Malgré une «purge» à LFI, Clémentine Autain en campagne à Sevran croit la «victoire possible»
A deux pas du marché de Sevran, on se met en rang pour la photo de groupe. Militants et élus locaux posent aux côtés de Clémentine Autain. «Qu’est-ce qu’on peut dire ?» demande-t-elle avant la prise. Un militant complète : «Raquel, Alexis, Danielle, solidarité». Ce samedi matin, la «purge» de la nuit est au cœur des discussions. Raquel Garrido, Alexis Corbière, Danielle Simonnet, mais aussi Hendrik Davi et Frédéric Mathieu, tous députés sortants et frondeurs insoumis, ne sont pas investis par LFI pour les législatives. Clémentine Autain et François Ruffin, qui partagent la même ligne, à l’écart des mélenchonistes, sont épargnés. «On s’inquiétait pour Clémentine», confie Brigitte Bernex, sa suppléante et première adjointe communiste de Sevran. Le maire divers gauche Stéphane Blanchet «vient d’apprendre ça» des autres militants. «Ils n’arrêtent pas d’en parler», poursuit l’édile dont la majorité rassemble écologistes, socialistes, communistes et insoumis.
«Pas dormi de la nuit»
Il faut tout de même lancer la campagne. A 10 heures, la bande de militants distribue les premiers tracts, sur une petite placette. A distance des effluves des étals et des ventes à la criée, les papiers passent de main en main. «Ça part comme des petits pains. Il nous faut même des nouveaux tracts», se réjouit Jean-Francois Baillon, conseiller municipal écologiste de Sevran. Clémentine Autain les rejoint rapidement, un peu en retard, mais trouver une place où se garer relève ici du miracle. «On est sonnés par l’info du jour», envoie-t-elle d’emblée, répétant n’avoir «pas dormi de la nuit». Après la photo, la trentaine de militants se disperse pour quadriller la zone, tracts en main. Pour Clémentine Autain, les premières sollicitations ne tardent pas. Une passante l’aborde chaleureusement : «Merci beaucoup pour l’union, franchement merci !» «Je suis d’origine maghrébine et je suis médecin. On est pas que des voyous», ajoute-t-elle, redoutant une victoire de l’extrême droite.
L'équipe de militants autour de Clémentine Autain.
A l’intérieur du marché couvert, au comptoir d’une commerçante chez qui elle a ses habitudes, Clémentine Autain prend le temps de revenir sur la toute récente crise qui secoue le Nouveau Front populaire, autour d’un sirop d’orgeat et d’un thé à la menthe. Auprès de Libération, elle critique «une attitude irresponsable» de la direction de LFI. «C’est tout petit au regard de l’histoire que nous sommes en train de vivre», déplore la candidate de la 11e circonscription de la Seine-Saint-Denis. Elle appelle «la direction de la France insoumise à ne pas maintenir cette décision injuste, dangereuse pour l’union», qui touche «les personnes les plus proches avec lesquelles [elle a] mené des batailles sur le cas d’Adrien Quatennens, sur la démocratie interne, sur le 7 Octobre». Pourtant malgré la «purge», Clémentine Autain s’affiche confiante. «C’est facile de faire campagne aujourd’hui ici et de dire vous avez un choix entre l’extrême droite et nous. Je ressens un élan, une énergie incroyable pour aller chercher la victoire. Elle est possible.»
«C’est l’extrême droite de Bardella ou c’est nous ?»
Le lancement de la campagne est la priorité du matin. Clémentine Autain et ses militants répètent inlassablement aux passants d’aller chercher les gens, de pousser leurs proches à voter. En 2022, l’abstention frisait les 70 % pour les législatives. Ahmed, 65 ans, l’interpelle et la «remercie par rapport à la Palestine». Ce travailleur dans la fonction publique a voté avec ses enfants «pour la première fois aux européennes» et se dit «très inquiet» pour le scrutin à venir. «Il faut appeler les gens à aller voter. Ici, on fait des scores magnifiques, mais le problème, c’est la participation», lui répond Clémentine Autain. Au tour d’une étudiante de se présenter. Elle est venue avec sa mère demander une photo. «C’est l’extrême droite de Bardella ou c’est nous ?» lui demande la députée sortante. «C’est nous ! J’espère que vous allez réussir à passer», sourit sa supportrice. Comme elle, plusieurs jeunes ont défilé dans la matinée pour encourager Clémentine Autain, qui s’est dit «frappée» par leur grand nombre.
Clémentine Autain et ses militants sur le marché de Sevran, samedi matin.
Entre deux échanges, la troupe garde un œil sur l’actualité, preuve d’un lancement de campagne sous tension. Les réactions des différentes personnalités politiques du Nouveau Front populaire sont scrutées. Et une nouvelle surprise fait jaser parmi les militants : François Hollande est candidat en Corrèze. «Oh my god, c’est étonnant», s’écrie Clémentine Autain. Encore quelques tracts, quelques appels à voter et quelques remerciements, il est presque midi et la candidate doit filer. Au menu du restant de la journée, une interview express au 13 heures de France Inter, puis à 14 heures la manifestation à République. A midi passé, quelques irréductibles tractent encore à Sevran. Comme pour un lancement de campagne ordinaire.