Le Conseil d’État confirme l’expulsion d’un imam de Toulouse pour des propos haineux envers les juifs
Le recours de l'avocat de l'imam de Toulouse a été rejeté par le tribunal administratif de Paris, décision confirmée jeudi 23 mai par le Conseil d’Etat. AFP/Bertrand Guay
Le Conseil d’Etat a confirmé ce jeudi le rejet par la justice administrative du recours en urgence déposé par un imam de Toulouse contre son expulsion en avril pour des propos haineux envers les juifs, selon une décision consultée par l’AFP.
Condamné en 2022 à quatre mois d’emprisonnement avec sursis pour avoir tenu lesdits propos lors d’un prêche, l’imam de la Grande mosquée de Toulouse, Mohamed Tataïat, a été arrêté à son domicile le 19 avril, sur autorisation du juge des libertés et de la détention, puis expulsé.
« Fermeté » et « efficacité »
Ses avocats ont alors déposé un recours devant le juge des référés, dénonçant une expulsion expéditive et ne tenant pas compte de son comportement exemplaire depuis le prêche décrié, prononcé en 2017. Ce recours a toutefois été rejeté par le tribunal administratif de Paris, décision confirmée jeudi par le Conseil d’Etat.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui avait signé l’arrêté d’expulsion, a pris note de la décision du Conseil d’Etat sur X (ex-Twitter), en se félicitant de la « fermeté » et de l’ « efficacité de la loi immigration ».
Nouveau recours sur le fond
Vincent Brengarth, l’avocat de Mohamed Tataïat, a annoncé à l’AFP son intention de déposer un nouveau recours, sur le fond cette fois, et assuré que son client avait « poursuivi sans le moindre incident ses prêches depuis 2017″ et « qu’aucune menace à l’ordre public n’(avait) été démontrée par l’administration ».
Dans son ordonnance fin avril, le tribunal estimait que les propos de Mohamed Tataïat « constituent une provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine et à la violence contre un groupe de personnes - en l’espèce, les Juifs -, et revêtent une résonance et une gravité particulière depuis l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas à l’encontre d’Israël ».
Arrivé en France en 1985, Mohamed Tataïat avait rejoint Toulouse deux ans plus tard pour exercer à la mosquée du quartier Empalot. Ce signalement visait une vidéo de décembre 2017 dans laquelle on voit l’imam de Toulouse prêcher en langue arabe et tenir des propos soupçonnés d’être antisémites. Selon le texte sous-titré en anglais, Mohamed Tataï déclare notamment : « (Le prophète Muhammad) nous a parlé de la bataille finale et décisive : le jugement dernier ne viendra pas jusqu’à ce que les Musulmans combattent les Juifs ». Après l’émoi provoqué par la diffusion de cette vidéo, l’imam avait invoqué une « traduction pas fidèle » qui « n’est pas le vrai sens du hadith » (texte religieux) qu’il cite dans la vidéo.