Législatives : «On se dirige vers une tripartition imparfaite de la chambre basse»

ENTRETIEN - Le directeur du pôle Politique et Actualités de l'Ifop, François Kraus, analyse les résultats du premier tour des élections législatives, qui confirment selon lui la tripartition de la vie politique française.

législatives : «on se dirige vers une tripartition imparfaite de la chambre basse»

«Il est difficile d'annoncer un retour du front républicain lors de ces élections législatives».

François Kraus est directeur du pôle Politique et Actualités de l'Ifop.

LE FIGARO. – Trois blocs clairs se dessinent à l'issue de ce premier tour : Rassemblement national, Nouveau Front populaire et la majorité présidentielle. Ces élections confirment-elles la tripartition de la vie politique ?

François KRAUS. – Il est vrai que le premier tour des élections législatives laisse entrevoir une tripartition imparfaite de la chambre basse autour de trois grandes forces : la France insoumise qui dominera largement ses alliés du NFP en nombre de sièges, Renaissance qui va essayer tant bien que mal d'éviter la dislocation du bloc central au lendemain du 7 juillet, et enfin un Rassemblement national et ses alliés issus de la droite républicaine (Éric Ciotti et ses amis) ou souverainiste comme Nicolas Dupont-Aignan ou les proches de Marion Maréchal.

Cependant, il faut reconnaître que cette tripartition de l'espace politique apparaissait déjà lors des dernières élections législatives mais sous la forme de blocs sans cohésion interne ni stratégie d'alliances électorales. En effet, il y a deux ans s'affirmait déjà un bloc de droite nationale mais le RN ne le dominait qu'imparfaitement (19,2% sur un total 24,6% en métropole) en raison du poids électoral encore significatif de Reconquête (4,3%) et des formations souverainistes (1,1%). Or, aujourd'hui, on voit bien que la formation lepéniste occupe la totalité de cet espace politique en cannibalisant à elle toute seule 33,2% des 34,4% des voix nationalistes.

De même, on oublie qu'en 2022, le bloc de gauche structuré dans le cadre de la NUPES souffrait alors de la concurrence d'une myriade de candidats divers gauche qui refusaient de passer sous les fourches caudines du mélenchonisme. Issus notamment du Parti socialiste, du Parti radical de gauche ou de la Fédération de la Gauche Républicaine, ces candidats avaient capté plus d'une voix de gauche sur dix (3,1% sur les 29,4% allant à des formations de gauche). Or, cette année, le poids électoral des candidatures divers gauche a été divisé par deux, malgré les bons scores réalisés par les «purgés» insoumis comme Danielle Simonnet dans la 15e circonscription de Paris (42 %), Alexis Corbière dans la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis, ou Raquel Garrido dans la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis.

Quant au bloc central autour du parti présidentiel et de ses alliés (Modem, Horizons, Parti Radical), il va sortir tellement affaibli de la séquence électorale que se pose la question de sa survie après le 7 juillet. Les prises de distance des leaders de la majorité à l'égard du président laissent en effet augurer une rapide implosion de la majorité macroniste. Mais dans ce bloc où le parti Renaissance n'est plus vraiment en mesure d'imposer sa loi, on a vu, à l'échelle locale se dessiner de nombreuses alliances «invisibles» avec les Républicains ou apparentés, signe que c'est de ce côté de l'échiquier politique que l'Élysée cherche les alliés nécessaires à une recomposition. D'après nos estimations, la moitié des députés LR/Divers droite/Divers centre qui seront élus le 7 juillet l'auront été dans des circonscriptions où la majorité présidentielle leur a laissé concourir sans concurrence. L'avenir nous dira si cette capacité à se coordonner avec la droite modérée s'inscrivait dans le cadre d'une stratégie de survie à court terme ou qu'il s'agit des prémices d'une alliance plus durable. Il paraît pourtant évident que cette alliance à droite est la seule perspective de recomposition qui s'offrira à l'avenir aux rescapés du macronisme.

Signent-elles aussi la mort du «front républicain» ? Peut-on imaginer un retour de celui-ci au second tour ?

Il est difficile d'annoncer un retour du front républicain lors de ces élections législatives compte tenu des attitudes observées il y a deux ans lors du dernier scrutin.

En effet, en 2022, la structuration du champ politique en trois blocs avait sauté aux yeux du fait de la faible fluidité entre les électorats de ces trois blocs. Lors des seconds tours par exemple, on avait pu observer qu'environ la moitié des électeurs du bloc non qualifié pour le tour final refusait de prendre parti pour l'un des deux blocs restants, y compris face au Rassemblement national. Dans la soixantaine de duels opposant un candidat de gauche à un candidat de droite radicale, les résultats montraient que la logique du front républicain avait du plomb dans l'aile : les candidats RN gagnant plus de voix que leurs adversaires de gauche, donnant l'impression que les électeurs macronistes renvoyaient dos à dos le RN et la gauche.

Cette année, il est probable que les choses ne soient pas aussi simples pour les candidats lepénistes qu’en 2022, dans la mesure où les comportements des électeurs à leur égard n'intégraient pas du tout la question du risque d'une majorité lepéniste à l'assemblée. Le Rassemblement national ayant de nouveau perdu l'élection présidentielle, il n'apparaissait en effet pas comme une force susceptible de prendre le pouvoir, laissant la possibilité pour de nombreux électeurs d'utiliser les bulletins RN pour faire tomber le camp d'en face : NUPES pour les électeurs macronistes, ensemble pour les électeurs de gauche. Cette année, le cœur de la bataille étant les duels entre le Nouveau Front populaire et le RN, il est évident que l'on n'observera pas les mêmes comportements.

Le faible score de LR marque-t-il la «moyennisation» de la droite classique ? Est-elle vouée à l'anonymat, coincée entre le bloc central et la droite radicale ?

Il faut reconnaître que la droite de gouvernement n'a jamais rassemblé aussi peu d'électeurs sous la Ve République. Alors qu'elle avait tenu bon aux législatives de 2017 après la catastrophique candidature de François Fillon à la présidentielle (21,2%), les Républicains et leurs alliés divers droite et UDI avaient difficilement encaissé le choc du fiasco de la candidature Pécresse : à peine 13,6% des suffrages exprimés étaient allés vers des candidats de droite modérée au premier tour des législatives de 2022, soit trois fois moins que leur score de 2002 ou de 2007.

Cependant, le score de la droite républicaine à ces élections de 2024 est loin d'être aussi catastrophique qu'il n'y paraît. D'abord, parce qu'avec environ 10% des voix, les candidats LR ou apparentés ont obtenu un score honorable, notamment au regard des scores de leurs candidats aux dernières élections présidentielles (2022) ou européennes (2019, 2022). Les élus LR ou apparentés («Nouvelle énergie» de David Lisnard, «Libres !» de Valérie Pécresse, «Nous France» de Xavier Bertrand…) confirment une nouvelle fois, la force de leur implantation locale qui avait fait une grande part de leurs belles performances aux élections municipales de 2020 ou aux élections régionales de 2021. Il n'y a qu'à voir en comparaison la nouvelle vague d'élimination des candidats macronistes - pour beaucoup sans implantation locale - pour mesurer la force électorale que la droite tire encore de ses élus locaux.

Deuxièmement, atteindre la barre des 10% me paraît une belle performance, compte tenu des scissions vécues par cette formation politique en l'espace de trois semaines : celle d'Éric Ciotti et de ses amis en direction du RN, mais aussi celle d'Aurélien Pradié, qui aurait rallié 30 candidats, dont dix sortants sous l'étiquette «Du courage !». La confusion qui a régné à droite suite au ralliement du président des Républicains, Éric Ciotti, au Rassemblement national, n'aura donc pas engendré un effondrement électoral total de la droite modérée.

Enfin, le poids politique de la droite ne peut plus être réduit au seul score des Républicains : il doit prendre en compte les forces présentes dans d'autres blocs telle que les candidats d'Édouard Philippe (Horizons) – qui compte beaucoup d'anciens LR - qui ont clairement annoncé leur prise de distance avec la majorité macroniste - et les candidats d'Éric Ciotti - LR il y a encore quelques semaines - qui devraient être en mesure d'avoir un groupe autonome à l'Assemblée. Or, ces deux forces originaires de LR, présentes dans 65 à 75 circonscriptions, totalisent chacune dans les 3,5 à 3,9% des voix, portant le total de la droite de gouvernement a 17-18%.

Dans la perspective de la recomposition politique du centre et de la droite qui aura lieu d'ici le prochain scrutin présidentiel, ce poids électoral doit être pris en compte dans l'avenir d'une famille politique dont la survie passe nécessairement par un processus de reconstruction du même type que celui suivi par le PS lors du congrès d'Épinay (1971). L'enjeu sera bien sûr d'en fixer les modalités et le leader.

OTHER NEWS

2 hrs ago

Ici tout commence : ce qui vous attend dans l'épisode 963 du lundi 8 juillet 2024 [SPOILERS]

2 hrs ago

Tour de France: "Ce serait jeter des forces par la fenêtre", les échappées publicitaires condamnées à mourir?

2 hrs ago

Mercato : Marquinhos vers la Saudi Pro League ? Le PSG aurait pris sa décision

2 hrs ago

Emploi : la réforme des retraites du RN va-t-elle vraiment augmenter le taux d’activité ?

2 hrs ago

"Nous nous réjouissons de l'accueillir à nouveau à Anderlecht"

2 hrs ago

Que vaut Pérez face aux autres équipiers de Verstappen ?

2 hrs ago

Tour de France : Mark Cavendish sanctionné pour s’être abrité derrière son véhicule technique

2 hrs ago

L’Incident du rythme cardiaque de Cristiano Ronaldo : Il risquerait une grosse amende de l’UEFA »

2 hrs ago

Le Barça a un gros problème avec son capitaine

2 hrs ago

Éliminez les mouches et moucherons chez vous avec ces astuces de grands-mères incontournables (Et ça marche !)

2 hrs ago

Vendredi, place du marché à Montfort-sur-Meu, on parle santé dans un bus

2 hrs ago

1 indispensable, 1 ovni absolu et 1 rattrapage de la dernière chance : notre sélection des 3 films à voir pour la fête du cinéma 2024

2 hrs ago

Législatives: plus de 900 professionnels de santé d'Auvergne Rhône-Alpes appellent à voter contre le RN

2 hrs ago

Voitures électriques : vous avez 4 mois, pas plus, pour acheter des modèles MG pas trop chers

2 hrs ago

Tesla célèbre la fête de l’indépendance avec un nouveau programme d’achat militaire pour honorer les membres du service.

2 hrs ago

Gemini devrait bel et bien devenir le second modèle intégré à Siri

2 hrs ago

Mélenchon répond à Ruffin qui l’a traité de « boulet » : « des législatives aussi dangereuses » ne sont « pas le moment de régler ses comptes »

2 hrs ago

Tour de France. Tadej Pogacar fait un beau geste pour l’un des fils de Mark Cavendish

2 hrs ago

Márquez a ramené Marco Lucchinelli: « Je n’ai pas besoin de l’épouser ou de coucher avec lui, il doit juste me sortir du canapé et il le fait »

2 hrs ago

F1. Carlos Sainz, candidat idéal à la succession d’Ocon pour Pierre Gasly

2 hrs ago

"Só Biden pode desistir da candidatura, ninguém pode obrigá-lo a renunciar", diz especialista

2 hrs ago

Euro 2024: une révolution tactique de l'Angleterre pour affronter la Suisse?

2 hrs ago

Fisker brade ses derniers exemplaires de l’Ocean à 13 000 €

2 hrs ago

Infection À Hantavirus : Signes D’avertissement À Surveiller

2 hrs ago

Des perquisitions chez Enedis pour soupçons de fausse facturation

2 hrs ago

Prix Opel Frontera : un positionnement tarifaire intéressant mais incohérent pour le cousin du C3 Aircross

2 hrs ago

Euro-2024: "De toute façon, on sera gagnants", clament les Franco-Portugais avant le quart de finale

2 hrs ago

Elections au Royaume-Uni : large victoire du Labour, la gauche revient triomphalement au pouvoir

2 hrs ago

Les Bleues giflées par la Norvège en préparation des JO de Paris

2 hrs ago

“Très bonne alternative à l’omelette classique” : découvrez notre recette la frittata de courgettes à faire au four

3 hrs ago

Bouches-du-Rhône: Renaud Muselier soutient Anne-Laurence Petel malgré son refus de se désister

3 hrs ago

XV de France : Baptiste Serin capitaine et six nouveaux sélectionnés face à l’Argentine

3 hrs ago

Fritz sur sa poignée de main glaciale avec Rinderknech : « Dès que j’ai vu ses décla­ra­tions, le match était terminé. Au filet, je lui ai dit : ‘Bon vol de retour’ »

3 hrs ago

Ça se complique pour le Qatar : qui pour remplacer le Kazakhstan ?

3 hrs ago

Jean-Luc Mélenchon estime qu'en cas d'absence de majorité, "la solution c'est qu'Emmanuel Macron s'en aille"

3 hrs ago

JO 2024 (basket): les Bleus écrasent la Turquie en préparation, Wembanyama déjà brillant

3 hrs ago

"Fière de ma double nationalité": Anne Hidalgo remet l’original de son certificat de nationalité française au musée de l’immigration

3 hrs ago

Au Portugal, l’exécutif veut réintroduire des cadeaux fiscaux aux étrangers

3 hrs ago

CAN 2025 : Le tirage au sort des éliminatoires place le Maroc dans le groupe B

3 hrs ago

Taxe sur les voitures électriques chinoises : VW dénonce les surtaxes « préjudiciables » de l’UE