Législatives : pour un député RN, la binationalité de Vallaud-Belkacem a posé un « problème de double loyauté »
Najat Vallaud-Belkacem a été ministre de l'Education nationale de 2014 à 2017. LP / Fred Dugit
Pour le député sortant RN Roger Chudeau, la nomination de l’ancienne ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem (2014-2017), fut « une erreur ». La raison ? Sa double nationalité qui aurait posé selon lui un « problème de double loyauté ».
Interrogé jeudi sur BFMTV sur les emplois que le Rassemblement national interdirait aux citoyens titulaires d’une double nationalité en cas d’accession au pouvoir, Roger Chudeau a évoqué les emplois ministériels, en citant un « exemple précis » : « Najat Vallaud-Belkacem, franco-marocaine, qu’a-t-elle fait ? Elle a détruit le collège public et surtout elle a voulu instituer au CP des cours d’arabe », a-t-il lancé.
«Ã‚ Elle disait elle-même qu’elle était une sorte de passerelle, de pont, entre le Maroc et la France. Elle le revendiquait comme une qualité », a-t-il ajouté, évoquant plus généralement « un problème de double loyauté àun moment donné ». Cette nomination n’était « pas une bonne chose pour la République », a-t-il insisté car, selon lui, « les postes ministériels doivent être détenus par des franco-français, point final ».
« Un avis strictement personnel »
Le RN, donné favori des élections législatives de dimanche, a fait part en début de semaine de son souhait d’« empêcher » les personnes avec une double nationalité d’occuper « des emplois extrêmement sensibles » dont la liste sera définie « par décret ».
Le patron du RN Jordan Bardella a pris l’exemple d’un patron de centrale nucléaire et le député Sébastien Chenu a évoqué des secteurs « notamment liés à la sécurité et à la défense ».
«Ã‚ Ce qui s’applique àun haut fonctionnaire doit s’appliquer évidemment àun ministre, c’est assez logique », a estimé Roger Chudeau jeudi. Le député a ensuite fait savoir sur X que sa position sur Najat Vallaud-Belkacem était « un avis strictement personnel, et n’engage nullement le RN ».
Cette sortie a suscité plusieurs réactions indignées, notamment dans son propre camp. « Je suis estomaquée que notre collègue puisse exprimer un avis qui lui est personnel mais qui est totalement contraire au projet du Rassemblement national », a réagi Marine Le Pen vendredi matin sur Europe 1/CNews, ajoutant que le président du parti a lui aussi été « mécontent ». Jordan Bardella « ne laissera pas les choses en l’état », a déclaré Marine Le Pen. La mesure envisagée par le RN « concerne quelques postes, extrêmement sensibles dans le renseignement », a-t-elle tenu à préciser.
Racisme décomplexé
Les propos de Roger Chudeau ont également fait réagir au-delà de son parti. Le député PS Boris Vallaud, époux de Najat Vallaud-Belkacem, a évoqué un « grossier mensonge. Grossier menteur ». « Elle est le meilleur de la République et vous en êtes la honte », a-t-il poursuivi.
Najat Vallaud-Belkacem a de son côté interpellé Emmanuel Macron sur la même plateforme : « Cautionnez-vous cela ? Sinon, vous savez ce qu’il vous reste à faire : vous engager, à chaque fois que vous arriverez troisième, à vous désister en faveur du candidat qui respecte les valeurs de la République. »
Quant à la patronne des députés écologistes Cyrielle Chatelain, elle a épinglé sur X « toute la logique excluante et raciste du RN » qui « bafoue l’égalité » en « différenciant les Français entre eux en fonction de leur origine, de leur lieu de naissance ».
La présidente sortante de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet a pour sa part estimé sur X également que « le vrai visage du RN est toujours là : un racisme décomplexé, un tri entre les Français ».