Le sommet pour la paix en Ukraine réaffirme l'intégrité du pays mais appelle à associer la Russie
Le ministre suisse des Affaires étrangères Ignazio Cassis, la ministre suisse de la Défense Viola Amherd, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le chef du bureau présidentiel de l'Ukraine Andriy Yermak assistent à la session plénière lors du sommet pour la paix en Ukraine organisé en Suisse, à Bürgenstock, le 16 juin 2024.
Un appel à la participation et au dialogue "entre toutes les parties" a marqué le premier sommet international pour la paix en Ukraine, qui s'est tenu ce week-end à Genève en l'absence de la Russie. Forte du soutien de la très grande majorité des participants, la déclaration finale réaffirme également "les principes de souveraineté, d'indépendance et d'intégrité territoriale de tous les États, y compris l'Ukraine".
Un message fort. La vaste majorité des pays réunis au premier sommet sur la paix en Ukraine ont réitéré leur soutien à l'indépendance et la souveraineté territoriale de l'Ukraine tout en reconnaissant que la Russie devra être partie prenante des discussions pour arriver "à une paix durable et juste".
Plus de deux ans après l'invasion russe, la très grande majorité de la centaine de participants rassemblés depuis samedi dans un complexe hôtelier au centre de la Suisse est parvenue à s'entendre sur un communiqué final dessinant des pistes pour mettre fin au plus grand conflit européen depuis la Seconde Guerre mondiale.
Mais la question de "comment et quand impliquer la Russie" reste ouverte, a reconnu la présidente de la Confédération helvétique et hôte du sommet, Viola Amherd.
De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé que la Russie et ses dirigeants "ne sont pas prêts à une paix juste". "Nous devons faire notre travail, ne pensons pas à la Russie, faisons ce que nous devons faire", a dit le président.
Selon un décompte diffusé sur un écran officiel en salle de presse, environ 80 pays soutiennent la déclaration finale. Le Brésil, l'Inde, l'Arabie saoudite notamment en faisaient pas partie en début d'après-midi.
Le texte réaffirme "les principes de souveraineté, d'indépendance et d'intégrité territoriale de tous les États, y compris l'Ukraine". Il dénonce "la militarisation de la sécurité alimentaire" et appelle au retour des enfants ukrainiens déportés par la Russie.
Il appelle aussi "à impliquer toutes les parties" au conflit pour faire cesser les hostilités, alors que la Russie et son allié chinois ont snobé ce premier sommet.
À lire aussiGuerre en Ukraine : que peut-on attendre du sommet pour la paix en Suisse ?
Pas un "ultimatum"
Samedi, le président ukrainien a exprimé l'espoir de fédérer la communauté internationale autour d'une proposition de paix qu'il pourrait éventuellement présenter à Moscou.
"Nous devons décider ensemble de ce que signifie une paix juste pour le monde et de la manière dont elle peut être réalisée de manière durable", a-t-il déclaré samedi.
Le sommet se tient alors que l'Ukraine est en difficulté sur le plan militaire. L'appel à la reddition lancé la veille du sommet par le président Vladimir Poutine a toutefois été rejeté sèchement par une majorité des participants.
À lire aussiLa capitulation de l'Ukraine réclamée par Poutine, Zelensky dénonce un ultimatum à la "Hitler"
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a estimé dimanche que l'Ukraine devrait "réfléchir" à la proposition du président russe, assurant qu'il ne s'agissait pas d'un "ultimatum" mais "d'une initiative de paix qui tient compte des réalités du terrain".
Les discussions en Suisse se basent sur les points du plan de paix de Volodymyr Zelensky présenté fin 2022 qui font consensus et sur les résolutions de l'ONU.
Le succès diplomatique du sommet vient s'ajouter notamment au déblocage de l'aide militaire américaine, après des mois de tergiversation et d'un prêt de 50 milliards de dollars garanti par les avoirs russes gelés.
Faire revenir les enfants "déportés"
Dimanche, les délégations se sont divisées en trois groupes de travail sur des sujets pressants : la sécurité nucléaire, la sécurité alimentaire mondiale notamment en assurant la liberté de navigation en mer Noire.
Le communiqué final exige la libération "par échange complet" des prisonniers de guerre mais aussi "de tous les enfants ukrainiens déportés et illégalement déplacés".
"Nous avons vu environ 20 000 enfants ukrainiens enlevés à leur famille, à leur communauté et à leur pays. C'est terrifiant de dire cela, et comment le monde peut-il tourner le dos ?", s'est indigné le Premier ministre irlandais Simon Harris.
À lire aussiVolodymyr Zelensky salue le retour de 16 enfants ukrainiens après un accord avec Moscou
Le texte réclame aussi que tous les civils ukrainiens illégalement détenus soient être "rendus à l'Ukraine".
La sécurité alimentaire
Les discussions sur la sécurité alimentaire ont porté sur la crise de la production et des exportations agricoles, qui a créé un choc alimentaire et inflationniste au début de la guerre, l'Ukraine étant l'un des greniers à céréales du monde.
Le communiqué final souligne que "la sécurité alimentaire ne doit être en aucune manière être militarisée" et qu'il faut garantir la liberté de navigation sur la mer Noire et la mer d'Azov.
Les discussions portaient non seulement sur les destructions de terres fertiles, mais également sur les risques posés par les mines et les munitions non explosées.
"Trouver une solution politique en Ukraine reste crucial pour stabiliser les prix alimentaires sur le marché mondial", a souligné la Suisse.
Avec AFP