Vladimir Poutine en visite en Corée du Nord mardi et mercredi
Il s'agira de la deuxième visite de Vladimir Poutine en Corée du Nord, près de 25 ans après la première, peu après son accession au pouvoir (photo d'archive).
Neuf mois après la visite du dirigeant nord-coréen en Russie, son homologue russe lui rend la pareille. « À l'invitation de Kim Jong-un (...), Vladimir Poutine effectuera une visite d'État amicale en République populaire démocratique de Corée les 18 et 19 juin 2024 », soit ce mardi et ce mercredi, a indiqué le Kremlin dans un communiqué ce lundi.
L'information a été confirmée dans la foulée par la Corée du Nord via son agence de presse officielle, KCNA. Le président russe se rendra ensuite au Vietnam, les 19 et 20 juin, un autre partenaire de la Russie de l'époque soviétique.
L'itinéraire de la visite du président russe en Corée du Nord n'a pas été dévoilé dans l'immédiat. Elle marque la deuxième visite dans ce pays. Il s'y est en effet déjà rendu il y a près d'un quart de siècle, peu après son accession au pouvoir, pour rencontrer le père de Kim Jung Un, Kim Jong-il.
Ce déplacement du président russe n'est pas une surprise. La Corée du Sud a averti la semaine dernière « observer de près les préparatifs de Poutine » pour une visite en Corée du Nord, que le Kremlin avait annoncé le mois dernier sans préciser de date. Selon l'agence sud-coréenne Yonhap, des images satellites témoignaient de l'installation au cœur de Pyongyang d'une « grande structure » susceptible d'être utilisée pour la réception du dirigeant russe.
Renforcer encore les liens
Selon des experts, les deux pays pourraient au cours de cette visite convenir de renforcer encore leurs échanges. Sous le coup de sanctions internationales d'ampleur, les deux pays ont déjà considérablement resserré leurs liens depuis le début de l'assaut russe contre l'Ukraine en février 2022. En témoigne le voyage de Kim Jong Un dans l'Extrême-Orient russe en septembre dernier.
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Au cours de cette visite, les deux hommes s'étaient couverts d'éloges, sans toutefois conclure d'accords, officiellement du moins. Kim Jong Un avait ainsi déclaré que les liens entre la Corée du Nord et la Russie étaient la « priorité numéro un » de son pays. La semaine dernière, il a tenu des propos dans la même veine, vantant leurs liens « indéfectibles de frères d'armes », qui datent de l'époque soviétique. En outre, en mars, la Russie a utilisé son veto au Conseil de sécurité de l'ONU pour mettre fin à la surveillance des violations des sanctions internationales visant la Corée du Nord, faisant ainsi un cadeau majeur à Pyongyang.
Le calendrier de ce déplacement conforte également les experts dans leur analyse. Il intervient en effet à un moment où Vladimir Poutine « a besoin d'aide dans son effort de guerre, et Kim souhaite développer son programme militaire », avait souligné Soo Kim, ancien analyste à l'agence de renseignement américaine CIA, auprès de l'AFP la semaine dernière.
Les Occidentaux sur le qui-vive
C'est d'ailleurs justement ce que craignent et dénoncent depuis des mois les Occidentaux. Selon eux, la Corée du Nord a puisé dans ses vastes stocks de munitions pour ravitailler massivement la Russie et ainsi l'aider dans son offensive en Ukraine. Les États-Unis ont encore la semaine dernière accusé Moscou d'user de missiles balistiques nord-coréens sur le sol ukrainien. En échange, selon Washington et Séoul, la Russie a fourni à la Corée du Nord son expertise pour son programme de satellites et a envoyé de l'aide pour faire face aux pénuries alimentaires du pays.
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Des allégations réfutées par Vladimir Poutine, qui présente son assaut contre l'Ukraine et ses efforts diplomatiques comme une bataille pour lutter contre l'hégémonie américaine sur la scène internationale, et se targue du soutien du géant chinois. La Chine qui est d'ailleurs le principal soutien économique et allié diplomatique de la Corée du Nord.
«Â Les échanges et la coopération entre la Russie et la Corée du Nord devraient être menés de manière à contribuer à la paix et à la stabilité dans la péninsule coréenne tout en respectant les résolutions du Conseil de sécurité », a en tout cas déclaré dans un communiqué le ministère sud-coréen des Affaires étrangères la semaine dernière.
Reste à voir s'il sera entendu, ou si les deux alliés, isolés sur le plan international, n'en feront, comme à leur habitude, qu'à leur tête.
(Avec AFP)