« Si nous ne nous mobilisons pas comme jamais… » : en tête du 1er tour, François Hollande appelle à battre le RN
L'ancien président François Hollande, ici le 30 juin à Tulle, arrive en tête du premier tour des élections législatives dans la première circonscription de Corrèze (37 %), suivi par la candidate RN Maïtey Pouget (31 %). AFP/Pascal Lachenaud
Le scrutin avait démarré comme une blague. Devant l’isoloir, François Hollande se rend compte, paumes sur la poitrine, qu’il n’a pas ses papiers d’identité. Quelques heures plus tard, la journée prend fin dans la stupeur des yeux de Claudine, écharpe blanche autour du cou. « J’ai du mal à comprendre… » ressasse cette sympathisante socialiste de longue date.
L’ex-chef de l’État s’est bien qualifié pour le second tour des élections législatives, ce dimanche, dans la première circonscription de Corrèze. Mais il fait face à la percée spectaculaire du RN sur ces terres modérées, longtemps chiraquiennes, dont il a été député pendant près de 20 ans (1988-1993, puis 1997-2012). « Partout, ça ne fait que monter ! », se désole la retraitée.
L’ancien maître de l’Élysée arrive en tête du premier tour (37 %), suivi par la candidate RN Maïtey Pouget (31 %) et le député sortant Francis Dubois (30 %), ex-LR passé dans le parti d’Aurélien Pradié (Du courage !). Une triangulaire pourrait se profiler ce week-end, sauf désistement du candidat de droite. « Dans tous les cas, il reste favori », calcule un allié.
Personne n’avait vu venir la candidate RN
Dans la soirée, l’ancien président de la République a rejoint une grosse centaine de soutiens à Tulle, cette ville dont il a été maire pendant sept ans (2001-2008). Le ton grave, il a axé sa brève allocution sur le « risque » de voir l’extrême droite accéder au pouvoir. « Si nous ne sommes pas mobilisés comme jamais pour le second tour, cette menace peut se traduire en acte », prévient-il, appelant « tous les républicains » au rassemblement.
Derrière les hourras, l’auditoire reste interdit. Le RN a longtemps eu pour candidate un fantôme. Peu identifiée localement, largement battue en 2022, Maïtey Pouget s’est payé le luxe de snober le seul débat local organisé en trois semaines. Elle n’a rappelé son existence au monde qu’en toute fin de partie. « À cette heure-là, ils dorment », lâche-t-elle vendredi midi sur LCI à propos des migrants qui auraient « envahi » la ville de Brive-la-Gaillarde.
Bruno, 64 ans, fulmine. « Maintenant, il faut arrêter de dire que le Nouveau Front populaire, c’est l’extrême gauche ! », pose-t-il. Un peu plus tôt dans la journée, à la sortie de l’isoloir, Lucas, expert-comptable de 32 ans, grimaçait à l’évocation de cette alliance. « Les projets économiques des extrêmes font peur. On a l’impression que les candidats sont prêts à retourner leur veste pour le premier fauteuil venu… »
« Hollenchon » et l’ombre de la France insoumise
Les adversaires de François Hollande ont eux-mêmes pilonné la faiblesse bien identifiée de l’ex-patron du PS : le président (LR) du département, Pascal Coste, lui a trouvé le surnom de « Hollenchon ». Tant pis, si des décennies d’inimitié personnelle et de désaccords politiques séparent les deux hommes. Le candidat a tout tenté pour s’affranchir de ce vilain patronage. « Qu’il se taise », intime-t-il au patron des Insoumis, jugé trop prolixe en plateau.
Le « président normal » a par ailleurs rappelé avec constance sa stature. « La dissolution, c’est celle de son propre mandat », professe-t-il à l’égard d’Emmanuel Macron. Il n’a pas eu à forcer sa nature, en revanche, pour jouer la carte de la bonhomie et de la proximité. Une séquence a particulièrement ravi les réseaux sociaux : l’ancien chef d’État filmé en train de vider une bière, cul sec, dans l’ambiance gaillarde d’un club de rugby. Ce dimanche soir, l’heure n’était pas vraiment à trinquer. La fête attendra.