Au Royaume-Uni, des patientes asiatiques maltraitées par des sages-femmes
L'hôpital a qualifié ces comportements discriminatoires d'«inacceptables» et a promis qu'il les prenait «très au sérieux». | Getty Images via Unsplash
Des «princesses asiatiques». Voilà comment sont traitées des patientes de l'hôpital universitaire de Birmingham (Royaume-Uni) alors qu'elles demandent des soins pour la douleur au moment de l'accouchement. «Oh, elles sont toutes comme ça!», auraient lancé certaines sages-femmes, toujours à propos des patientes asiatiques, ajoutant que les demandeurs d'asile «jouent avec le système».
Le quotidien britannique The Independent explique que des étudiantes ont alerté les responsables du National Health Service (NHS, le système de santé du Royaume-Uni). Selon ces sages-femmes stagiaires, certaines de leurs collègues ont fait preuve de «mépris» à l'égard des patientes non blanches, particulièrement lorsque l'anglais n'était pas leur première langue et que celles-ci se retrouvaient sans interprète.
Ces révélations sur cet hôpital des Midlands de l'Ouest figurent dans un rapport du NHS, publié par le Health Service Journal, sur la formation des sages-femmes à l'hôpital universitaire de Birmingham –la seconde ville la plus peuplée du Royaume-Uni. Les responsables du NHS se disent «profondément préoccupés» par de tels agissements.
«Son accent, sa voix et ses manières»
Habib Naqvi, le directeur général de l'organisme de surveillance du NHS «Race and Health Observatory», s'est insurgé contre ces cas de discrimination. «Les comportements et les méthodes de travail discriminatoires peuvent conduire à des environnements d'apprentissage hostiles et peu encourageants, avoir un impact sur les soins et la sécurité des patients, et compromettre gravement l'objectif du NHS d'attirer et de retenir son personnel.»
Cette mise en garde intervient après que Donna Ockenden, présidente de la grande enquête sur les services de maternité de l'hôpital universitaire de Nottingham, un autre hôpital où des cas similaires ont été observés, a indiqué avoir trouvé d'«innombrables» rapports faisant état de comportements «racistes et discriminatoires».
Au sein de cet hôpital, une mère a ainsi signalé qu'un membre du personnel lui avait jeté un drap de lit alors qu'elle demandait à plusieurs reprises de l'aide pour changer les siens, tachés de sang. Une autre, qui venait de perdre son bébé, affirme qu'une sage-femme «imitait son accent, sa voix et ses manières». Au lieu de réprimander les auteurs de racisme, les supérieurs semblaient amusés.
La même mère, qui a ensuite demandé un interprète, a vu sa requête refusée. Donna Ockenden avait déjà soulevé à plusieurs reprises la question de la médiocrité des services de traduction à l'hôpital universitaire de Nottingham.
De son côté, l'hôpital universitaire de Birmingham a qualifié les comportements discriminatoires au sein de son établissement d'«inacceptables» et a promis qu'il les prenait «très au sérieux», ajoutant: «Nous voulons nous assurer que chaque femme et chaque famille dont nous nous occupons reçoivent des soins sûrs et équitables. Nous avons une tolérance zéro à l'égard de tout comportement discriminatoire au sein de nos hôpitaux.»
Dans le rapport du NHS, il est également question de commentaires «sarcastiques» à l'égard des mères souffrant de problèmes de santé mentale. Le document soulève des questions plus générales concernant les services de maternité: les apprenties sages-femmes assurent ainsi «n'avoir jamais connu une équipe complète», au point de se priver de pauses ou d'aller aux toilettes.