Législatives : un ancien conseiller de Macron s’oppose à « la tentation périlleuse du ni RN ni LFI »
« Placer l’extrême droite et La France insoumise, qui n’est qu’une partie de la coalition du Nouveau Front populaire, sur un pied d’égalité, est dangereux », estime le cofondateur d'En Marche. Capture d'écran Youtube/Renaissance
Philippe Grangeon, ancien conseiller d’Emmanuel Macron et ancien patron d’En Marche, a alerté son camp vendredi contre « la tentation périlleuse du ni RN ni LFI », plaidant pour des « consignes claires » au soir du premier tour des législatives en faveur de tous « les candidats qui s’opposeront » au RN.
«Ã‚ Je veux alerter ma famille politique contre la tentation périlleuse du ni-ni (ni RN, ni LFI). Ce choix politique ambigu pourrait en effet, dans la dynamique actuelle, favoriser l’accession du Rassemblement national au pouvoir », écrit Philippe Grangeon dans une tribune adressée à l’AFP.
Pour ce cofondateur d’En Marche, issu de la social-démocratie, « placer l’extrême droite et La France insoumise, qui n’est qu’une partie de la coalition du Nouveau Front populaire, sur un pied d’égalité, est dangereux ».
Il argue qu’au-delà des Insoumis, dont il « ne partage en aucune façon les idées radicales, les dérapages antisémites de certains responsables et l’outrance permanente », l’alliance de gauche est également « composée de socialistes, d’écologistes et de communistes, dont la grande majorité des responsables politiques sont des femmes et des hommes respectables ».
« Des consignes claires »
Alors que le président de la République Emmanuel Macron n’a toujours pas publiquement tranché sur la position du camp présidentiel dimanche au soir du premier tour, mais qu’il semble se diriger vers un mot d’ordre « ni RN ni LFI », Philippe Grangeon plaide pour que « sans barguigner » la majorité donne « des consignes claires ».
À savoir que « dans les cas de figure où ses candidats ne seront pas qualifiés pour le second tour, ils devront appeler à voter pour les candidats qui s’opposeront au Rassemblement national. Lorsqu’ils figureront dans des triangulaires où leur maintien pourrait avoir pour conséquence de faire gagner le candidat de l’extrême droite, ils devront se retirer ».
Pour appuyer son propos, Philippe Grangeon, qui fut conseiller spécial d’Emmanuel Macron entre 2019 et 2020, appelle notamment à garder « en mémoire qu’à deux reprises, en 2017 et en 2022, l’ensemble des forces politiques républicaines a appelé à voter en faveur d’Emmanuel Macron ou à faire barrage à Marine Le Pen ». Surtout, Philippe Grangeon se projette sur la suite. En cas de majorité absolue pour le RN, « les forces politiques d’opposition devront alors dialoguer et s’entendre (…) ».
Et au cas où aucun des trois blocs n’ait cette majorité absolue, « il serait alors possible et souhaitable de former une coalition de femmes et d’hommes de bonne volonté pour gouverner le pays ». « Mais cette hypothèse repose sur une condition impérieuse : que la majorité présidentielle indique clairement à ses électeurs que l’adversaire politique principal au second tour est le Rassemblement national », insiste-t-il.
Un autre marcheur historique a rejoint vendredi la position de Philippe Grangeon : « je ne peux me satisfaire d’une réponse nuancée, le ni-ni, à une situation qui est sans nuance », a écrit le président du groupe SOS Jean-Marc Borello sur LinkedIn. Selon ce cadre du parti présidentiel proche d’Emmanuel Macron, « l’ennemi », « c’est l’extrême droite ». « Quoiqu’il nous en coûte, et quelle que soit l’alternative, votons contre l’extrême droite », a-t-il martelé.