France : les émissions de gaz à effet de serre en nette baisse de 5,3 % au 1er trimestre
Le gouvernement mise notamment sur le nucléaire pour décarboner sa production d’énergie.
Les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de 5,3 % en France au premier trimestre, signe d’une « dynamique » de réduction, a déclaré ce mercredi le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu.
La France a poursuivi sa trajectoire de baisse des émissions de gaz à effet de serre au premier trimestre 2024, avec un recul de 5,3 %, une « dynamique » dont se félicite le gouvernement, qui tarde à publier sa feuille de route pour les années à venir.
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Progrès dans les transports
«Â Ça montre qu’il y a une dynamique qui est enclenchée », s’est félicité le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu sur France Bleu, en dévoilant les chiffres.
Sur l’ensemble de 2023, les gaz à effet de serre émis par l’activité humaine s’étaient déjà repliés de 5,8 % en France, avec au total l’équivalent de 373 millions de tonnes de dioxyde de carbone (Mt CO2e) rejetés dans l’atmosphère, avait annoncé fin mai le Citepa, l’organisme en charge de dresser le bilan carbone de la France. L’organisme n’a pas encore publié officiellement ses chiffres pour le premier trimestre 2024.
«Â Le deuxième élément positif dans tout ça, c’est que tous les secteurs baissent : l’énergie grâce à l’augmentation de la production de l’hydroélectricité et grâce au nucléaire, mais également les transports qui étaient le domaine dans lequel on avait le plus de mal », a ajouté M. Béchu.
«Â C’est la preuve qu’une partie des mesures qu’on a prises fonctionne », a souligné le ministre à quelques jours du premier tour des élections législatives.
Selon un communiqué du ministère de la Transition écologique, sur les mois de janvier, février et mars 2024, la France a émis au total 101 millions de tonnes d’équivalent CO2 (Mt CO2e).
Ces chiffres provisoires ne sont que des émissions brutes, ne prenant pas en compte l’absorption de CO2 par les forêts et les sols, principaux puits de carbone dont la qualité se détériore en raison des effets déjà visibles du réchauffement de la planète et des activités humaines. Par ailleurs, les émissions comptabilisées incluent les activités sur le territoire mais pas celles liées aux importations.
L’aérien en baisse
Dans le détail par secteurs, c’est l’énergie qui participe le plus à la décarbonation, « avec un recul des émissions de 16,8 %, soit -2 Mt CO2e, en raison de l’accélération de la production d’électricité décarbonée », selon le ministère.
Les bâtiments (-7,1 %) et l’industrie (-5,6 %) s’inscrivent également en recul, portés d’une part par la baisse des émissions du chauffage (-7,8 %) en raison « d’un trimestre au global plus doux que l’an passé et de la poursuite des comportements de sobriété », et d’autre part par les efforts de secteurs comme l’agroalimentaire (-9,3 %) ou la construction (-7,6 %).
Les transports, premier secteur émetteur, restent sur une baisse moindre (-3 %) mais conforme à celle déjà observée l’an dernier, « avec à la fois une diminution pour le transport routier (-3,1 %) portée par la baisse observée des émissions associées aux véhicules diesel et le transport aérien français (-2,8 %) ».
L’agriculture n’est pas mentionnée.
Incertitudes
Beaucoup d’ONG environnementales pointent toutefois depuis des mois du doigt le fait que ces reculs pourraient n’être que conjoncturels, dus notamment à des hivers plus doux et au ralentissement économique.
Le Haut conseil pour le climat (HCC) a cependant estimé que jusqu’à deux tiers de la baisse des émissions de l’an dernier pouvaient être attribués à la politique publique climatique.
La France, qui doit s’aligner sur l’objectif européen de -55 % d’émissions d’ici 2030 par rapport à 1990 et qui ambitionne la neutralité carbone à l’horizon 2050, avait déjà échoué à respecter son premier budget carbone (2015-2018) et avait revu ses ambitions à la baisse en 2019.
Le bilan de la 2e Stratégie nationale bas carbone (SNBC) devrait être dressé en 2025 sur la base des données d’inventaires actualisées. Mais selon le ministère, d’après les données provisoires pour 2023, le « budget carbone […] pour la période 2019-2023 en brut (420 Mt CO2eq/an en moyenne) devrait être respecté avec une marge de 100 Mt CO2eq ».
En net, c’est-à-dire en prenant en compte la contribution des puits de carbone, les objectifs pourraient toutefois être plus difficiles à atteindre. Fin mai, le Citepa avait annoncé que les émissions nettes de la France pour 2019-2023 dépassaient de 1,4 Mt (0,4 %) le budget carbone, en raison d’une absorption trop faible de CO2 par les forêts et les sols.
La 3e version de la SNBC, annoncée il y a quelques mois comme « imminente » par le gouvernement, se fait toujours attendre, suspendue aux résultats des élections législatives.