Roger Chudeau (RN) fait polémique sur les binationaux: "Infamant et ridicule" pour Emmanuel Macron
Les réactions à gauche et dans le camp présidentiel se sont enchaînées après les propos tenus par le député sortant RN Roger Chudeau à propos des binationaux, sur BFMTV, jeudi soir.
Nouvelle sortie de route au Rassemblement national, à deux jours des élections législatives. C'est la proposition qui empoisonne cette dernière semaine de campagne pour le parti d'extrême droite: le fait d'interdire à des binationaux l'accès à certains emplois sensibles.
Une mesure qui pourrait concerner jusqu'à 3 millions de Français qui ont aussi une autre nationalité. Depuis le début de la semaine, les représentants du RN essaient de minimiser la portée de cette mesure jugée par leurs opposants comme discriminatoire et créant des "Français de seconde catégorie".
Le député RN Roger Chudeau, à l'Assemblée nationale le 3 octobre 2023
Jeudi soir, sur le plateau de BFMTV, Roger Chudeau, député sortant du RN, a relancé la polémique, en assumant vouloir aussi interdire les postes de ministres à tous les binationaux, en plus de l'accès à certains emplois publics.
"Je pense que les postes ministériels devraient être détenus par des Franco-français. Il y a un problème de double loyauté à un moment donné".
Pourtant, encore jeudi matin, les dirigeants RN assuraient que ça ne concernait qu'une cinquantaine de postes. Mais l'intervention de Roger Chudeau, né à Berlin (Allemagne), vient jeter le doute sur les réelles intentions de son parti.
Indignation à gauche et dans le camp présidentiel
Pendant de longue minutes, le député sortant va même plus loin et cite l'exemple notamment de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale lors de la présidence de François Hollande: "Comme elle est Franco-Marocaine, elle a marqué un intérêt soutenu pour l'enseignement arabe dans notre pays et ce n'était pas forcément utile à ce moment-là".
La réaction de la principale concernée n'a pas tardé. Sur X, Najat Vallaud-Belkacem a interpellé le président de la République: "Question simple à l'adresse des candidats Renaissance: Emmanuel Macron cautionnez-vous cela?"
Indignation immédiate et unanime à gauche. Des propos "infâmes" pour Carole Delga, présidente de la région Occitanie. Clémence Guetté, député LFI, a, elle, qualifié le RN de "parti de la honte".
Jeudi soir, à plus de minuit, depuis Bruxelles, Emmanuel Macron a également réagi, jugeant ces propos "infamants et ridicules". "Pouvoir dire cela aujourd'hui, c'est une dissolution des esprits et des consciences. Je ne m'y résoudrais jamais quoi qu'il arrive", a-t-il commenté.
"Ce qui se joue dans la parole désinhibée qu'on a ces derniers jours, le racisme désinhibé, dit quelque chose d'une trahison profonde de ce qu'est notre République et ses valeurs", a ajouté le président français.
Sans se dédire, l'ex-député RN a finalement reconnu qu'il s'agissait d'une position personnelle. Roger Chudeau a écrit sur X: "La position que j’ai exprimée au sujet de Mme Vallaud-Belkacem sur BFMTV est un avis strictement personnel et n’engage nullement le RN." Déjà lundi en conférence de presse, agacé par le sujet, Jordan Bardella réclamait à ne pas passer toute la campagne sur cette mesure.