Face à l’extrême droite, nous avons besoin de député⋅es exemplaires, pas d’Adrien Quatennens
Adrien Quatennens, à Paris le 30 avril 2024.
Le 13 décembre 2022, le député de la 1re circonscription du Nord, Adrien Quatennens, est condamné à quatre mois de prison avec sursis pour violences conjugales. Dans la période qui a précédé et suivi sa condamnation, il a saturé l’espace médiatique des éléments de langage habituels qu’assènent les hommes violents : il a minimisé son comportement allant jusqu’à déclarer «Je ne suis pas un agresseur, je ne suis pas un homme violent», s’est ému d’un complot politique jamais démontré, s’est posé en victime d’un «lynchage médiatique», a raillé le travail de celles et ceux qui combattent les violences et selon lui «se trompent de cible».
Il a ensuite forcé son retour au sein du groupe LFI, malgré la désapprobation d’une partie de son groupe parlementaire et des partenaires de la gauche. Alors que des élections législatives anticipées vont se tenir dans un climat de tension face à l’extrême droite, il tente un nouveau tour de force : briguer l’investiture du Front populaire. LFI fait finalement le choix hypocrite de lui laisser le champ libre, sans la bannière du Front populaire mais sans présenter candidat d’union face à lui. Il faut arrêter de forcer. Juridiquement, Adrien Quatennens n’a pas purgé sa peine. Elle ne sera considérée comme exécutée («réputée non avenue») qu’en 2027 et il ne sera réhabilité légalement qu’en 2032.
Maintien acharné
Pourtant, dans l’Opinion datée de jeudi, on découvre une sorte de pétition de soutien anonyme prétendument rédigée par des femmes et féministes. On y lit que le député sortant mérite d’être soutenu car «s’il n’avait pas reconnu son geste [la gifle envers son épouse], il n’aurait pas été condamné». Qui sont ces féministes qui remercient un homme violent de ne pas mentir face à la justice ? Le texte souhaite encourager les auteurs de violences «dans la voie de la réparation de leurs actes». La meilleure réparation qu’Adrien Quatennens puisse offrir à la société, pour montrer qu’il a compris la gravité de ses actes, c’est aujourd’hui de tirer sa révérence et de laisser place à une candidature féministe.
Son maintien acharné n’apporte rien, pire, il risque de mettre en péril un accord des forces de gauche à un moment crucial de notre histoire. Personne n’est irremplaçable, pas même Adrien Quatennens.
Pour signer la pétition : Face à l’extrême droite, nous devons présenter le visage de l’espoir pour toutes les femmes
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