REPORTAGE. Nouvelle-Calédonie : « un moment grave », les premiers mots d’Emmanuel Macron sur place
Le président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, Louis Mapou (2e à gauche) et le président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, Roch Wamytan (au centre), assistent à une réunion avec le président français Emmanuel Macron (3e à droite), les élus et les représentants locaux de la Nouvelle-Calédonie au haut-commissariat à Nouméa.
Le président de la République est arrivé à Nouméa peu après 8 h, heure locale, 23 h, heure de Paris pour une première visite gouvernementale depuis le début de la crise qui secoue le « caillou ». Il a commencé par une rencontre avec les élus.
Ce jeudi 23 mai 2024, 8 h 23, heure de Nouméa, l’avion présidentiel se pose sur le tarmac de la Tontouta en Nouvelle-Calédonie. Un aéroport fermé jusqu’à nouvel ordre en raison des violentes émeutes qui secouent le « caillou », surnom donné à ce territoire français du Pacifique à 17 000 km de Paris.
Il aura fallu un peu plus de 24 heures d’avion entrecoupées d’une escale à Vancouver pour que la délégation présidentielle l’atteigne. Emmanuel Macron n’est pas venu seul. Le ministre de l’Intérieur et des outre-mer Gérald Darmanin, la ministre déléguée aux outre-mer Marie Guévenoux et le ministre des Armées Sébastien Lecornu sont aussi du voyage. Ainsi qu’une poignée de médias, dont Ouest-France.
«Le retour au calme, àla paix, àla sécurité, c’est la priorité»
Le programme sur place s’élabore en vol. Le déplacement présidentiel a été annoncé mardi matin pour un départ le soir même, créant de la sidération parmi les élus locaux. Une visite courte (12 h sur place pour environ 50 heures d’avion aller-retour) conçue comme un geste d’apaisement, d’écoute, porté par le Président qui a choisi d’y aller en personne plutôt que d’envoyer son Premier ministre ou son ministre de l’Intérieur.
«Â Le retour au calme, à la paix, à la sécurité, c’est la priorité des priorités », dit le Président à la descente de l’avion. « Je vais me rendre au Haut-Commissariat et écouter. Écouter l’ensemble des forces institutionnelles, économiques, politiques, coutumières et à l’issue de cette journée, des décisions seront prises et des annonces seront faites. »
Des files d’attente devant des commerces
Le président de la République quitte l’aéroport en hélicoptère direction la base navale. L’occasion de survoler différents points de Nouméa qui s’est embrasée ces derniers jours.
Sur la route du Haut-commissariat (équivalent de la préfecture), des forces de l’ordre, un groupe de manifestants indépendantistes brandit des drapeaux kanaks au passage des voitures. Des files d’attente devant une boulangerie, un primeur, un supermarché entièrement brûlé mais aussi des piétons. Une dame avec des baguettes sous le bras lève les yeux au ciel en voyant les manifestants brandir des drapeaux.
«Ã‚ Un moment grave, lourd »
Peu avant 11 h, la réunion du président de la République avec les élus du territoire commence sur la terrasse du Haut-Commissariat. Ambiance lourde. Emmanuel Macron salue les élus un par un, silence dans la salle. Il souligne un « moment grave, lourd, dont on mesure tous la solennité ». Il fait observer une minute de silence, citant le nom des six victimes de cette crise, deux gendarmes et quatre civils.
«Ã‚ Un esprit constructif de dialogue »
«Ã‚ L’objectif de cette rencontre, sous cette forme, est pour moi avant tout de faire très librement un point sur la situation et de trouver un chemin pour avancer. C’est avec un esprit constructif de dialogue d’apaisement que je suis làdevant vous. »
Parmi les élus au premier rang : Sonia Lagarde, maire de Nouméa, Philippe Dunoyer, député Renaissance, Sonia Backes, présidente loyaliste de la Province Sud Nicolas Metzdorf, député Renaissance Louis Mapou, président du gouvernement calédonien, ou encore Jacques Lalie, président UC de la Province des îles. Une quarantaine de personnes sont présentes.
«Ã‚ 3 000 forces de l’ordre »
«Â La première chose, c’est l’ordre, le calme, la paix », déclare Emmanuel Macron. Il annonce « 3 000 forces de l’ordre » sur le territoire calédonien « dans quelque temps ». Et, précision importante : « Ces forces resteront aussi longtemps que nécessaire, même pendant les Jeux olympiques et Paralympiques. »
État d’urgence
Concernant l’état d’urgence, « la situation le justifie », estime le Président. « Je pense qu’il ne devrait pas être prolongé. Je suis là parce que le dialogue est nécessaire mais j’en appelle à la responsabilité. Il ne sera levé que si chacun appelle à la levée des barrages. »
Des réunions thématiques
Les trois ministres qui accompagnent Emmanuel Macron vont tenir des réunions thématiques. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des outre-mer, « ira rencontrer les forces de sécurité intérieure » et le ministre des Armées, Sébastien Lecornu « fera de même ». Quant à Marie Guévenoux, ministre déléguée aux outre-mer, elle « va mener une réunion spécifique sur la reconstruction ».
Dans l’après-midi de ce jeudi, le président de la République et les élus, qui se réunissent à huis clos, devraient aborder l’épineuse question politique. « L’apaisement ne peut pas être le retour en arrière (institutionnel). Néanmoins, nous devons remettre toutes les parties prenantes autour de la table. »
Douze heures sur place suffiront-elles ? « Je ne me fixe aucune limite », a répondu Emmanuel Macron sur le tarmac, visiblement prêt à prolonger sa visite si nécessaire.