Guerre en Ukraine: à Kramatosk, la vie à 20 kilomètres du front
Un couple se déplace dans les rues d'un quartier résidentiel de Kramatorsk, le 13 juin 2024.
La Russie intensifie ses attaques sur le front pour « maximiser l'épuisement des troupes » ukrainiennes, avant l'arrivée de l'aide militaire occidentale, notamment des avions de chasse F-16 : c’est ce qu’estime le chef de l'armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky. La Russie a déclenché, le mois dernier, une offensive dans la région de Kharkiv, s'emparant de plusieurs localités avant d'être freinées par des renforts ukrainiens. Dans la région voisine de Donetsk, les forces russes maintiennent la pression, en particulier autour de Tchassiv Yar, ville stratégique dont la chute pourrait conduire à une poussée vers la grande cité de Kramatorsk, dernière grande ville du Donbass contrôlée par l’Ukraine.
Avec nos envoyés spéciaux à Kramatorsk, Anastasia Becchio et Boris Vichith
C’est l’heure de l’office à l’Église pentecôtiste l’Arche du salut. Evgueni Povenko, deuxième pasteur, vient de raccompagner des déplacés de villages sous le feu russe, qui prendront le train pour Kiev.
«Ã‚ Il y a environ deux mois, la ville d’Avdiivka a été prise. Après cela, le front s'est sensiblement rapproché de nous », dit le religieux. « Si je réfléchis de façon rationnelle, je comprends que nous sommes en danger, mais je ne le ressens pas, parce que nous vivons bien. Mais c’est vrai que le front se trouve désormais à 24 km. On voit que ce front avance très, très, lentement et sans percée majeure. C'est un peu réconfortant. »
À lire aussiGuerre en Ukraine: dans la région de Kramatorsk, l'armée russe maintient la pression
« Je n'arrive pas encore à m'adapter »
Devant l’entrée de l’église, des enfants sautent sur un trampoline, ignorant les alertes aériennes qui se déclenchent plusieurs fois par jour. Dans un parc du centre-ville, Svitlana se promène. Cette retraitée, réfugiée en Allemagne dans les premiers mois de la guerre, vient de rentrer, mais elle a bien du mal à retrouver ses marques.
«Ã‚ Je n’arrive pas encore à m’adapter. Je n’arrête pas de me dire : une bombe va tomber et ce sera fini », explique Svitlana. « Le front est vraiment très proche. Et puis, je ne suis pas sûre que tout pourra un jour redevenir comme avant. Or, je voudrais tant que mes enfants et petits enfants aient un avenir. »
Venue soutenir son petit-fils resté à Kramatorsk, Svitlana n’exclut pas de repartir en Allemagne, où sa fille est restée, peut-être pour toujours.
À lire aussiFrappes croisées de drones et de missiles en Ukraine et en Russie