Romain Bardet (DSM-firmenich), au départ de son dernier Tour de France : « Je n'ai plus l'envie ni les jambes pour être là sur trois semaines »
Romain Bardet, lors de la présentation des équipes à Florence, jeudi 27 juin. (E. Garnier/L'Équipe)
Le coureur auvergnat Romain Bardet, âgé de 33 ans, va prendre le 11e et dernier départ de sa carrière sur le Tour de France. Installé sur la terrasse de son hôtel ce vendredi matin, il est revenu sur cette Grand Boucle spéciale et les sentiments qu'il éprouve.
«Â Que ressentez-vous lorsque vous vous dites que c'est votre dernier départ sur un Tour de France ?
La pression, je n'en ressens paradoxalement aucune aujourd'hui. C'est le Tour de France que j'aborde le plus détendu. Je me sens bien. J'aborde tout ça d'une manière inédite, et on verra sur la route. En faisant un petit bilan de la situation à la veille du départ, je suis exactement là où je voulais être. Je n'améliorerais pas ma marque sur le Tour de France, mais c'est important pour moi, pour mon dernier Tour, de faire quelque chose de spécial.
Comment matérialisez-vous ce fait d'être plus détendu ?
C'est la première fois que j'aborde le Tour sans aucune ambition au général. Peut-être que dès samedi, sur la première étape (entre Florence et Rimini), je perdrais 20 minutes. Je n'ai plus l'envie ni les jambes pour être là sur trois semaines. Et j'aborde ça vraiment comme une succession de rendez-vous, il faudra être agile, prendre les bonnes décisions. L'objectif sera bien sûr de décrocher une étape (il en compte trois, en 2015, 2016 et 2017). Il faut surtout être acteur, sur les belles étapes de montagne. Je veux prendre du plaisir à l'avant de la course, avoir une vraie influence tout au long des trois semaines. Ne pas avoir cet objectif de constance, ne pas être toujours là à frotter, devoir chaque jour défendre la moindre seconde, c'est un gros poids en moins. Ça se ressent sur mon comportement extérieur.
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Allez-vous chercher des marques de reconnaissance de la part du public sur ce dernier Tour ?
J'ai toujours été très encouragé sur le bord des routes. C'est un de mes regrets de ne pas avoir pu davantage donner en retour. Depuis 2014, je n'ai jamais souffert d'un manque d'affection. C'est moi qui ai eu du mal à donner en retour, du temps et de la disponibilité. J'ai été brut, nature, parfois j'aurais pu en jouer davantage, mais ce n'est pas dans mon caractère. J'espère rester fidèle à ce que je suis. Je ne veux pas que ce soit une procession et une tournée d'adieu pendant trois semaines, ce n'est pas mon état d'esprit. Aujourd'hui, je me sens moi-même, je n'ai jamais joué un rôle.
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Que représente cette épreuve dans votre carrière ?
Comment ne pas regarder derrière soi et se dire que ça n'a pas été une formidable aventure ? Ça a fait décoller ma carrière. J'ai eu une trajectoire ascendante sur mes cinq six premières années. Même quand ça allait moins bien, j'ai toujours essayé de jouer un rôle. Si tout se passe bien cette année, je crois que j'aurais vraiment fait tout ce que j'ai pu sur la course. J'ai vu le Tour de France changer, ça devient de plus en plus difficile pour les jeunes d'y briller. J'ai eu la chance de passer dans le milieu des années 2010 quand c'était plus ouvert à ce que chacun puisse exprimer sa personnalité et réussir quand même. Il y a une forme de fatalisme, mais le Tour se nourrit de grands duels, pour le spectacle on peut s'en réjouir, mais la lutte pour les premières places est de plus en plus fermée entre les grosses armadas... Elles se partagent la course. »
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