L’Iran libère deux prisonniers suédois, dont un diplomate de l’UE, contre un haut responsable iranien emprisonné
Stockholm (Suède), décembre 2023. Des opposants au régime iranien saluent le verdict de culpabilité prononcé contre Hamid Noury pour son rôle dans les exécutions de masse d’opposants ordonnées par Téhéran en 1988. L'intéressé a finalement été libéré en échange de deux ressortissants suédois. REUTERS/Johan Ahlander
L’Iran et la Suède ont annoncé samedi un échange de prisonniers avec les libérations d’un diplomate suédois de l’Union européenne détenu par Téhéran et d’un haut responsable iranien emprisonné en Suède. Les prisonniers libérés étaient sur le chemin du retour samedi après-midi dans leur pays, via Mascate, la capitale du sultanat d’Oman, qui a servi d’intermédiaire dans les négociations entre Stockholm et Téhéran, selon l’agence de presse omanaise.
L’Iran a indiqué que Hamid Noury, un ancien haut responsable de l’administration pénitentiaire, avait été libéré et serait de retour dans son pays en fin d’après-midi. « Hamid Noury, détenu illégalement en Suède depuis 2019, est libre et rentrera dans quelques heures », a déclaré le chef du Haut Conseil iranien des droits de l’homme, Kazem Gharibabadi, dans un message posté sur le réseau social X.
Cet Iranien âgé de 63 ans avait été arrêté en 2019 à Stockholm puis condamné à la perpétuité dans le pays scandinave pour son rôle dans les exécutions de masse d’opposants ordonnées par Téhéran en 1988.
Le diplomate risquait la peine de mort
De son côté, la Suède a annoncé les libérations de Johan Floderus, un diplomate de l’UE détenu en Iran depuis avril 2022, accusé d’espionnage et risquant d’être condamné à mort, et de Saeed Azizi, arrêté en novembre 2023. Ils sont sur le chemin du retour « et retrouveront enfin leurs proches », s’est félicité la Première ministre suédoise, Ulf Kristersson. Le dossier des prisonniers a fortement tendu ces dernières années les relations entre la Suède et l’Iran, qui exigeait la libération de Hamid Noury et critiquait un procès partial.
Cet échange de détenus intervient trois jours après la libération du Français Louis Arnaud, qui était détenu en Iran depuis septembre 2022. L’Iran détient encore huit Européens parmi lesquels trois Français : Cécile Kohler, son compagnon Jacques Paris et un troisième homme dont on ne connaît que le prénom, Olivier.
«Ã‚ La libération d’Hamid Noury, l’un des auteurs du massacre de 30 000 prisonniers politiques, dont 90 % étaient des membres ou des sympathisants de l’Organisation des moudjahidines du peuple d’Iran, est honteuse et injustifiable », a fustigé dans un communiqué le CNRI, groupe d’opposition en exil et vitrine politique de l’Organisation des moudjahidines du peuple d’Iran (OMPI).
«Ã‚ Tous les prisonniers, victimes de tortures, plaignants, familles des martyrs des massacres, et l’ensemble de la nation iranienne condamnent avec véhémence cette libération honteuse d’Hamid Noury, qui avait été condamné àla prison àvie », ajoute le CNRI. Cette libération « est aussi une insulte àla justice suédoise », estime le CNRI.
Cette libération, qui « laisse en état de choc un nombre incalculable de victimes et l’ensemble de la société iranienne (…) devrait aussi inquiéter grandement les défenseurs des droits de l’Homme à travers le monde », a estimé auprès de l’AFP Shadi Sadr, cofondatrice de l’ONG Justice for Iran. « Cela soulève des questions graves sur l’influence de la politique sur les affaires de juridictions universelles », a-t-elle estimé.
Pour Mahmood Amiry Moghaddam, directeur de l’ONG Iran Human Rights (IHR) basée en Norvège, la libération de M. Noury « marque un chapitre honteux dans l’histoire du gouvernement suédois ». « Cette décision va mettre encore plus en danger les ressortissants étrangers voyageant en Iran », a-t-il estimé. « C’est un message au régime iranien : peu importe les crimes que vous commettez, nous sommes prêts à entrer en relation avec vous », déplore-t-il.
Les gouvernements, les groupes de défense des droits de l’homme et les familles des ressortissants étrangers détenus en Iran ont accusé Téhéran de se livrer à une « diplomatie des otages ». L’Iran, de son côté, affirme qu’ils sont détenus sur la base de décisions de justice.