REPORTAGE. À Marseille, ce sous-marin civil imaginé par Cousteau est le plus grand au monde
Le Saga est, avec ses 28 m de long, le plus grand sous-marin civil au monde.
Imaginé par le commandant Cousteau, le Saga mesure 28 mètres. Conçu comme « une maison sous la mer », il est le plus grand sous-marin civil du monde. Il se visite à Marseille. Reportage.
Imaginé en 1966 par le commandant Cousteau, le Saga est, avec ses 28 m de long, le plus grand sous-marin civil au monde. Il se visite dans le hangar, qui a servi à sa construction, à Marseille. On entre dans le sous-marin par une « capsule ». Des banquettes y ont été installées, et ce, pour une raison. « La capsule est largable en cas de pépins », indique Philippe Murat, un des guides, avant d’emprunter un passage qui mène au cœur du sous-marin. Le poste de navigation. Là, un HP1000, occupant un pan de mur, centralise tous les points de contrôle. « Le pilotage a été autonomisé le plus possible pour qu’une seule personne puisse s’en charger », reprend le bénévole.
«Ã‚ Une maison sous la mer, autonome et propulsée »
À l’avant du sous-marin, un espace sanitaire avec des WC, une douche ont été aménagés. Ils jouxtent un espace cuisine où l’équipage, les plongeurs pouvaient se retrouver. Une pièce accueille également six couchettes. Une véritable maison sous l’eau, autonome et propulsée. L’idée du commandant Cousteau, en 1966, c’était « de construire une maison sous la mer, autonome et propulsée. Les missions pouvaient durer dix à vingt jours », expose Marius Orsini, guide et ancien ingénieur ayant participé à sa fabrication. En bas, un espace est réservé à un pilote. Allongé, il devait réaliser l’approche finale, installer les pieds du sous-marin.
La visite continue à l’arrière du Saga, où se trouve un « caisson hyperbare ». Dedans, des couchettes pouvaient accueillir six plongeurs, dans des conditions atmosphériques similaires à celle des profondeurs dans laquelle ils allaient intervenir. Des plongées jusqu’à 600 m de profondeur. « Le Saga peut délivrer des plongeurs jusqu’à 450 m de profondeur. Il pouvait atteindre, lui-même, les 600 mètres », ajoute Marius Orsini en soufflant que « le sous-marin est sorti seulement dix-huit fois en mer. Il devait servir à travailler sur les installations pétrolières. Cousteau, son but, c’était le cinéma, mais il fallait de l’argent. »
Une association à pérenniser
À côté du caisson hyperbare, le sas plongeur permet de sortir du sous-marin et de continuer la découverte avec deux nouveautés : le visionnage d’une visite en réalité virtuelle et un film sur l’histoire du Saga. Cette dernière ne manque pas de rebondissements. Si le commandant Cousteau est bien à l’origine du Saga, le manque d’argent l’oblige à abandonner le projet en 1970. La coque, les moteurs, les équipements restent à l’Estaque, dans un hangar construit par son fils. Tout est racheté par Henri Delauze, le fondateur de la société Comex, en 1980. Les recherches s’arrêtent finalement en 1990. « Avec le choc pétrolier, les compagnies pétrolières n’y voyaient plus d’avenir », souffle Marius Orsini. Finalement, le sous-marin, devenu propriété de la ville de Marseille, dort jusqu’en 2014. Année durant laquelle un équipage d’anciens camarades de Cousteau, de la Comex, décide de s’en occuper. Depuis, les compagnons du Saga cherchent à faire connaître le sous-marin. Le récent classement du bâtiment en établissement recevant du public (ERP), « va nous permettre de recevoir jusqu’à cinquante visiteurs », confie Michel Bourhis, président de l’association. Il avance que ce qui le préoccupe, c’est « la transmission. On voudrait recruter des adhérents pour maintenir l’association. » Une question d’autant plus d’actualité que « la pérennité de l’association n’est pas assurée. Les services juridiques de la ville considèrent que cette association est une prestataire. On m’interdit de la subventionner. Je vais voir si l’avis juridique est bien étayé », confie Hervé Menchon, adjoint au maire de la ville de Marseille, en charge de la mer.
Le poste de navigation où un HP1000 centralise tous les points de contrôle.