Législatives: que prédisent les derniers sondages à deux jours du scrutin ?

C'est la fin de trois folles semaines de campagne (dont deux officielles) après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, le 9 juin dernier. Dans moins de deux jours, les Français seront appelés aux urnes pour les législatives anticipées dans ce qui est déjà considéré comme l'un des scrutins dont les résultats sont parmi ceux des plus attendus de la Ve République. Que président les sondages dans cette dernière ligne droite ?

A deux jours du premier tour des élections législatives anticipées (les bureaux de vote ouvrent à 8h dimanche en métropole), et alors que la période de réserve électorale entre en vigueur ce samedi à minuit, tour d'horizon de ce que prédisent les sondages parus ces derniers jours.

Pas de changement dans l'ordre d'arrivée des trois grands blocs selon les différents instituts de sondage, le Rassemblement national vire inlassablement en tête suivi du Nouveau Front populaire, tandis que Ensemble pour la République (camp présidentiel) complète la dernière marche du podium.

Des panneaux d'affichage électoraux pour la campagne des législatives 2024 à Callac (Côtes-d'Armor)

Jusqu'à 37% des intentions de vote pour le RN

Le parti d'extrême droite emmené par Jordan Bardella affiche globalement 35% des intentions de vote, jusqu'à 37% selon le baromètre LegiTrack d'OpinionWay-Vae Solis réalisé pour Les Echos et Radio Classique, publié ce vendredi 28 juin.

Le NFP plafonne juste en-dessous des 30%

La coalition de gauche oscille juste en dessous la barre des 30%, entre 28 et 29% des intentions de vote bien qu'elle atteigne le cap dans celui de Cluster 17 pour Le Point, publié le 25 juin. Dans ce sondage, le RN est crédité de 34.5% des voix et le camp présidentiel 19.5%.

Le camp présidentiel à la peine

Justement le camp présidentiel, cantonné à la troisième place, est à retrouver 10 points derrière le Nouveau Front populaire. Ensemble pour la République, le nom de la coalition représentant les partis affiliés à la majorité présidentielle (Renaissance, Horizons, MoDem...), dépassent très difficilement la barre des 20%.

La majorité relative sortante, emmenée par le Premier ministre Gabriel Attal, est crédité de 21% des intentions de vote dans le sondage Ifop-Fudicial publié le 27 juin pour LCI, Le FIgaro et Sud Radio. Dans ce scénario, le RN est toujours très haut avec 36% et distance de 7.5 points et demi le Nouveau Front populaire et ses 28.5%.

Les Républicains devront éviter la catastrophe

Du côté des Républicains (hormis les candidats soutenus par Eric Ciotti, le président contesté du parti, et le Rassemblement national), le parti de droite ne dépasse jamais les 10%, oscillant plutôt entre 6 et 8% des intentions de vote. Déjà en difficulté depuis 2017 et l'accession au pouvoir d'Emmanuel Macron, considéré parfois comme marginalisé à l'instar du PS, le parti gaulliste devrait vraisemblablement signer son pire score jamais enregistré dans des élections législatives sous la Ve République.

Une forte participation attendue

Concernant la participation, la plupart des instituts de sondage la prédisent aux alentours de 65-66%, à l'instar de celle pour les élections législatives de 1997, provoquées également par la dissolution décidée par le président de la République Jacques Chirac et qui avaient conduit à la victoire de la gauche plurielle emmenée par Lionel Jospin.

Majorité absolue ou relative ?

Et quid de la majorité absolue ? Difficile d'y voir clair à l'issue du premier tour. Malgré tout, la tendance est à une victoire du RN. Jordan Bardella, a pourtant affirmé à plusieurs reprises qu'il n'accepterait Matignon en cas de majorité relative, estimant qu'il n'aurait pas assez de marge de manoeuvre pour gouverner.

"Une majorité de Français estiment que le RN va remporter les élections législatives (60%), même si une part importante (40%) considère qu’il n’aura qu’une majorité relative", peut-on lire dans le sondage Ipsos pour Le Monde, Radio France et France Télévisions.

Les triangulaires et consignes de vote changeront la donne

Il n'en reste que ces sondages sont à lire et analyser très précautionneusement. De nombreuses triangulaires sont attendues à l'issue du premier tour, dans lesquels des candidats des trois blocs seront qualifiés pour le deuxième tour.

C'est à ce moment-là que se décidera les consignes de vote et les désistements - ou non - en faveur d'un candidat mieux placé pour l'emporter. Le fameux "front républicain", popularisé à partir de 2002 à la suite de l'accession au second tour de Jean-Marie Le Pen à la présidentielle face à Jacques Chirac, a du plomb dans l'aile.

Le "front républicain" s'effrite plus que jamais

Du côté du camp présidentiel, une consigne devrait être donnée à l'issue du premier tour. Emmanuel Macron et plusieurs de ses ministres n'ont pas caché, depuis 2022, qu'ils considèreaient LFI comme étant désormais "hors du champ républicain", en les distinguant de ses alliés.

Dès lors, ils pourraient être amenés à appeler à voter pour des candidats PS-PCF-Les Verts mais s'orienteraient vraisemblablement vers un "ni-ni"- en cas de duel LFI-RN, notamment selon les informations du Parisien.

"Seuls 40 % des électeurs estiment que le candidat arrivé troisième devrait appliquer « un “désistement républicain” en faveur du candidat non-RN le mieux placé", rapporte Le Point dans son sondage établi par Cluster 17.

Du côté du NFP, plusieurs figures ont confirmé, en fonction des configurations spécifiques à chaque circonscription, qu'ils feraient barrage au RN, à l'instar de Sandrine Rousseau samedi dernier sur RMC qui a déclaré qu'elle "appelerait au désistement" dans son camp si besoin. Jean-Luc Mélenchon a appelé de son côté les électeurs à ne pas "faire la bêtise" de voter pour le RN.