaire, la candidature de François Hollande, qui a surpris jusque dans les rangs socialistes et dont le bilan au pouvoir est critiqué par une grande partie de la gauche.
"Est-ce qu'on peut croire que M. Hollande s'est converti en une nuit? Que d'un seul coup le voilà favorable à la retraite à 60 ans. Que d'un seul coup le voilà favorable à l'indexation des salaires sur l'inflation? J'en doute", s'est ainsi demandé François Ruffin en marge de la manifestation à Amiens contre l'extrême droite.
Le PS a pour sa part simplement indiqué "prendre acte du choix de la fédération de Corrèze" d'investir l'ancien président socialiste.
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